Les négociateurs tentaient jeudi d’enclencher la vitesse supérieure à la conférence mondiale de Paris, en s’appuyant sur un nouveau texte, modifié uniquement à la marge après trois jours de tractations.
Les délégués de 195 pays, qui doivent trancher le maximum d’options avant samedi puis passer le relais à leurs ministres, ont publié un nouveau projet d’accord jeudi matin, réduit de 55 à 50 pages.
Mais «le nombre d’options ouvertes n’a pas été réduit, autour de 250», a déploré Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot (FNH).
«Nous n’avons plus que 48 heures, il faut que les négociations accélèrent», a-t-il ajouté, en appelant les délégués «à sortir des jeux de postures habituels».
«Ces négociations ont besoin de passer à la vitesse supérieure», a renchéri Martin Kaiser, de l’ONG Greenpeace, tout en notant que, sur certains points, «le texte est plus clair et plus gérable» qu’auparavant.
Déjà la veille, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui préside cette conférence sur le climat (COP21) au Bourget, avait appelé publiquement les négociateurs à «accélérer», jugeant leurs «progrès trop lents».
«C’est normal qu’il y ait un ou deux jours de remise en marche de la machine de négociations», a relativisé jeudi la ministre française de l’Ecologie, Ségolène Royal. C’est un «moment de maturation nécessaire», a-t-elle dit. «Il est impensable d’imaginer un échec».
De mercredi à jeudi, «il y a eu une nuit de travail intensive», a ajouté une source proche de la délégation française, qui y voit la preuve que les négociateurs ont bien «changé de mode».
Le but de la COP21 est de s’entendre, d’ici au 11 décembre, sur un accord permettant de limiter à deux degrés la hausse du réchauffement climatique par rapport à l’ère pré-industrielle, alors que la planète a déjà gagné un degré.
Inondations accrues, érosion des côtes, fonte des glaciers, sécheresse… la hausse des températures a des conséquences lourdes, surtout dans les pays en développement. Les rapports ont continué à s’accumuler jeudi, prouvant l’urgence à agir.
Au total, 525.000 personnes ont été tuées par environ 15.000 évènements extrêmes, en particulier les ouragans, a estimé l’institut German Watch dans son rapport annuel.
Frappés par des cyclones dévastateurs, le Honduras, la Birmanie et Haïti sont les trois pays à avoir été le plus affecté en 20 ans par des évènements extrêmes, qui ont causé des pertes évaluées à près de 3.000 milliards de dollars en vingt ans, précise ce document.
Sans réduction des gaz à effet de serre, 175 millions de personnes supplémentaires risquent de souffrir de malnutrition en 2080 par rapport à aujourd’hui, a pour sa part fait valoir le département américain de l’Agriculture.
Parallèlement aux négociations, quasiment tous les pays ont publié des engagements précis pour limiter leurs émissions polluantes. Mais leurs efforts, s’ils se concrétisent, ne permettront de contenir le réchauffement qu’entre 2,7 et 3,5 degrés, selon les estimations.
L’un des enjeux de la COP21 est donc de s’entendre sur un mécanisme de révision à la hausse de ces objectifs, probablement tous les cinq ans, pour se rapprocher des deux degrés visés (ou même de 1,5 degré, le seuil réclamé par les pays les plus vulnérables).
Le financement par les pays développés de la transition énergétique des pays en développement est un autre point de friction.
Pour avancer plus vite, le groupe dit des G77 (133 pays en développement + la Chine) a proposé une nouvelle méthode de travail, qui a été acceptée.
Le nombre de groupes de travail devrait être réduit et les discussions transversales facilitées, ce qu’a salué la Fondation Nicolas Hulot. «Si on étudie séparément chaque point, chacun reste sur ses lignes rouges», alors que le travail transversal permet des compromis, a souligné son porte-parole.
AFP