De nouvelles photos et des témoignages récents nous sont parvenus hier du site de Janné-Nahr Ibrahim, où le ministère de l’Énergie entreprend de construire un grand barrage. Les photos montrent de nouveaux indices d’abattage d’arbres à grande échelle. Le scandale avait éclaté une première fois jeudi dernier quand des photos d’arbres abattus ont été publiées dans la presse. Le ministre de l’Environnement avait alors publié un communiqué demandant « l’arrêt des travaux », mais sans résultat.
Ce projet de barrage est controversé pour de nombreuses raisons, notamment pour son impact sur une biodiversité et un écosystème très fragiles, comme l’a démontré l’été dernier une étude faite par le bureau Gicome, à la demande de l’organisation qui finance le projet, l’Office des eaux de Beyrouth.
Or malgré une demande d’arrêt des travaux formulée à plusieurs reprises par le ministre de l’Environnement Nouhad Machnouk, la dernière fois en marge du Conseil des ministres de jeudi dernier, il semble que l’abattage se poursuit de la part de l’entrepreneur en charge des travaux. Des témoignages d’habitants, qui ont requis l’anonymat, parlent de dizaines de « grands arbres » abattus au bulldozer. Hier, ils avaient constaté cette activité « sur des terrains qui étaient auparavant intouchés ».
Interrogé sur la question, M. Machnouk a affirmé « n’en avoir pas encore été notifié ». « J’ai personnellement demandé au mohafez (du Mont-Liban Fouad Fleifel) de veiller à ce que l’abattage des arbres cesse sur le site, a-t-il dit jeudi, en marge du Conseil des ministres, en réponse aux questions de L’Orient-Le Jour. Je vais donc le relancer sur l’affaire, ainsi que le ministre de l’Intérieur, pour voir ce qu’il en est.»
Rappelons que M. Machnouk avait soulevé cette question en Conseil des ministres jeudi dernier, après des informations sur une autorisation accordée par le ministre de l’Agriculture Akram Chehayeb à l’entrepreneur, qui n’expire que le 30 juin. Interrogé par L’OLJ, M. Chehayeb avait nié qu’il s’agissait d’une autorisation, soulignant qu’il avait demandé que des arbres soient plantés à la place de ceux qui étaient abattus (voir L’OLJ du jeudi 19 mai). Toutefois, nous avions publié une copie du document qui consiste en une demande d’autorisation pour l’abattage, sur laquelle le ministre a apposé la date d’expiration et sa signature.
Le ministre de l’Environnement explique que l’affaire devrait une nouvelle fois être discutée en Conseil des ministres jeudi. « Le Premier ministre a préféré que les documents soient distribués aux ministres afin qu’ils en prennent connaissance, avant une discussion plus approfondie sur le sujet », précise-t-il. Il rappelle qu’il recommande « non moins que l’abandon de ce projet, au vu des nombreuses études faites par Gicome, le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS, qui a insisté sur le risque sismique) et d’autres ». Il affirme avoir déjà demandé aux commanditaires du projet de « trouver des alternatives ».
Notons que nous avons tenté en vain, hier, d’obtenir une réponse du ministre de l’Intérieur sur ce plan.