Une affaire de contamination au plomb secouait lundi une deuxième ville du Midwest américain, région déjà à cran depuis les révélations sur la pollution des eaux potables de Flint qui ont ulcéré jusqu’au président Barack Obama.
De récents tests ont fait état d’un taux anormalement élevé de plomb dans « plusieurs » résidences -sur 28 testées- et une école de Sebring, une municipalité de 4.400 habitants, a indiqué l’Agence de protection de l’environnement de l’Ohio (nord), forçant la fermeture des établissements scolaires tandis que les habitants sont priés de ne pas consommer l’eau du robinet.
Ce scandale rappelle celui qui secoue actuellement la ville de Flint, dans le Michigan (nord), et relève d’une fable sur l’austérité. En avril 2014, dans une volonté d’assainir ses finances, cette ville avait cessé de recevoir son eau de Detroit, pour la puiser dans la rivière locale, à la qualité pourtant réputée douteuse.
Très vite les habitants se sont plaints du goût, de l’odeur et de l’apparence trouble du liquide sortant de leurs robinets. Puis, pour filtrer une bactérie dangereuse, les autorités ont augmenté le niveau de certains produits chimiques causant notamment des problèmes cutanés ou de chutes de cheveux.
A ce stade l’eau de Flint était tellement corrosive qu’elle avait rongé des conduites en plomb du réseau de distribution, exposant des citoyens au saturnisme, et corrodé les pièces des voitures de l’usine du constructeur General Motors.
Une situation qui a non seulement ulcéré le réalisateur Michael Moore, le résident sans doute le plus connu de Flint, mais aussi le président Obama. Ce dernier a reconnu la semaine dernière qu’il serait « hors de lui » s’il habitait cette ville du Michigan.
A Sebring, les services environnementaux de l’Ohio ont quant à eux indiqué avoir des « raisons de soupçonner que l’opérateur (de l’usine de traitement, ndlr) avait falsifié ses données » sur la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine. Ils ont demandé l’aide de la division pénale de l’Agence fédérale de l’environnement pour poursuivre leur enquête.
Les autorités environnementales de l’Ohio avaient déjà publié un avertissement début décembre à propos de la contamination au plomb et blâmé la ville jeudi pour avoir « échoué à notifier comme il se doit les usagers » et ne pas avoir fourni à leurs représentants sur le terrain des « informations fiables et dans les temps impartis » sur la qualité de l’eau.
« Il semble que notre bureau local ait été trop patient avec le village de Sebring qui a joué l’attentisme et aurait dû s’assurer que l’usine de traitement des eaux respecte ses échéances », a ajouté Craig Butler, directeur de l’Agence de protection de l’environnement de l’Ohio, affirmant vouloir renforcer le pouvoir de ses représentants sur le terrain pour forcer les villes à se conformer aux normes.
« Nous travaillions avec (les responsables de Sebring) depuis un bon moment pour tenter de leur soutirer des informations et de leur faire faire le bon choix », a résumé auprès de l’AFP le directeur adjoint de l’agence, Heidi Griesmer.
Des changements rapides ont déjà permis de réduire le niveau de corrosion des tuyaux de l’aqueduc, responsable de la contamination au plomb, mais les habitants devront attendre deux tests sans plomb sur une période de six mois avant que l’avertissement sur l’eau contaminée puisse être levé, ont précisé les autorités environnementales.
Ces dernières ont d’ailleurs suggéré aux femmes enceintes et aux enfants de passer des tests sanguins pour vérifier le taux de plomb dans leur organisme. La municipalité a elle commencé ce week-end à distribuer des bouteilles d’eau et des systèmes de filtration pour les foyers de la ville.
Le gouverneur de l’Ohio et candidat républicain à la Maison Blanche John Kasich s’est dit « rassuré d’apprendre que la situation concernant l’eau à Sebring s’améliore », ont rapporté ses services. Il « soutient le travail de l’Agence de protection de l’environnement (…) pour contraindre le village à prendre au sérieux l’idée de mener des actions pour corriger (ses erreurs), y compris à se séparer de leur opérateur de l’usine de traitement de l’eau ».
Afp