La Santé publique estime que Québec ne doit pas tirer profit de la vente de cannabis

La Santé publique montréalaise rejette l’idée de confier la vente de marijuana, une fois légalisée, à la Société des alcools du Québec. Elle préconise plutôt la création d’une nouvelle agence provinciale qui ne subirait pas de pressions pour verser des profits au gouvernement.

Si cette agence devait administrer les points de vente, « un tel monopole ne devrait pas être considéré comme une source majeure de revenus pour l’État », juge la Direction régionale de la santé publique de Montréal dans un mémoire publié sur son site Web cette semaine. « La Société des alcools du Québec, à qui le gouvernement demande des profits, ne constitue pas un modèle », ajoute-t-elle.

Ce mémoire, qui met de l’avant 52 recommandations, a été préparé dans le cadre de la consultation amorcée par le fédéral en vue de la légalisation du cannabis. La période de consultation se terminait le 29 août.

« On ne doit pas voir la marijuana comme source de revenus additionnelle », explique le psychiatre Robert Perreault, qui est aussi médecin-conseil à la Direction de la santé publique de Montréal et l’un des auteurs de ce mémoire. « D’un point de vue de santé publique, la façon dont l’alcool est géré est problématique, car il y a une incitation à la consommation. On ne souhaite pas que la marijuana subisse le même traitement. »

La recommandation de la Santé publique va à l’encontre des intentions exprimées jusqu’à maintenant par Québec. Le ministre des Finances, Carlos Leitão, a indiqué en février dernier qu’il n’était nullement intéressé par la création d’une telle agence. « Ce n’est pas à l’État québécois de commercialiser », avait-il affirmé.

Mais Ottawa se montre ouvert à déléguer certaines responsabilités aux provinces. Dans le document de consultation préparé par le Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation de la marijuana, on indique qu’« il est aussi possible de laisser aux gouvernements provinciaux le soin de prendre les décisions sur les mécanismes de distribution en fonction de leur situation unique ».

Légaliser, avec des précautions

Même si la Santé publique est favorable à la légalisation, le directeur de la Santé publique de Montréal, le Dr Richard Massé, est « préoccupé » par les « répercussions »possibles de celle-ci, écrit-il en préface de ce mémoire.

La légalisation « comporte plusieurs avantages », dont ceux d’éliminer les « dommages collatéraux liés à la judiciarisation des petits consommateurs ». Mais « un plus grand nombre de personnes pourrait [en consommer] et en subir les méfaits. Les impacts appréhendés sont nombreux et préoccupants », indique le mémoire.

On évoque par exemple l’accroissement des risques d’empoisonnement et d’accidents, les dangers liés à la conduite automobile ainsi que les risques chez les jeunes. « La zone de précaution intéressante à nos yeux est entre l’extrême du commerce libre et de la criminalisation », dit le Dr Perreault.

La création d’une agence provinciale permettrait d’adapter la législation fédérale à la réalité du Québec, estime la Santé publique. Cette agence pourrait gérer des points de vente publics ou privés. « Nous ne sommes pas convaincus que le monopole d’État est la seule solution, indique le Dr Perreault. On devrait également examiner la possibilité de petits points de vente sous contrôle privé. »

Ces boutiques spécialisées ne devraient pas offrir « de tabac ou d’alcool ». Leur association à la marijuana en accroît les risques.

Pour la Santé publique, les points de vente devraient être éloignés des écoles. La vente aux jeunes de moins de 18 ans devrait aussi être interdite, recommande le mémoire.« Nous sommes très préoccupés par la jeunesse, dit le Dr Perreault. Plus on retarde le début de la consommation, plus on évite les conséquences sérieuses. »

La Santé publique recommande de « procéder à la distribution géographique » « en tenant compte de la localisation des groupes les plus à risque de développer des problèmes liés à la consommation ». Qui est à risque ? Des études sont nécessaires, car il n’est pas clair que les populations plus défavorisées, par exemple, le soient.

Pas de cannabis comestible

On propose aussi d’interdire la vente de cannabis comestible et d’autoriser uniquement la forme séchée du cannabis ainsi que l’huile de haschich. La disponibilité de produits pour vapoteuses obtient l’aval de la Santé publique.

Le cannabis comestible est jugé « préoccupant » en raison de ses effets qui surviennent jusqu’à quatre heures après l’ingestion et qui peuvent durer jusqu’à huit heures. Cela augmente les risques d’accident et d’empoisonnement, particulièrement chez les enfants. Deux enfants sont décédés après avoir ingéré du cannabis comestible au Colorado, un des États américains où il a été légalisé. « On n’empêchera pas les gens de faire des brownies chez eux, résume le Dr Perreault, mais on ne souhaite pas l’ouverture de pâtisseries. »

La Santé publique propose aussi de taxer faiblement la marijuana les trois premières années, pour diminuer l’attrait de la drogue vendue par le crime organisé. La taxation pourrait ensuite être rehaussée graduellement, mais réinvestie majoritairement en prévention et dans des programmes de traitement de la toxicomanie.

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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