Malgré une réduction de 90% du nombre de cas de choléra depuis 2011 en Haïti, le Représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) dans le pays, Marc Vincent, a averti que seuls un engagement fort de la communauté internationale et des ressources supplémentaires permettront de venir à bout de l’épidémie.
« Les enfants sont très vulnérables en Haïti, non seulement au choléra, mais aussi à toutes les maladies hydriques », a déclaré le Représentant de l’UNICEF en Haïti dans un entretien avec la Radio des Nations Unies, précisant que les maladies hydriques sont la deuxième cause de mortalité des enfants âgés de moins de cinq ans en Haïti.
Depuis le début de l’épidémie de choléra dans le pays, fin 2010, plus de 750 enfants sont morts du choléra en Haïti et l’UNICEF estime que plus de 100.000 cas suspects concernaient des enfants de moins de cinq ans.
« La principale préoccupation de l’UNICEF dans le pays a été de réduire ce nombre de décès car le choléra fait partie des maladies évitables », a précisé M. Vincent.
Un fort impact de l’épidémie chez les enfants
« Quand une famille est touchée par le choléra, l’absence d’un parent, d’une mère, d’un père, entrave la capacité de la famille à survivre et à travailler », a indiqué le Représentant de l’UNICEF, ajoutant que l’impact psychosocial pour l’enfant lié à la perte d’un parent est également « irrévocable ».
- Vincent a par ailleurs signalé les conséquences significatives de l’épidémie sur la scolarité. « Si vous additionnez l’ensemble des enfants victimes du choléra, ils ont perdu à peu près 30.000 jours d’école », a-t-il dit.
Il a également mentionné les difficultés particulières auxquelles font face les enfants qui se trouvent dans des zones rurales reculées, qui bénéficient d’un accès plus limité au système de santé et aux soins médicaux, par rapport aux zones urbaines.
« C’est un impact énorme sur les enfants ; nous avons fait beaucoup de progrès mais il nous reste encore beaucoup de travail à faire », a dit le Représentant de l’UNICEF.
L’appui de l’ONU à la ‘réponse rapide’ du gouvernement haïtien
M.Vincent a précisé que l’UNICEF travaille avec ses partenaires, y compris l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), pour augmenter la capacité du système de santé haïtien à long terme, mais aussi pour améliorer l’accès immédiat aux soins de santé, notamment dans les zones rurales.
S’agissant de l’aspect immédiat, l’UNICEF et l’ONU participent activement à la stratégie d’urgence développée pour contrôler les foyers de maladie. « C’est une stratégie dite de ‘réponse rapide’, que nous avons élaborée avec les partenaires du Ministère de la santé haïtien, mais aussi avec l’institution publique en charge de la gestion de l’eau potable et de l’assainissement à Haïti », a précisé le Représentant de l’UNICEF.
La réponse rapide est un mécanisme composé de 50 équipes, a précisé M. Vincent. « Dès qu’un cas de choléra suspect est rapporté, ces équipes sont mobilisées pour se rendre dans les communautés concernées et établissent un cordon sanitaire avec les familles affectées, mais aussi avec le voisinage » afin d’endiguer le foyer, a-t-il expliqué.
Ces équipes sensibilisent et aident les victimes du choléra en leur fournissant des livraisons de sérums, de thérapies de réhydratation orale et de services d’assainissement, a poursuivi M. Vincent.
Selon lui, cette réponse rapide a permis d’obtenir une forte réduction du nombre de cas de choléra. En 2011, au temps fort de l’épidémie, a-t-il précisé, il y avait environ 350.000 cas suspects de choléra. « L’an dernier, en 2015, nous avions un peu moins de 36.000 », a-t-il dit, soit une réduction de 90%.
« La réponse immédiate est un mécanisme efficace de contrôle des flambées, mais il faut également travailler pour le long terme », a déclaré le Représentant de l’UNICEF.
Il a rappelé que l’ONU avait contribué à lancer en 2014, avec le soutien du Secrétaire général Ban Ki-moon et des autorités haïtiennes, une campagne intitulée ‘campagne nationale d’assainissement’.
Cette campagne avait pour but d’augmenter l’accès à l’eau potable dans 16 communes touchées par le choléra et de réduire la pratique de la défécation en plein air, qui est une des principales causes de transmission du choléra.
« Depuis le début de cette campagne, plus 20.000 personnes vivent désormais dans des zones où la défécation en plein air a été éradiquée », a salué M. Vincent. « C’est une réalisation dont nous sommes fiers, mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour s’assurer que les zones rurales et les zones urbaines les plus pauvres aient accès à un système d’assainissement et changent leur comportement pour éviter la défécation en plein air », a-t-il ajouté.