Les restes du poète chilien et prix Nobel de littérature Pablo Neruda, exhumés en 2013 pour déterminer s’il avait été assassiné par des agents de la dictature d’Augusto Pinochet, seront à nouveau inhumés mardi à Isla Negra, sur la côte centrale du Chili.

Près de quarante-trois ans après, sa mort continue d’interroger le Chili.

Selon le certificat de décès rédigé par la junte militaire alors au pouvoir, le poète est mort d’un cancer de la prostate quelque jours après le coup d’Etat de 1973.

Mais son chauffeur de l’époque, Manuel Araya, assure que ce chantre de la littérature hispano-américaine et militant du Parti communiste a succombé à une injection faite la veille de son départ pour le Mexique, où il comptait s’exiler pour y diriger l’opposition au général Pinochet.

Après une longue bataille judiciaire, l’exhumation des restes de Pablo Neruda avait eu lieu en avril 2013 à Isla Negra (à 120 km à l’ouest de la capitale), dernier lieu de résidence du poète, où il était enterré.

Depuis, les analyses se succèdent, sans apporter de réponse définitive. En mai 2014, une équipe de chercheurs espagnols avait révélé la présence massive de bactéries, des staphylocoques dorés, qui auraient pu être inoculées par des agents de la dictature.

– Ultime analyse –

Les résultats d’une ultime analyse sont encore attendus en mai pour clore définitivement cette procédure initiée il y a trois ans.

Quatre laboratoires, aux Etats-Unis, en Espagne, en Norvège et au Danemark, sont en train d’analyser l’ADN des staphylocoques dorés retrouvés sur la dépouille du poète.

« Nous sommes en attente de ces analyses qui seront déterminantes pour savoir si ce staphylocoque (doré) a été communiqué à Neruda à cette époque ou s’il est, au contraire, apparu sur ses restes à cause des manipulations postérieures », a expliqué à l’AFP l’avocat du Parti communiste chilien, Eduardo Contreras, à l’origine de la demande.

Ces bactéries « étaient l’élément utilisé habituellement par Eugenio Berrios (le chimiste de la police secrète de Pinochet, chargé de concevoir des armes chimiques, ndlr) et cette souche en particulier ne fait pas partie de celles ayant pu exister à cette époque à l’hôpital » de Santiago où se trouvait Neruda, selon cet avocat.

« Nous dépendons à cent pour cent de ces analyses », a ajouté cet avocat, qui après des années d’enquête, se dit toujours convaincu que « Neruda a été assassiné ».

Mais même si les technologies sont beaucoup plus avancées aujourd’hui, le temps a passé et les conditions dans lesquelles le corps avait été enterré – en bordure de mer – pourraient empêcher de jamais connaître les causes de sa mort, a-t-il toutefois reconnu.

– Inhumé face au Pacifique –

L’hypothèse d’un assassinat du poète est apparue en 2011, après les révélations de Manuel Araya, qui était à la fois le chauffeur et l’assistant personnel de Pablo Neruda, sur la mystérieuse injection.

« Neruda a été assassiné », affirmait M. Araya à l’AFP en 2013.

Une enquête judiciaire avait alors été ouverte, tandis que d’autres témoignages venaient semer le doute en assurant que Pablo Neruda était en forme jusqu’à la fameuse injection, et qu’un avion fourni par le gouvernement mexicain l’attendait justement pour le transporter au Mexique et y jouer le rôle de chef de l’opposition.

« Neruda m’avait dit : je pars au Mexique, camarade, et là-bas je vais demander l’aide du monde pour faire tomber Pinochet. En trois mois je vais le faire chuter. Je vais demander l’aide des gouvernements, des intellectuels », avait raconté Manuel Araya.

La mort en 1982, dans la même clinique, de l’ex-président Eduardo Frei (1964-1970), venu pour une opération de routine et qui pourrait avoir été empoisonné, a renforcé la thèse d’un assassinat de Neruda.

Selon Eduardo Contreras, les investigations ont déjà permis de déterminer que c’est la même équipe médicale qui avait pris en charge Neruda et Frei.

A partir de mardi, Pablo Neruda reposera à nouveau dans le jardin de sa villa face au Pacifique, au côté de Matilde Urrutia, sa troisième femme.

 

 

AFP

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