Une ornithologue américaine a étudié des centaines d’espèces d’oiseaux insulaires pendant 20 ans. Elle a réussi à apercevoir leur tendance évolutive : oublier le vol, pour mieux profiter de la vie.

ÉVOLUTION. Un mot qui n’est pas toujours synonyme d’innovation, mais plus souvent d’adaptation – parfois même rétrograde. C’est ce genre d’évolution, par perte secondaire d’un caractère, qui est constaté aujourd’hui chez 9 familles et 4 ordres d’oiseaux insulaires du Pacifique. De toute évidence, ces oiseaux utilisent de moins en moins leurs ailes, orientant la sélection naturelle (ce phénomène moteur et filtre de l’évolution) à les défavoriser à l’avenir. Voilà le modèle d’évolution prospective (qui a probablement lieu actuellement, mais qui sera réellement constaté dans des millions d’années) théorisée par l’éco-ornithologue de l’Université du Montana, Nathalie A. Wright, comme elle l’explique plus en détail dans une étude publiée par Proceedings of the National Academy of Science (PNAS).

868 espèces d’oiseaux négligent aujourd’hui leurs ailes

Du Dodo, célèbre animal disparu de l’île Maurice, au Cormoran aptère (Phalacrocorax harrisi) des îles Galapagos, en passant par de grands oiseaux terrestres comme l’autruche ou le manchot, nombreux sont les oiseaux sur la planète qui n’utilisent pas leurs ailes pour voler, lesquelles restent parfois uniquement à l’état vestigial (gardées par l’évolution, mais qui ne sont d’aucune utilité). Cependant, rares sont ceux qui aujourd’hui s’en servent mais qui tendent progressivement à les délaisser. En Nouvelle-Zélande, sur laquelle la majorité de l’étude se base, ces oiseaux pour qui voler n’est plus à la mode se révèlent multiples : le joueur Nestor kéa (Nestor notabilis), le pigeon fruitier Ptilinopus, le malin Kakapo (Strigops kakapo), le Takahé du Sud (Porphyrio hochstetteri) ou encore le Wéka (Gallirallus australis). Ces oiseaux insulaires, très différents les uns des autres, ne sont qu’un faible échantillon des 868 espèces analysées, et répertoriées comme suivant le même modèle évolutif, pendant 20 ans par Nathalie A. Wright. « Ce même phénomène se retrouve chez une grande variété d’espèces, aux modes de vie, comportements, styles de vols et morphologies très différents, a-t-elle indiqué à National Geographic. A peu près tous les oiseaux d’îles océaniques se tournent vers cette tendance évolutive, réduisant petit à petit l’importance du vol pour eux« .

RÉGRESSION. Installées sur des îles isolées des continents, après des centaines de générations d’adaptation, ces espèces n’ont pour la plupart jamais été exposées à une pression de prédation intense. Presque sans prédateurs dans leurs contrées, ces oiseaux n’ont jamais eu le vol (pour fuir ainsi l’attaque d’un prédateur) comme technique de survie principale. En outre, n’ayant pas développé de cycles de migration, ils ont préféré adopter une certaine sédentarité. Puis, une fois l’homme arrivé pour coloniser ces îles, ils ont bénéficié de moins en moins de places pour justifier des vols de relative longue distance. Autant de paramètres qui encouragent petit à petit ces oiseaux à délaisser leurs ailes, et les muscles qui y sont rattachés. Ces membres demandent néanmoins de dépenser de l’énergie, laquelle ne peut être gâchée pour un atout se révélant inutile. C’est en cela qu’ils semblent aujourd’hui s’adapter, comme une sorte de régression vers leur état (très) ancestral de dinosaures, pour mieux évoluer au sein de leur environnement.

 

SciencesEtAvenir

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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