Limiter le réchauffement climatique aux environs de 1,5°C serait préférable pour de nombreuses régions du monde, et pas seulement les petites îles. Mais les pays pétroliers ou encore l’Inde ne veulent pas en entendre parler.

Les négociateurs du Bourget devront trouver d’ici samedi un compromis sur cet enjeu climatique, devenu un symbole politique fort du futur accord.

– 1,5 ou 2°C ? –

La communauté internationale s’est accordée en 2009 pour limiter à 2°C la hausse de la température par rapport au niveau pré-industriel.

L’idée est que jusqu’à ce seuil le monde peut s’adapter.

Pourtant, un rapport d’experts de l’ONU l’a discrètement rappelé en juin: le monde ne doit pas se penser à l’abri d’impacts graves parce qu’il se limite à +2°C.

La «rambarde de sécurité» serait plutôt «un seuil à 1,5°C», relevait ce document, pour qui les 2° «devraient être vus comme une +ligne de défense+, une limite maximale à protéger à tout prix».

Car, à près de +1° aujourd’hui, le réchauffement se ressent déjà: sécheresses, inondations, perte de récifs coralliens…

A +2°, il affectera le niveau des océans, et leur acidification. Pour des îles comme Tuvalu ou Kiribati, c’est une question de survie.

A long terme, Tokyo, Miami, New York ou Bombay seront aussi en partie submergées, largement si on atteint +4° faute d’action (des territoires de 600 millions d’habitants aujourd’hui seraient concernés), moins si c’est 2° (280 millions) mais encore moins si c’est 1,5° (137 millions), selon une étude américaine.

«Pour éviter la fonte du Groenland (soit 7 m de hauteur de mer supplémentaire), il vaut mieux rester dans la zone des 1,5°-1,9°», souligne le climatologue Jean Jouzel.

A ce stade, le monde est sans doute parti pour un réchauffement d’au moins 1,5°C (près d’1° déjà enregistré plus 0,6° lié aux gaz à effet de serre déjà émis, très persistants), selon le GIEC.

Les plans nationaux actuels de réduction d’émissions, s’ils sont tenus, devraient conduire à +3°.

«D’ici à l’entrée en vigueur de l’accord de Paris en 2020, nous aurons probablement dépassé le niveau d’émissions maximum autorisé pour rester sous 1,5°C», relevait vendredi Steffen Kallbekken, du Centre de recherche sur le climat d’Oslo (Cicero).

Pour autant, si des mesures drastiques de réduction d’émissions sont prises très rapidement, le monde pourra encore, une fois franchi ce seuil, revenir en arrière et faire redescendre le mercure, affirment les scientifiques.

«Si on reste au-delà pendant quelques décennies seulement, nous pourrons sans doute encore limiter l’élévation de la mer», souligne Hans Joachim Schellnhuber, de l’institut Potsdam Institute.

Une centaine de pays, les plus vulnérables – Philippines, Ethiopie, Népal, petites îles… – mais aussi l’UE, poussent pour que l’accord de Paris mentionne l’objectif 1,5°C.

Mais pour l’Arabie saoudite, la Russie ou l’Inde, c’est non.

«Je comprends la demande, mais il faudrait que les pays développés réduisent massivement leurs émissions et accroissent leur aide aux pays en développement», souligne le ministre indien Prakash Javadekar: «Il faut décider qui va éteindre les lumières le premier!»

Le projet en discussion contient une proposition de compromis : contenir le réchauffement «bien en-deçà de 2°C», et «poursuivre les efforts pour limiter la hausse de la température à 1,5°».

Les négociateurs devaient encore en débattre âprement. Mais pour les scientifiques, fixer un objectif de température ne suffit pas: il faudrait surtout que l’accord fixe les moyens pour y arriver.

«C’est très bien de limiter la hausse de la température, mais des engagements pour réduire les émissions seraient bien plus importants», remarque Paul Williams, de l’Université de Reading.

Et son confrère Kevin Anderson, de Manchester, d’ajouter: «Le texte ne fait aucune référence aux énergies fossiles, alors que, pour rester sous 1,5 ou 2°C, il nous faudra laisser 90% des réserves dans le sol».

 

AFP

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