Maladie chronique de plus en plus répandue affectant 334 millions de personnes dans le monde et dont on ne guérit pas, l’asthme peut être grave voire mortel lorsque les symptômes ne sont pas ou mal traités, soulignent les experts à la veille de la journée mondiale de l’asthme.

Inflammation chronique des bronches, il se manifeste par des crises sous forme de sifflements et de gênes respiratoires. Il touche toutes les tranches d’âge mais débute souvent pendant l’enfance. La pollution est en outre considérée comme un facteur aggravant pour les asthmatiques les plus atteints.

C’est « la maladie chronique la plus courante chez l’enfant », souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS), observant qu’elle « sévit dans tous les pays ».

Le réseau mondial de l’asthme (Global asthma network, GAN) estime que 334 millions de personnes en souffrent contre 235 millions recensés en 2002-2003 par l’OMS.

Ce nombre, en constante augmentation, est sans doute sous-estimé en raison d’un recensement difficile, selon le GAN.

L’Europe compte à elle seule 30 millions d’asthmatiques dont quatre en France, et 15.000 personnes y meurent chaque année lors d’une crise (1.500 en France), déplore de son côté la Fédération européenne de l’allergie et des associations de patients de maladies respiratoires (EFA).

« Avec un traitement adéquat et une adhésion (au traitement), les symptômes pourraient être bien mieux maîtrisés et le nombre de crises d’asthme et de décès réduits », estime pourtant cette fédération représentant 38 associations de 24 pays européens.

« Entre 20 et 70% des patients ne prennent pas leur traitement ou de façon inadéquate » en France, une caractéristique que l’on retrouve dans de nombreux pays, poursuit le professeur Pascal Chanez, chercheur à l’Université Aix–Marseille dans le sud de la France.

« Il faut trouver des relais, des médiateurs pour que les patients puissent être mieux informés et mieux comprendre la nécessité de prendre ces traitements régulièrement », dit-il.

De son côté, Dan Murphy, l’un des responsables de l’EFA, exhorte « les législateurs, les professionnels de santé, les industriels à prendre des mesures concrètes pour aider les adolescents à mieux connaître leur maladie et la maîtriser » à l’âge adulte.

Dans les cas les plus sévères, le traitement est particulièrement contraignant: « un à deux inhalateurs par jour combinés à des comprimés voire des injections », détaille le Pr Chanez. Ces traitements à base de corticoïdes ne traitent que les symptômes.

Le spécialiste appelle à « un effort de recherche » pour une affection invalidante et coûteuse.

– génétique et environnement en cause –

Aux Etats-Unis, le coût total (coûts directs et indirects) de l’asthme s’élevait à 56 milliards de dollars en 2007. En Europe, le coût était estimé à 19,3 milliards d’euros pour les 15-64 ans, selon des études citées par le réseau mondial d’asthme.

La survenue d’un asthme résulte de l’association d’une prédisposition génétique et de facteurs environnementaux tels que les allergènes présents dans les habitations (acariens, moisissures, squames), extérieurs (pollens et moisissures), fumée du tabac, produits chimiques irritants, pollution de l’air surtout les particules fines.

« Une rhinite allergique pendant l’enfance, une conjonctivite allergique, la prématurité ou un faible poids de naissance, des bronchiolites à répétition pendant l’enfance sont des facteurs prédisposants », explique l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Outre le traitement de fond, la seule façon de prévenir les crises est d’éliminer les facteurs déclenchants: ne pas fumer, ventiler son appartement en ouvrant les fenêtres pendant un quart d’heure par jour, utiliser des couettes ou des oreillers en matières synthétiques, mettre des housses antiacariens, laver régulièrement les peluches, privilégier le sommier à lattes et se débarrasser de la moquette.

Sur le front de la recherche, les scientifiques s’efforcent de trouver des traitements pour les patients dont l’inflammation des bronches est telle que les corticoïdes sont insuffisants.

Ils ont ainsi récemment mis au point de nouvelles molécules, notamment des anticorps « anti-IgE », capables de « désensibiliser » c’est-à-dire de neutraliser la réaction qui se produit chez les asthmatiques allergiques.

Parmi les autres pistes figure le développement d’un vaccin contre l’asthme sur lequel travaillent des chercheurs de l’Inserm et du CNRS (Centre national de la recherche scientifique).

 

 

AFP

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