L’UE n’est parvenue à aucun accord sur le renouvellement de l’autorisation du glyphosate, substance herbicide la plus vendue en Europe mais dont l’effet sur la santé est au coeur d’une controverse qui divise les Etats membres.

C’est la deuxième fois, après une réunion en mars, que les experts et représentants des Etats membres réunis au sein d’un comité technique chargé de la procédure de renouvellement renoncent à voter, faute de majorité.

«Puisqu’il était clair qu’aucune majorité qualifiée ne serait atteinte, le vote n’a pas été engagé», a expliqué un porte-parole de la Commission européenne dans un bref communiqué.

L’institution, qui soutient une reconduction du glyphosate et avait révisé sa proposition d’un renouvellement de 15 à 9 ans, va maintenant prendre le temps de la réflexion pour analyser les discussions qui se sont tenues mercredi et jeudi à Bruxelles.

Mais le temps presse: l’homologation du glyphosate expire au 30 juin, et en l’absence de décision, «les Etats membres devront retirer les autorisations de tous les produits à base de glyphosate», a prévenu la Commission.

Pour le moment, l’avenir reste flou, la Commission ne précisant pas si une nouvelle réunion est prévue. Une source proche a indiqué à l’AFP que Bruxelles étudiait «différentes options».

Selon une source diplomatique, parmi les pays les plus réticents «la France et l’Italie ont insisté sur le fait qu’on ne pouvait pas décider d’une autorisation en l’absence d’une étude claire de l’ECHA», l’Agence européenne sur les produits chimiques, sur les effets du glyphosate, attendue dans l’année.

La ministre de l’Environnement française Ségolène Royal a aussitôt qualifié de «très bonne nouvelle» la suspension du vote, saluant l’Italie, l’Allemagne, la Suède, l’Autriche et le Portugal qui ont fait savoir qu’ils s’abstiendraient ou voteraient contre.

Le glyphosate est le «pesticide le plus utilisé dans le monde et dans l’Histoire», ce qui explique la crispation autour de son autorisation, a commenté Vito Buonsante, de l’ONG ClientEarth.

Les défenseurs de l’environnement mènent depuis des semaines une vive campagne contre la reconduction de l’homologation.

«La pression citoyenne a obligé les responsables politiques à rester fermes sur le principe de précaution», a analysé Pascal Vollenweider, directeur de campagnes pour le collectif militant Avaaz.

Pour Greenpeace, «il est temps pour la Commission de changer de cap».

Mi-avril, les députés européens s’étaient mêlés au débat, en demandant de ne renouveler l’autorisation que pour 7 ans au lieu de 15 prévus initialement, de limiter l’utilisation aux professionnels et de l’interdire près des parcs et aires de jeux.

Le glyphosate a fait l’objet de plusieurs études scientifiques dont les avis divergents alimentent la controverse.

Dernière en date, une étude en commun de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a jugé «peu probable» que le glyphosate soit cancérogène «chez les humains qui y seraient exposés par l’alimentation».

Mais à l’inverse, en mars 2015, une étude du Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), également dépendante de l’OMS, avait identifié un risque cancérogène.

Deux découvertes non contradictoires, selon l’OMS, car la seconde portait sur un risque en cas de très forte exposition.

La Commission s’appuie sur l’avis de l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), pour qui le risque cancérogène est «improbable». Là encore le champ de l’étude est discuté, entre substance active et association à d’autre co-formulants utilisés pour concocter un herbicide.

Pour le Glyphosate Task Force (GTF), un consortium de sociétés phytosanitaires emmené par le géant américain Monsanto, le retard pris dans les dernières étapes «ne fait qu’exposer la politisation aiguë» de la procédure de renouvellement.

«Le GTF estime que la situation est discriminatoire, disproportionnée et totalement injustifiée», a déploré son président Richard Garnett, cité dans un communiqué.

«Il faut prendre en compte la réalité et l’impact sur l’agriculture», a expliqué l’eurodéputée PPE (droite) Angélique Delahaye à l’AFP, agricultrice, soulignant que ceux qui avaient recours aux pesticides à base de glyphosate le faisaient faute d’alternative.

Le secrétaire général du principal syndicat agricole européen Copa-Cogeca a lui fait part de ses craintes d’un «vrai désavantage compétitif» en cas d’interdiction.

 

AFP

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