Faire passer de 47,6 à 61 % d’ici 2030 la part des sources renouvelables dans notre consommation énergétique : voilà la cible ambitieuse que s’est donnée le gouvernement du Québec avec sa nouvelle politique énergétique.
«On a 15 ans pour changer la donne», a dit d’entrée de jeu le premier ministre, Philippe Couillard.
La cible gouvernementale fournit une belle occasion d’affaires au secteur de la bioénergie. Cette dernière, qui représente 7,4 % de la consommation des Québécois, sera mise à profit (+ 50 %) pour remplacer les carburants fossiles.
Parmi les mesures saluées par les intervenants du secteur, on trouve le projet-pilote de stations multicarburants, que Québec souhaite étendre à l’ensemble de son territoire d’ici 2030. Ces stations offriront, entre autres, des biocarburants – une mesure destinée aux véhicules flexfuels, dont les moteurs sont adaptés pour un mélange à 85 % de biocarburants.
«L’autre mesure qu’on salue, c’est l’intention d’introduire une norme de contenu minimum de biocarburants dans l’essence et le diesel», indique Marie-Hélène Labrie, première vice-présidente, affaires gouvernementales et communications d’Enerkem, une entreprise montréalaise qui se spécialise dans la fabrication de biocarburants. Cinq provinces ainsi que le gouvernement fédéral obligent déjà les raffineurs à inclure une proportion minimale de biocarburants dans leurs produits.
Pour ce qui est de l’électricité, l’augmentation de la production peut attendre, puisque Hydro-Québec est déjà aux prises avec des surplus de l’ordre de 4 %. On souhaite d’abord ramener cette marge de manoeuvre à 2,5 %. Dorénavant, les nouveaux projets ne devront plus avoir d’incidence sur les tarifs résidentiels, car le gouvernement s’est engagé à maintenir l’accroissement des tarifs au niveau de l’inflation. Québec devra planifier l’approvisionnement afin qu’il réponde exclusivement aux besoins d’Hydro-Québec.
Affranchir le Nord de sa dépendance au diesel
S’il ne prévoit donc pas brancher au réseau de nouveaux parcs éoliens pour le moment, Québec compte tout de même sur la filière pour sortir les communautés nordiques en réseau autonome de leur dépendance aux centrales alimentées au diesel. Mais surtout, il lui ouvre toutes grandes les portes du marché américain.
«On est à côté d’un géant [la Nouvelle-Angleterre et l’État de New York], une région qui va fermer ses centrales au charbon, qui a énormément de besoins en électricité et qui n’a pas énormément d’options», dit Jean-François Nolet, vice-président de l’Association canadienne de l’énergie éolienne. Des appels d’offres sont d’ailleurs à prévoir au Massachusetts (18,9 TWh) et à New York (35 TWh).
Si l’industrie éolienne se réjouit de pouvoir désormais exporter son électricité aux États-Unis, elle souhaite tout de même être rassurée quant à son avenir à court terme.
En effet, entre les derniers appels d’offres d’Hydro-Québec Distribution et les premiers projets d’exportation d’énergie éolienne et hydroélectrique d’Hydro-Québec Production, il y a un vide qui inquiète les entreprises. «Le bémol, c’est qu’il y a des besoins pressants dans les usines et il y a un trou actuellement, souligne M. Nolet. Ça inquiète surtout les usines en Gaspésie, qui emploient 1 200 personnes. La région s’anime un peu et essaie de demander une rencontre pour voir ce qu’on peut faire au cours des prochains mois.»
Le gouvernement souhaite augmenter de 50 % la production de bioénergie d’ici 2030. Celle-ci représente actuellement 7,4 % de la consommation d’énergie des Québécois. Source : Politique énergétique du gouvernement du Québec
Pour faire passer de 47,6 à 61 % la part de l’énergie renouvelable dans notre consommation énergétique, Québec devra réduire son recours aux énergies fossiles. Ce sont les produits pétroliers qui feront les frais de cette réduction (- 40 %) plutôt que le gaz naturel, en accord avec l’engagement du gouvernement de réduire de 37,5 % nos émissions totales de gaz à effet de serre d’ici 2030.
L’espace laissé vacant sera comblé en partie par des mesures d’efficacité énergétique, mais surtout par l’augmentation de la production d’énergies renouvelables (+ 25 %).
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