Des centaines de pays, d’entreprises et de villes prennent aujourd’hui des engagements forts pour accélérer la transition énergétique. Conscients que la transformation du système énergétique mondial est au cœur de l’action climatique, ils se sont regroupés autour d’un ensemble de grandes initiatives en coopération lancées ou présentées lors de l’événement thématique du Plan d’Actions Lima-Paris (LPAA) sur l’énergie organisé ce jour à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques.

Le secteur de l’énergie, responsable de plus des deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, doit être au centre de tous les efforts visant à limiter le réchauffement climatique à deux degrés Celsius. Une transition énergétique est en marche à l’échelle internationale. Pour que les changements se poursuivent dans ce secteur, le monde doit se concentrer sur trois objectifs fondamentaux :

  • utiliser l’ensemble des technologies disponibles tout en favorisant la recherche-développement
  • renforcer la volonté de changement de tous les acteurs, dans toutes les régions du monde
  • mobiliser les fonds nécessaires pour permettre cette transition

Avec l’adoption de l’Objectif de développement durable n°7 sur l’énergie, l’énergie renouvelable, l’efficacité énergétique et l’accès à l’énergie, la communauté internationale s’est fixé une feuille de route claire pour progresser vers un futur propre et durable.

L’événement thématique du LPAA sur l’énergie démontrera que la mise en œuvre a débuté sur tous les fronts. Les partenariats et initiatives décuplent la volonté de renforcer les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique pour qu’elles permettent d’atteindre les objectifs climatiques à l’échelle mondiale, tout en veillant à ce que personne ne soit laissé sur le bord du chemin.

À travers le monde, une lame de fond en faveur des énergies renouvelables accompagne les efforts des territoires pour adopter une énergie propre

La pertinence économique des énergies renouvelables n’a jamais été aussi grande. Dans de nombreuses régions du monde, elles constituent aujourd’hui la source d’électricité la plus compétitive et représentent plus de la moitié des capacités de production construites à l’échelle internationale depuis 2011. Sur ces fronts, l’action est bien engagée, comme en témoignent les éléments évoqués ci‑dessous.

Plusieurs initiatives sont lancées à l’occasion de la COP et de l’événement du LPAA sur l’énergie pour accroître cette dynamique :

  • L’Alliance mondiale pour la géothermie (GGA), lancée aujourd’hui, a pour objectif une augmentation de 500 % des capacités mondiales de production d’énergie géothermique installées et une progression de 200 % de la chaleur géothermique d’ici 2030. Le monde possède un immense potentiel d’énergie géothermique, avéré dans près de 90 pays. Mais 90 % de ce potentiel n’est pas exploité, les capacités installées ne représentant qu’environ 12 gigawatts à l’heure actuelle. La GGA, qui n’était qu’une idée il y a encore un an, est désormais un partenariat solide entre 36 pays et 23 institutions, avec un plan d’action en place pour atteindre l’objectif défini.
  • L’Inde a fourni plus de détails sur l’Alliance solaire internationale (ISA) qu’elle a récemment lancée. L’objectif de l’ISA est de fédérer les pays à fort potentiel d’ensoleillement afin de favoriser le développement des technologies solaires. Mettant l’accent sur l’accélération du déploiement de l’énergie solaire dans les pays en développement, l’ISA fera en sorte d’atteindre les multiples objectifs d’accès à l’énergie, de prospérité économique et de croissance durable. Le potentiel de transformation de l’ISA provient du fait qu’elle pourrait réunir plus de 120 pays situés entre les Tropiques du Cancer et du Capricorne.

L’Afrique a lancé une initiative « 300GW » en faveur des énergies renouvelables étayée par des approches régionales :

  • L’Initiative africaine pour l’énergie renouvelable (AREI) a dévoilé ses projets ambitieux pour le déploiement des énergies renouvelables en Afrique : construction d’au moins 10 gigawatts de capacités de production nouvelles et supplémentaires d’ici 2020 et d’au moins 300 gigawatts d’ici 2020. La production totale d’électricité de l’Afrique atteignant actuellement environ 150 gigawatts, cette initiative constituera un soutien important aux efforts de la région en matière de lutte contre les changements climatiques. À l’occasion de l’événement thématique du LPAA sur l’énergie, plusieurs partenariats seront conclus pour soutenir ce projet.
  • Le Couloir africain de l’énergie propre (ACEC) progresse et annonce le début d’un travail similaire au sein du Pool énergétique d’Afrique de l’Ouest (WAPP). Les corridors de l’énergie propre sont des plateformes régionales destinées à accélérer le déploiement des énergies renouvelables sur de vastes territoires grâce à des économies d’échelle et une optimisation des ressources. Planification régionale, renforcement des capacités, convergence réglementaire ainsi qu’utilisation et connexion des potentiels les plus prometteurs en sont les éléments centraux. Dans les pools énergétiques d’Afrique orientale et australe, la demande totale en électricité pourrait dépasser 1 000 térawatts-heures d’ici 2030, soit plus du double de la consommation électrique de 2010. Les énergies renouvelables peuvent permettre de répondre à cette augmentation de la demande et favoriser la croissance de l’Afrique sans aggraver les risques climatiques internationaux.

