Il est près de midi quand un camion chargé de produits alimentaires se gare devant un supermarché de Guarenas, au Venezuela. Aussitôt, des militaires les emportent, provoquant l’exaspération de la foule après des heures d’attente : « on veut de la nourriture ! », se met-elle alors à crier.

Au milieu du chaos politique et économique que connaît ce pays, la température sociale se mesure à la longueur des files d’attente que font les Vénézuéliens au quotidien pour tenter de trouver du riz, du sucre ou du pain.

C’est le cas de ces habitants de Guarenas, ville située à 45 kilomètres de la capitale, Caracas, qui attendent devant le supermarché « Paga poco » (« Paye peu »).

Mais la mairie a décidé que « la moitié des aliments destinés aux supermarchés privés » serait redistribuée à travers un système communal créé par le gouvernement dans le cadre de l’état d’exception que le gouvernement a décrété, explique Haydée Teran, une femme au foyer de 48 ans.

Le président Nicolas Maduro a ordonné aux forces de sécurité, épaulées par des comités de citoyens, appelés Clap, la distribution maison par maison de sacs de biens alimentaires pour éviter qu’elle ne tombe dans les mains de trafiquants.

« Ce décret n’arrange rien ! Les gens veulent de la nourriture. Il n’y a pas eu de pillages, mais nous avons bloqué les rues pour protester. C’est très tendu », raconte cette femme, qui a filmé la scène avec son portable. Sur ces images, qui circulent sur Twitter, on peut voir des gens courir derrière ce camion bleu et crier « on veut de la nourriture ! ».

Peu après ces événements, elle patiente de nouveau, cette fois devant une petite boulangerie, sous l’étroite surveillance de la police.

« Le gouvernement a peur de Guarenas car c’est ici qu’a commencé le +Caracazo+ », le nom donné aux émeutes meurtrières qui avaient été déclenchées en 1989 lorsque le gouvernement de l’époque avait annoncé une hausse des prix à la pompe, raconte son amie Yanina Diaz, 49 ans.

Nicolas Maduro, qui attribue la situation actuelle à une « guerre économique » livrée par des chefs d’entreprise de droite, estime qu’une des stratégies de l’opposition pour le faire chuter est de propager la violence et l’idée que le Venezuela est confronté à une « crise humanitaire ».

« Qu’est ce qu’il va faire avec son décret (sur l’état d’exception) ? Ce qu’il doit faire, c’est trouver de la nourriture et l’apporter ici », assure Migdalia Lopez, 51 ans, qui a toujours voté par le passé pour le (défunt président) Hugo Chavez et son successeur Nicolas Maduro, mais se dit aujourd’hui déçue.

« Ici, à Guarenas, il y avait des révolutionnaires (des partisans d’Hugo Chavez ou de Nicolas Maduro), mais les gens ne veulent plus de révolution, ils ont faim ! On est fatigué de s’entretuer pour une boîte d’oeufs ou un paquet de farine », se lamente-t-elle.

Sur les réseaux sociaux, les photos et les vidéos de mini-protestations, de tentatives de pillages ou de pillages dans le pays sont toujours plus nombreuses.

Le coordinateur de l’Observatoire vénézuélien des conflits sociaux, Marco Ponce, a expliqué à l’AFP que cette ONG avait comptabilisé 107 pillages et tentatives de pillages au premier trimestre de cette année et des centaines de petites actions de protestation.

Tous les voyants sont au rouge au Venezuela, pays touché de plein fouet par la chute des cours du brut, le pétrole lui apportant 96% de ses devises : contraction de 5,7% du PIB et taux d’inflation le plus élevé de la planète, 180,9% en 2015.

 

AFP

 

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