Traduite par Maya Samaha|
Suite aux deux articles précédents portant sur le « lixiviat » des décharges, cet article contient une explication détaillée des gaz émis par ces décharges, ainsi que leurs risques sur l’environnement, la santé publique et la sécurité.
Le gouvernement libanais a commis un risque sérieux lorsqu’il a décidé de créer un site d’enfouissement des déchets dans le site de la Costa Brava sur la côte de Choueifat, qui est directement adjacent à l’aéroport international Rafic Hariri, comme la piste sud de l’aéroport est située seulement à quelques mètres du site.
Plusieurs types de gaz peuvent être émis par ce site d’enfouissement au cours de son cycle de travail. Tout d’abord, les gaz transportant des odeurs après le déchargement des charges des camions-bennes et la préparation des déchets dans des cellules et le fait de les empiler avant de les couvrir par le sable (enfouissement), ainsi, l’intensité et la propagation des odeurs seront liées à l’intervalle de temps entre le déchargement et la couverture, ainsi qu’à la vitesse et la direction du vent.
Tout retard ou prolongation de la durée de ces opérations augmenteraient les chances de la propagation des odeurs dans la région en suivant la direction du vent et sur de longues distances, ce qui pourrait causer une nuisance ou nuire aux résidents de la région. Ceci est d’une grande importance sur le nouveau site d’enfouissement dans la Costa Brava, en raison de sa présence au sud-ouest du coup de vent dominant, face à des zones habitées par plus d’un million de personnes à Choueifat, Hadath, la banlieue sud, et Baabda.
On peut observer quatre phases pour la formation des gaz dans les sites d’enfouissement des déchets:
-La phase I, qui dure au cours des premiers jours et semaines après l’enfouissement. C’est la phase de décomposition aérobie de la matière organique par la bactérie qui est active dans un milieu riche en oxygène, où le dioxyde de carbone (CO2) ainsi que la vapeur d’eau sont principalement constituées.
Le gaz du dioxyde de carbone est inodore et il est le produit final des opérations de la biodégradation, du processus respiratoire des organismes vivants, des opérations de combustion des matières et des combustibles fossiles. C’est une composante naturelle de l’air atmosphérique, avec certaines concentrations faibles. Il est considéré comme un modèle des gaz à effet de serre qui provoquent le réchauffement planétaire et le changement climatique.
La vapeur d’eau n’est pas visible durant l’été et les jours chauds. Au contraire, pendant l’hiver et les jours froids, elle se condense pour devenir visible sous forme de brouillard émis par les canalisations d’évacuation des gaz, liées à un réseau de collecte des gaz dans les espaces de travail du site.
La vapeur d’eau n’est pas nocive et ne constitue aucune menace pour l’environnement ou la santé publique.
Ces émissions n’ont pas des effets néfastes sur la santé des habitants de la région. Les émissions de dioxyde de carbone ont une importance générale sur l’environnement comme elles provoquent le réchauffement climatique, causant le changement climatique au niveau de la planète dans son ensemble.
-La phase II: cette phase se caractérise par un épuisement progressif de l’oxygène, ce qui conduit à un milieu anaérobique. Cette phase progresse lentement après les premières semaines de l’enfouissement des déchets. Une consommation progressive de l’oxygène dans les déchets aura lieu également, où la vitesse des processus de dégradation de l’air diminue successivement jusqu’à ce qu’ils deviennent absents. Peu de temps après, donc après plusieurs semaines, les opérations de la digestion anaérobique de la matière organique commencent. Dans cette période de transition, de grandes quantités de dioxyde de carbone (CO2) et une quantité très limitée du gaz d’hydrogène (H) seront générées.
-La phase III: le processus de la digestion anaérobie s’accélère progressivement à mesure que cette étape progresse dans le temps, pour atteindre un niveau record après des années, puis ce processus diminue à nouveau progressivement et lentement pour atteindre un niveau d’absence complète après de nombreuses années de la vie su site.