Des initiatives existantes accélèrent pour réaliser des projets sur le terrain :

  • Dans les îles, l’Initiative Petites Îles En Développement Lighthouses a annoncé que Sainte-Lucie était le 29ème petit État insulaire à la rejoindre. Depuis son lancement en septembre 2014, l’Initiative, qui cherche à favoriser l’adoption des énergies renouvelables dans les îles, a nettement progressé vers les objectifs définis. Au total, 18 petits États insulaires ont élaboré une feuille de route pour le déploiement des énergies renouvelables, 150 millions de dollars de financement ont été mobilisés et 18 mégawatts d’énergie renouvelable ont été installés. La mise au point de projets rentables est l’un des principaux défis. Un nouveau dispositif de développement pilote sera annoncé ; l’objectif est de le renforcer à partir de l’expérience de la phase pilote.

Ne laisser personne sur le bord du chemin : favoriser les stratégies et les financements pour l’accès aux énergies renouvelables

Le monde investit actuellement 9 milliards de dollars par an dans l’accès à l’énergie, alors qu’une enveloppe de 49,4 milliards de dollars et une coopération accrue seraient nécessaires pour parvenir à un accès universel.

  • Après ceux conclus lors du Sommet 2014 sur le climat et de l’édition 2015 du forum Énergie durable pour tous (SE4All), une nouvelle série de mémorandums d’entente sur l’énergie durable a été signée entre les pays africains (Nigéria, Bénin, Sénégal, Kenya, Madagascar, Cameroun et Zambie), et les États membres de l’Union européenne intéressés (France, Royaume-Uni, Allemagne et Italie) ainsi que d’autres donateurs, notamment l’AFD. Ces mémorandums aideront une quinzaine de pays à mettre en place des politiques et des mesures favorables à l’énergie durable, avec un soutien financier et technique significatif pour en faire des initiatives de transition énergétique majeures dans les pays partenaires.
  • Un nouveau fonds coopératif (public et privé) baptisé « ElectriFI » et basé au sein des institutions européennes de financement du développement, sera lancé à l’occasion de l’événement thématique du LPAA sur l’énergie avec un financement initial de 75 millions d’euros de la Commission européenne.

Des champions émergent et ouvrent la voie à une énergie 100 % renouvelable et à une efficacité énergétique accrue

  • Des pays, des régions, des villes et des entreprises optent pour le « 100 % énergies renouvelables ». La campagne RE100 annonce que de nouveaux membres ont rejoint le club des grandes entreprises déjà engagées en faveur d’un avenir 100 % renouvelable, qui compte une quarantaine de membres. De son côté, le maire de Vancouver fera un point sur le Sommet des élus locaux pour le climat qui s’est tenu le 4 décembre et à l’occasion duquel de nombreux maires ont pris l’engagement d’atteindre 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050, ce qui représente une réduction de plusieurs gigatonnes des émissions de CO2.
  • Lors de la COP 21, des centaines de pays, d’entreprises et d’institutions financières ont pris des engagements forts en matière d’efficacité énergétique, pierre angulaire de la transition énergétique. La mobilisation de l’ensemble des acteurs autour de l’efficacité énergétique s’accroît, car elle offre des avantages économiques et écologiques non négligeables :

–       Quelque 775 entreprises, plus de 130 collectivités nationales, régionales et locales ainsi que plus de 100 institutions financières s’engagent à renforcer l’investissement et les mesures en faveur de l’efficacité énergétique dans le cadre de la campagne « 100/100/100 » de l’initiative SE4ALL.

–       Parmi elles, 75 entreprises ont pris des engagements spécifiques pour renforcer leur efficacité énergétique par le biais d’actions qui permettront d’économiser jusqu’à 62 000 gigawatts-heures sur les cinq prochaines années.

