Le MuCem présente à Marseille une vision inédite et vivante de l’œuvre de Picasso, faisant dialoguer des objets des arts et traditions populaires de son fonds avec 270 œuvres de l’artiste, dont certaines ont été très peu présentées.

La grande exposition estivale du MuCem (du 27 avril au 29 août) – totem en résille de béton noir posé à l’entrée du Vieux-Port – propose une vision originale du travail de l’artiste qui, toute sa vie, a représenté l’Espagne de son enfance, mettant en scène des objets du quotidien, costumes, instruments de musique. La rétrospective du MuCem permet d’admirer quelques œuvres particulièrement rares provenant de collections privées où de musées étrangers.

« Certaines œuvres ont été peu vues, des œuvres de collections particulières ne sont jamais sorties, certaines œuvres viennent de l’étranger et n’ont jamais mis un pied en Europe. Je pense au tableau +la petite corrida+ qui vient d’un musée d’Israël… c’est une exposition qui a le mérite de faire redécouvrir l’œuvre de Picasso à travers le prisme des arts et traditions populaires », affirme Emilie Girard, conservatrice du patrimoine au MuCem et l’une des trois commissaires de cette exposition intitulée « Un génie sans piédestal ».

Elle explique « l’évidence » du rapport entre les arts et traditions populaires qui présente des objets du quotidien, et Picasso. « C’est un prisme qui permet de redécouvrir les thématiques centrales de l’œuvre de Picasso : la tauromachie, le costume populaire et les coiffes, le cirque, mais aussi l’éventail très large des techniques, de la sculpture à la peinture en passant par la céramique, l’orfèvrerie, le tapis, ou les sculptures d’assemblage », ajoute la commissaire.

Et ça tombe bien car le MuCem est l’héritier du Musée national des arts et traditions populaires du bois de Boulogne – qui a fermé ses portes en 2005 – dont il a hérité des collections.

« Pour contextualiser » les productions du maître espagnol, quelques objets ethnographiques – coiffes catalanes, peignes, instruments de musique, costumes – sont placés en vis-à-vis d’œuvres et offrent une nouvelle « grille de lecture ».

-« Le pouvoir évocateur de l’objet »-

Le début du parcours – un ex voto, des coiffes et l’univers de la tauromachie – plonge immédiatement le visiteur dans les racines espagnoles de l’artiste. Du « petit picador », peint par Picasso en 1889 à 8 ans à peine, aux portraits de toreros réalisés à la fin de sa vie, la corrida est déclinée dans toutes les techniques et approches explorées par l’artiste.

« C’est son père qui a mis le pied à l’étrier au jeune Pablo puis, à un moment, il s’est arrêté de peindre lui-même en disant: +le peintre, ce sera mon fils+ », souligne Emilie Girard, devant une grande toile du père, le professeur d’art José Ruiz y Blasco, représentant des colombes. Un thème repris par le fils qui en fera, avec Aragon, un symbole universel de paix.

Du rapport rigide à son père, Picasso disait : « je n’ai pas eu d’enfance, je n’ai pas appris à dessiner comme un enfant… j’ai mis toute ma vie à apprendre à dessiner comme un enfant ». De la maîtrise affiché d’un enfant de 8 ans, on passe à des œuvres que l’artiste, devenu père, a réalisées avec ses propres enfants, découpages de dessins en papier ou en carton « de paquets de Gitane ».

La deuxième partie de la rétrospective marseillaise présente plusieurs des techniques explorées par Picasso – céramique, orfèvrerie, linogravure…- « à l’occasion de rencontres fortuites ou provoquées » avec des artisans du sud-est de la France.

On peut ainsi découvrir une série de trois compotiers en argent réalisés avec l’orfèvre aixois François Hugo (l’arrière petit-fils de Victor). Bruno Gaudichon, l’un des commissaires, explique qu’après avoir créé une série de grands plats blancs, « Picasso souhaitait donner une seconde vie à ces objets ».

Dans une dernière section, l’exposition marseillaise propose une sélection magistrale de sculptures d’assemblage, notamment la fameuse « Guenon et son petit », un bronze de 1951, dont « la tête est composée de deux voitures piquées à son fils Claude », s’amuse Bruno Gaudichon selon lequel « Picasso voyait immédiatement le pouvoir évocateur de l’objet ».

 

AFP

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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