Malgré des siècles de recherches et découvertes scientifiques, on n’a toujours pas de réponse à cette question. Mais on progresse ! De plus en plus de résultats tendent à montrer que les « briques » qui constituent le vivant ont été formées dans l’espace. Une nouvelle étude publiée ce vendredi 8 avril 2016 va en tout cas dans ce sens.
Le ribose, le nom ne paie pas de mine, mais tout ce qui vit sur Terre en possède, c’est un sucre à la base du matériel génétique, la structure de l’ADN. Depuis longtemps, on s’interroge sur l’apparition de cette molécule sur Terre.
« C’est un débat qui dure depuis longtemps », explique Cornelia Meinert, de l’Université de Nice-Sophia Antipolis et signataire de l’étude. « Le ribose s’est-il formé dans l’espace ou sur Terre ? Mais sur Terre, c’est très difficile de former du ribose ou des sucres dans les conditions qui régnaient dans sa jeunesse. Le ribose pourrait donc arriver depuis l’espace grâce aux météorites et aux comètes ».
Mais dès lors, se pose cette question : est-ce que cette molécule peut apparaître et se développer dans l’espace ? Cornelia Meinert et ses collègues ont donc décidé de faire l’expérience. « On a créé une comète de laboratoire. C’est-à-dire qu’on a simulé les conditions de l’espace sur Terre. Dans une chambre à vide, avec des températures très négatives, de l’ordre de – 200° ». Dans cette chambre à vide, on a ensuite placé un mélange d’eau, de méthane et d’ammoniac : des composés que l’on retrouve dans l’espace. On les a ensuite bombardés avec des rayons UV, pour mimer le rayonnement solaire, et provoquer des réactions chimiques.
« L’échantillon est ensuite placé à température ambiante comme lorsque les comètes se rapprochent du Soleil », poursuit la chercheuse. Le tout a ensuite été analysé, et effectivement du ribose en bonne quantité s’était formé et a donc été détecté. Il doit donc, a priori, pouvoir apparaître dans l’espace.
Une avancée majeure
Ce résultat n’est pas une surprise, mais il marque une avancée majeure. Grâce à la mission Rosetta et le robot Philae de l’Agence spatiale européenne (ESA), on avait par exemple déjà détecté des composés organiques complexes nécessaires à la vie sur une comète, 67P Tchourioumov-Guerrasimenko. Mais cette mission n’avait pas les instruments nécessaires pour repérer une éventuelle présence de ribose.
Ce sera l’objet de deux missions déjà lancées ou sur le point de l’être : Hayabusa-2 et l’atterrisseur Mascot – menée conjointement par la Jaxa, l’Agence spatiale japonaise, et l’ESA – et OSIRIS-REx de la NASA. Ces deux missions visent des astéroïdes, suspectés eux aussi de posséder ses molécules, étant donné qu’ils se sont formés dans les mêmes conditions que la Terre.
Mais alors, pourquoi la Terre, qui comme tous ces astres est apparue au même moment et de la même matière il y a plus de 4,5 milliards d’années, n’abriterait pas ce ribose depuis le début ? C’est parce que sa jeunesse a été très tumultueuse. A l’époque, le Système solaire n’était pas aussi stable qu’il ne l’est aujourd’hui et notre planète a subi dans sa jeunesse un bombardement massif, qui a détruit toutes ces molécules fragiles.
Le scénario privilégié par les chercheurs est donc celui d’un « ensemencement » survenu plus tard, lors d’une deuxième période de bombardement moins intense. Les comètes, les météorites qui avaient conservé tous ces ingrédients les ont apportés à la Terre en se fracassant dessus.
Tout ceci, bien sûr, ne répond que partiellement à la grande question de l’apparition de la vie. Les ingrédients sont certes là, mais il manque toujours la recette.
Source: Simon Rozé
RFI
http://www.rfi.fr/science/20160407-sucre-espace-jusqu-origine-vie