Mercure, la plus petite planète du système solaire, passe ce lundi entre la Terre et le Soleil, un phénomène rare qui sera visible notamment en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord et du Sud.

Un tel événement ne s’est pas produit depuis dix ans. En France, il n’a pas été vu depuis 2003.

Si le ciel est dégagé, les amateurs vont pouvoir suivre le trajet de Mercure, qui apparaîtra comme un tout petit disque noir se déplaçant devant l’astre.

Pour découvrir le spectacle, il faut disposer d’instruments astronomiques. A moins de le suivre sur internet grâce à diverses institutions scientifiques.

Le phénomène va commencer à 11H12 GMT (13H12 heure de Paris) et s’achèvera à 18H42 GMT (20H42 heure de Paris). Il sera visible dans la partie du monde où il fera jour à ce moment-là, à condition que la météo soit favorable. Pour la France par exemple, ce n’est pas gagné.

Visuellement, Mercure va « donner l’impression de grignoter l’un des bords du Soleil puis il le traversera très lentement avant de ressortir de l’autre côté », explique à l’AFP Pascal Descamps, astronome à l’Observatoire de Paris.

Ce phénomène, qui va durer sept heures et demie, est « rare car il exige un alignement presque parfait du Soleil, de Mercure et de la Terre », souligne-t-il.

Encore peu explorée, la mystérieuse Mercure est la planète la plus proche du Soleil.

Son orbite est très excentrique: son point le plus proche du Soleil se trouve à 46 millions de kilomètres de lui (périhélie), et le plus éloigné à 70 millions de km.

Toute petite (son diamètre est de 4.780 km seulement), la planète est rapide: elle fait le tour du Soleil en 88 jours.

Elle passe tous les 116 jours entre la Terre et notre étoile. Mais du fait de l’inclinaison de son orbite autour de l’astre par rapport à l’orbite de la Terre, elle nous paraît la plupart du temps se trouver au-dessus ou en dessous du Soleil.

De ce fait, les transits de Mercure devant le Soleil sont peu fréquents: il y en a 13 ou 14 par siècle.

Les prochains seront en novembre 2019, en novembre 2032 et en mai 2049.

L’Europe de l’Ouest et du Nord, l’ouest de l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest, le Canada, l’est de l’Amérique du Nord et une grande partie de l’Amérique latine sont bien placés pour observer le long transit de lundi.

« C’est toujours excitant de voir des phénomènes astronomiques rares de ce type », souligne Martin Barstow, président de la Royal Astronomical Society, dans un communiqué. Il rappelle qu’il est important de respecter les consignes de sécurité. Regarder le Soleil directement sans protection peut provoquer des lésions oculaires irrémédiables.

Les lunettes spéciales pour les éclipses solaires ne seront d’aucune utilité car la planète est trop petite. »Il faut un instrument astronomique pour grossir l’image du Soleil », explique Pascal Descamps.

Les astronomes amateurs peuvent utiliser lunettes et télescopes à condition de les protéger par des filtres solaires appropriés.

Selon l’astronome, « le moyen le plus simple pour voir Mercure sans risque sera d’utiliser un solarscope », qui permet d’observer sans danger le Soleil par projection de son image inversée sur un écran.

Avec le solarscope, le Soleil aura un diamètre de 12 centimètres et Mercure fera 0,75 millimètres.

C’est un savant français, Pierre Gassendi, qui a observé pour la première fois en 1631 un passage du « rusé » Mercure, selon sa propre expression, devant le Soleil.

Ce transit avait été prédit quelques années plus tôt par Johannes Kepler, décédé en 1630 avant d’avoir pu le voir.

Mercure tourne très lentement autour de lui-même. La température à sa surface varie de -173 degrés Celsius à +427 C.

La planète a été observée par deux sondes spatiales américaines, d’abord par Mariner 10 en 1974 et 1975 puis par Messenger qui a fini sa mission en 2015.

L’Europe et le Japon se préparent à lancer en 2018 un duo de sondes pour la mission BepiColombo qui rejoindra Mercure en 2024.

 

 

AFP

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