Le gaz de méthane commence à se former, associé à une diminution de la quantité du dioxyde de carbone. La teneur en azote dans les gaz émis par le site dans cette phase qui dure de longues années sera élevée au début dans la première étape. Elle commence à diminuer avec la progression de l’âge du site d’enfouissement au cours des deuxième et troisième phases.
-La phase 4: La production du méthane (CH4), du dioxyde de carbone (CO2) et de l’azote (N) se stabilise et devient presque constante. Les gaz seront formés dans les semaines, les mois et les années qui suivent la création du site d’enfouissement, et même pendant des années après sa fermeture (qui atteignent parfois 50 ans), suite à la digestion anaérobie des matières organiques (le gaz du méthane et le dioxyde de carbone).
Et pendant la phase de la digestion anaérobie, des gaz composés d’environ 40 à 60 pour cent du méthane, de 40 à 50 pour cent de dioxyde de carbone et d’environ 3 pour cent d’azote et 1 pour cent d’oxygène, seront générés.
Les gaz émis par le site d’enfouissement contiennent de petites quantités d’autres gaz, de même que des gaz toxiques, des gaz à effet de serre qui ont un double impact sur le changement climatique d’une part, et sur la destruction de la couche d’ozone d’autre part.
Ils contiennent également de petites quantités de gaz, tels que les sulfures (H2S), les composés organiques volatils (COVs), ainsi que certains composés ultrafins comme le benzène, le toluène et le dioxyde de soufre (SO2).
Les activités accompagnant le fonctionnement du site d’enfouissement émettent des émissions contenant des oxydes d’azote (NOx), du dioxyde de soufre (SO2), l’acide chlorhydrique (HCl), des microparticules ultrafines (PM), de la poussière et des gaz de combustion contenant de faibles concentrations des polluants atmosphériques dangereux.
Il existe de nombreux facteurs qui activent ou inhibent la vitesse de ces opérations, en particulier le pH et la présence d’une forte humidité dans les déchets, un pH modéré entre 6,8 et 7,4 est idéal pour générer une plus grande quantité de méthane. Par conséquent, pomper à nouveau le lixiviat après son traitement dans le site, permet de modifier le pH et augmente ainsi la quantité du méthane produite des opérations de digestion anaérobie pour les composants organiques des déchets.
La quantité de méthane générée augmente avec l’augmentation de l’humidité dans les déchets, pour atteindre un certain point de gratification. On observe que le meilleur taux d’humidité est compris entre 60 et 70 pour cent, et s’il augmente au-dessus de ce taux, les quantités de méthane diminuent à nouveau.
Les processus de digestion anaérobie s’accélèrent, et ainsi la génération du gaz de méthane avec l’augmentation des températures à un taux spécifique.
A noter que des températures comprises entre 30 et 35 °C sont les meilleurs, cette vitesse diminue pendant l’hiver avec la baisse des températures. Ainsi, le méthane n’est pas généré directement après l’enfouissement des déchets, mais ce processus a besoin de plusieurs mois pour débuter et s’accélérer.
Et il existe dans la décharge de Naameh un système de collecte des gaz et de contrôle de ses émissions à travers des puits et des tuyaux répartis dans les zones d’exploitation de la décharge.
Nous ne disposons pas d’informations fiables sur le sort des gaz qui ont été émis de la décharge de « Naameh » au cours des 15 premières années dès la date de son fonctionnement.
Nous savons que, dans les trois dernières années, une partie du biogaz généré du site est utilisé pour produire de l’électricité dans un générateur spécial fonctionnant au gaz, qui produit une petite quantité d’énergie qui ne dépasse pas 0,5 mégawatts. Cette énergie sera distribuée gratuitement à certaines municipalités de la région.
Une grande partie du biogaz généré dans le site sera brûlé ou il est émis dans l’air sans être brûlé.
Il y a une possibilité réaliste pour le développement de la production de l’énergie électrique à partir des gaz d’enfouissement, et depuis de nombreuses années au cours de son fonctionnement et après sa fermeture.