Des opportunités énergétiques immédiatement efficaces commencent à être exploitées à grande échelle

Réunies au sein de la Plateforme mondiale pour l’accélération de l’efficacité énergétique de SE4All, six alliances de plus en plus solides font progresser la norme mondiale vers des produits et systèmes énergétiques plus efficients :

  • Grâce à En.Lighten et au Clean Energy Ministerial Global Lighting Challenge, plus de 70 pays ont accepté de renoncer aux ampoules à incandescence et de promouvoir l’utilisation de technologies d’éclairage plus efficientes telles que les LED. Éclipsant les technologies anciennes, ces deux grands partenariats sont à la source d’une transformation en profondeur du secteur de l’énergie. Le potentiel d’économies d’énergie et de réduction des gaz à effet de serre de cette seule technologie est impressionnant : elle pourrait permettre de diminuer de plus de moitié l’électricité nécessaire à l’éclairage, qui représente 15 % de la consommation totale d’électricité et 5 % des émissions de gaz à effet de serre.
  • Plus de 60 pays ont adhéré à l’Initiative mondiale pour les économies de carburant (GFEI), dont l’objectif est de mettre en place des politiques publiques en faveur de l’efficacité énergétique des véhicules afin de réduire de moitié la consommation moyenne d’ici 2050.
  • 100 partenaires ont lancé l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction à l’occasion de la première journée dédiée aux bâtiments. Cette Alliance proposera de nouvelles opportunités de réduction de la consommation d’énergie du secteur. Pour soutenir cette mobilisation internationale, de nouvelles subventions accordées par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) par le biais de la Plateforme pour l’accélération de l’efficacité de la construction (Building Efficiency Accelerator) soutiendront des projets dans 30 villes supplémentaires, avec des mesures de type rénovation ou amélioration des codes de la construction. La Plateforme pour l’accélération de l’efficacité des systèmes énergétiques locaux facilitera l’installation de systèmes énergétiques locaux équipés de technologies telles que la récupération de chaleur.
  • Avec Unis pour l’efficacité (U4E), 18 pays s’engagent à adopter des politiques ambitieuses en matière d’efficacité des appareils électriques (climatisation, réfrigérateurs, etc.). Il s’agit de l’une des mesures à plus fort impact qui puissent être prises. Un nouveau programme du FEM, intitulé « Propulser les marchés vers des produits peu consommateurs d’énergie », mené par le PNUE, complétera et renforcera cette première étape avec des moyens permettant de soutenir 70 pays supplémentaires.
  • Deux grands projets pilotes seront lancés en Chine et en Inde par le biais de la Plateforme pour l’efficacité énergétique de l’industrie. Ils permettront de réduire concrètement les émissions du secteur industriel sur la période 2016‑2020.

De plus en plus d’institutions financières s’engagent à soutenir la transition énergétique

  • Plus de 100 banques et un groupe d’investisseurs, gérant près de 4 000 milliards de dollars d’actifs, se sont engagés à augmenter fortement la proportion des prêts destinés à l’efficacité énergétique dans leurs portefeuilles. Menée par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et l’Initiative financière du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), il s’agit d’une étape essentielle au quadruplement nécessaire des montants financiers pour concrétiser pleinement le potentiel d’efficacité énergétique requis pour lutter contre les changements climatiques.
  • Un « Place de Marché » des énergies renouvelables sera officiellement lancé lors de l’événement thématique du LPAA. Ce Marché sera consacré au soutien et à la réduction des frais de transaction des projets liés aux énergies renouvelables, en commençant par des plateformes en Afrique et en Amérique latine. Il s’agira d’un service de mise en relation qui permettra de rapprocher facilement les projets et les investisseurs. Le Marché devrait accueillir 100 projets d’ici début 2016 et mobiliser 10 milliards de dollars de financements sur les trois prochaines années. Il contribuera ainsi au doublement des investissements annuels nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques.

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


Consultants :
LIBAN : Dr. Zaynab Moukalled Noureddine, Dr Naji Kodeih
SYRIE : Joseph el Helou, Asaad el kheir, Mazen el Makdesi
EGYPTE : Ahmad Al Droubi
Directeur Éditorial : Bassam Al-Kantar

Directeur Administratif : Rayan Moukalled

Addresse: Liban, Beyrouth, Badaro, Sami El Solh | Immeuble Al Snoubra, B.P. 113/6517 | Téléfax : +961-01392444 - 01392555-01381664 |email: [email protected]

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