La justice russe a condamné à une amende record de plus de 16.000 euros l’ONG de défense des droits des électeurs Golos, qui a dénoncé mardi une tentative de l’empêcher de travailler avant les élections législatives de septembre.
Un tribunal de Moscou « a condamné l’ONG Golos à une amende de 1,2 million de roubles (16.122 euros) pour avoir diffusé plusieurs publications en ligne sans s’afficher comme +agent de l’étranger+ », comme l’exige son statut, a déclaré à l’AFP Grigori Melkoniants, l’un des responsables de l’organisation.
L’affichage dans toute communication publique en tant qu' »agent de l’étranger » est obligatoire depuis 2012 en Russie pour toute ONG bénéficiant d’un financement de l’étranger et ayant « une activité politique », une formulation floue.
L’association Golos, spécialisée dans la surveillance des scrutins locaux comme nationaux et financée par des fonds occidentaux, a refusé de s’y plier et a dû cesser ses activités en 2013, même si elle continue d’exister de jure.
Les dirigeants de l’association parmi lesquels M. Melkoniants ont créé une autre ONG au nom similaire, le mouvement Golos, pour continuer de défendre les droits des électeurs mais sans bénéficier de financement étranger.
« Les publications à l’origine de l’amende ont bien été diffusées sur le site du mouvement Golos et ne mentionnent pas l’association, qui n’a plus aucune activité », plaide M. Melkoniants.
L’audience au tribunal, qui avait été saisi par le ministère russe de la Justice russe, s’est déroulée « en absence des représentants de l’association » et la condamnation, prononcée la semaine dernière, n’a été communiquée à Golos que quelques jours plus tard, a-t-il précisé.
Cette décision de la justice russe « vise à empêcher à tout prix l’association Golos de reprendre ses activités en vue des prochaines élections », prévues en septembre, estime M. Melkoniants.
L’association avait notamment dénoncé des fraudes lors des élections législatives de 2011, remportées par le parti au pouvoir Russie unie, et lors de l’élection présidentielle de 2012 qui a vu le retour de Vladimir Poutine au Kremlin.
Golos, qui continue par ailleurs de se battre pour se faire retirer de la liste des « agents de l’étranger », va faire appel de cette condamnation, a assuré M. Melkoniants.
AFP