L’initiative d’une députée écologiste, qui a convié mardi l’actrice Pamela Anderson à l’Assemblée pour soutenir l’interdiction du gavage des canards et des oies pour le foie gras, a suscité une levée de boucliers chez les députés, y compris écologistes, en pleine grippe aviaire.

Dans une cohue rare à l’Assemblée, où les huissiers ont dû faire appel aux gendarmes pour maîtriser photographes et cameramen luttant pour rentrer dans la petite salle de presse, l’ex-vedette d’ « Alerte à Malibu » a soutenu la députée EELV Laurence Abeille, qui veut déposer une proposition de loi pour interdire « le gavage des palmipèdes », « un acte de maltraitance animale ».

« Je demande aux députés français d’abolir le gavage (…) Le foie gras n’est pas un produit sain et n’a pas sa place dans une société civilisée (…) Ces canards n’ont jamais eu un jour heureux », a déclaré en anglais l’Américano-Canadienne de 48 ans.

Si elle reste associée à l’image de blonde plantureuse en maillot de bain jouant la sauveteuse dans la série télé, Pamela Anderson est depuis plusieurs années une militante active de la cause animale, engagée dans des campagnes contre le port de la fourrure et du cuir ou les expérimentations animales.

Accompagnée notamment du militant écologiste Paul Watson, elle a présenté sa visite comme un «hommage » à Brigitte Bardot, qui lui avait fait « honte » lorsqu’en 1977 la star française était venue au Canada dénoncer le massacre des bébés phoques.

Pamela Anderson était d’ailleurs invitée par la fondation Brigitte-Bardot, qui a dévoilé pour l’occasion les résultats d’un sondage Ifop où 70% des Français se disent opposés au gavage, « sachant qu’il existe des [options] alternatives » pour produire du foie gras.

Mais cette visite n’était pas du goût de la plupart des députés. « La venue de Pamela Anderson, ça me gave et ça me gonfle. C’est de la politique spectacle », a réagi l’un des porte-parole du groupe PS, Hugues Fourage. « Degré zéro de la politique », a renchéri le chef de file des députés LR, Christian Jacob.

Dans un communiqué, le mouvement Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT) va jusqu’à écrire que Laurence Abeille « préfère les dindes gonflées au silicone aux bonnes oies gavées au maïs ». « Des propos particulièrement choquants, sexistes, machistes, misogynes », a déploré Mme Abeille.

Au-delà de la venue d’une vedette du petit écran, la démarche de Mme Abeille a fait une quasi-unanimité contre elle alors que le secteur est touché par la grippe aviaire.

Dans un communiqué, les producteurs français de foie gras ont dénoncé une initiative « indécente » au moment « où la survie de leur filière et de leurs exploitations est en péril ».

L’épizootie a entraîné le gel de la production et le non renouvellement temporaire des canards gras et oies dans les élevages du Sud-Ouest pour plusieurs mois. Cette mesure « radicale » devrait coûter à la filière entre 300 et 350 millions d’euros, selon eux.

Dans un courrier commun inhabituel à tous les députés, les présidents des groupes PS, PRG, Front de gauche, UDI et LR, ainsi que l’ancien président du groupe écologiste François de Rugy ont qualifié l’ « initiative » de Laurence Abeille de « double peine pour nos éleveurs » qui « méritent un soutien exceptionnel de la représentation nationale ».

« C’est une attaque contre un fleuron de la gastronomie française, qui représente plus de 50 millions d’euros d’excédent commercial », a dit M. Jacob, ancien dirigeant syndical agricole.

Secrétaire national du PS à l’agriculture, Germinal Peiro a critiqué une « opération médiatique (…) totalement irresponsable » alors que la « crise sanitaire et économique » place nombre d’éleveurs en «désespérance totale ». La filière « emploie 30.000 emplois directs et environ 100.000 indirects, à 75% dans le Sud-Ouest », selon ce député de Dordogne.

L’initiative de Mme Abeille n’a pas aidé à ressouder un groupe écologiste scindé entre pro et anti-gouvernement. Les défenseurs de la ligne gouvernementale ont ainsi critiqué une proposition donnant «l’image d’une écologie dogmatique, prescriptive, porteuse d’interdits ».

Cette annonce de dépôt d’une proposition de loi « est d’autant plus regrettable que chacun sait qu’elle n’a quasiment aucune chance d’être examinée », selon eux.

 

AFP

 

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