Dans le cadre de la 22ème Conférence Internationale de l’Association Libanaise pour l’Avancement des Sciences, intitulée «Les Avenues sociales de la recherche» qui s’est tenue cette année à l’USEK, plusieurs chercheurs libanais et étrangers ont présenté leurs travaux scientifiques.
Et concernant la pollution de l’air à Beyrouth, Dr Jocelyne Gérard a souligné durant une table ronde traitant «l’environnement et la gouvernance», que Beyrouth est polluée. En effet, ce constat émane des travaux des chercheurs qui ont analysé l’évolution temporelle du dioxyde d’azote (NO2) et d’autres particules.
Toujours au-delà de la norme OMS
La Dr Gérard a indiqué que «93% de la population beyrouthine a 100% de probabilité d’être exposé à une teneur supérieure à la norme OMS, c.à.d. la population est exposée de manière chronique à la pollution».
Ces résultats ont été actualisés à partir des stations automatiques de mesure intensive.
A noter que la teneur annuelle est toujours au-delà de la norme OMS qui est 40 μg/m3. Cette moyenne annuelle incarne une valeur guide actuelle fixée par l’OMS pour protéger le public des effets du NO2 gazeux sur la santé.
Ainsi, le NO2 possède plusieurs effets dans l’air. Par exemple, et à des concentrations dépassant 200 μg/m3, et sur de courtes durées, c’est un gaz toxique entraînant une inflammation importante des voies respiratoires.
En outre, Les études épidémiologiques ont montré que les symptômes bronchitiques chez l’enfant asthmatique augmentent avec une exposition de longue durée au NO2.
De plus, les émissions anthropiques de NO2 proviennent principalement de la combustion (chauffage, production d’électricité, moteurs des véhicules automobiles, etc.).
Pourquoi cette pollution chronique?
D’autre part, et portant sur les causes de cette pollution chronique, la chercheuse, qui a averti de la situation qui sera encore pire, a déclaré que «nous sommes en méditerranée, le climat et la topographie contribuent donc à ces pic de pollution».
Elle a également parlé du contexte de changement climatique qui peut influencer les paramètres de dispersion de la pollution. Ainsi, moins de vent implique moins de dispersion.
Ensuite, nous faisons face à un aménagement anarchique: le développement des tours au Liban provoque des rues étroites qui maintiennent la pollution à l’intérieur de la ville. De même, les infrastructures sont défaillantes, donc l’absence d’électricité fait appel aux générateurs privés installés aléatoirement. Leurs cheminées arrivent même au niveau des chambres à coucher.
Pourquoi ce problème de pollution?
La Dr Gérard a braqué les projecteurs sur le problème de gouvernance de la pollution au Liban qui nécessite un aménagement et une planification, outre la nécessité de mettre en place un dispositif de réponse immédiate à un pic de pollution.
Et quand on parle de la gouvernance de la qualité de l’air, les responsabilités sont partagées selon la chercheuse, comme nous sommes tous impliqués pour trouver des solutions à la qualité de l’air: les scientifiques, les municipalités, les ministères, les ONG et la société civile.
De plus, il ne suffit pas d’avoir une structure, il faut aussi une chaîne d’information qui représente une autre problématique dans la qualité de l’air parce qu’il faut savoir que la société a de moins en moins confiance dans les scientifiques et dans l’Etat.
Et pour mettre en place un système de gouvernance, on a besoin d’une structure bien établie et d’un fonctionnement; il faut donc avoir des connexions entre les différents éléments de cette structure, selon la scientifique qui nomme plusieurs obstacles, comme l’absence d’un organe de référence et d’un observatoire au Liban.
Enfin, les citoyens libanais qui sont responsables aussi de cette gouvernance ne considèrent pas le bien public, ils contournent la loi et ils possèdent une vision sur le court terme.
D’où l’importance d’une vision sur le long terme pour mettre en place une bonne stratégie intégrée qui sauvera les richesses libanaises déjà dégradées.