Nous pouvons déduire de ce qui précède, que le gaz de méthane (CH4) constitue le plus grand taux de l’ensemble des gaz constitués de la décomposition anaérobie de la matière organique dans le site, nommé «biogaz» pour mettre en évidence son origine causée par la désintégration des matières biologiques.
Beaucoup de gens savent que le gaz méthane est inflammable et il est donc une source de production d’énergie. Mais peut-être, peu de gens savent à propos des autres propriétés du méthane, dont certaines présentent un danger important pour la santé et la sécurité.
Le gaz méthane est incolore, inodore et sans saveur, et cela, peut être considéré bien sûr comme un indicateur supplémentaire de son danger sur l’environnement et la santé. Et du point de vue de la sécurité, ce gaz, qui existe dans la nature, est hautement inflammable. Il est constitué par la décomposition des matières organiques à travers une activité bactérienne dans un milieu pauvre en oxygène.
Le méthane ressemble au gaz du radon en termes de sa capacité à pénétrer à de longues distances sous la surface de la terre.
Il entre aussi aux bâtiments voisins en raison de la force d’aspiration générée par la différence de pression entre l’intérieur des bâtiments et des chambres et la pression sous la terre.
Il pénètre à travers les fissures, les ouvertures des portes, les canaux des eaux d’égout et s’accumule à l’intérieur des milieux fermés mal ventilés.
Selon les dernières recherches en toxicologie, le méthane n’a pas une toxicité intrinsèque substantielle élevée, ce qui signifie l’activité toxique liée à la composition chimique interne, aux caractéristiques fondamentales associées à sa configuration atomique, aux relations entre ses atomes, en plus de la présence des groupes fonctionnels spéciaux. Cependant, il est considéré comme étant un gaz suffocant, pour sa capacité à remplacer l’oxygène, dans des milieux fermés et dans les poumons, ce qui est dangereux en tant qu’exposition à un air riche en méthane.
Le plus grand danger du méthane provient de sa haute inflammabilité, de même il constitue un mélange explosif avec l’air, dans le domaine des concentrations comprises entre 5 et 15 pour cent, et cette concentration est inférieure aux concentrations étouffantes de méthane.
La plus grande capacité explosive est composée lors d’une concentration d’environ 9 pour cent du méthane dans l’air, ce qui signifie un risque de générer un mélange explosif et causant une explosion et des incendies, outre le danger pour la santé et la suffocation qu’il peut provoquer.
Le méthane est plus léger que l’air, il se concentre à l’intérieur des bâtiments dans la zone proche du plafond. Pour ceci, nous gardons l’équipement de détection du méthane dans des points proches du plafond et relativement loin des coins où il y a moins un mouvement de l’air.
Le méthane est un des plus importants gaz à effet de serre causant le réchauffement climatique mondial. Il possède une capacité à retenir la chaleur dans l’atmosphère de la Terre plus grande que la capacité de dioxyde de carbone d’environ 24 fois.
Il est également au deuxième rang, après le dioxyde de carbone qui occupe le premier rang, dans la liste des gaz à effet de serre, en termes de ses quantités et de sa capacité à provoquer le réchauffement climatique.
À la lumière de tout ce qui a été présenté, est-ce que le gouvernement du Liban estime une réelle estimation les risques émanant de sa décision de créer un site d’enfouissement des déchets à la Costa Brava, à quelques mètres de l’aéroport international Rafic Hariri à Beyrouth? Qui sera responsable de l’un de ces risques qui peuvent affecter la sécurité et la santé, si vraiment ils seront produits?
Est-ce que les affaires promises, associés à de telles décisions, méritent tous ces risques affectant la sécurité de l’aviation et la sécurité des zones résidentielles très peuplées et qui sont à proximité de tous les sites établis par le gouvernement comme des sites d’enfouissement nécessitant également le remblayage de la mer?