Les Etats-Unis ont annoncé une interdiction quasi totale du commerce de l’ivoire sur leur territoire, affirmant leur volonté de s’attaquer au trafic des défenses d’éléphants africains menacés d’extinction par le braconnage.
« Nous espérons que les autres nations vont agir rapidement et de manière décisive pour arrêter le flot d’ivoire en mettant en oeuvre des réglementations similaires », a déclaré la ministre américaine des Affaires intérieures et des Ressources naturelles, Sally Jewell. Celle-ci vise plus particulièrement la Chine, qui représente 70% de la demande et a dit vouloir également davantage réglementer ce marché.
De telles mesures « sont cruciales pour que nos petits-enfants et leurs enfants puissent connaître ces espèces emblématiques », a-t-elle ajouté.
Le Service de la pêche et de la vie sauvage (USFW), qui fait partie du ministère des Affaires intérieures, complète ainsi un processus de règlementations dans le cadre de la loi sur les espèces en danger (ESA).
Cette interdiction du commerce de l’ivoire aux Etats-Unis met en oeuvre des restrictions énoncées dans le décret du président Barack Obama de 2013 visant à combattre le trafic des espèces sauvages. « Elle limite ainsi très fortement l’importation, l’exportation et les ventes d’ivoire d’éléphants africains entre les Etats américains ».
« Cette mesure ferme un canal important pour les trafiquants en éliminant la couverture du commerce légal d’ivoire », a expliqué Dan Ashe, le directeur de l’USFW. « Nous avons encore beaucoup à faire pour sauver cette espèce mais aujourd’hui est une bonne journée pour l’éléphant africain ».
Cette interdiction de commerce comporte toutefois quelques exceptions, comme des instruments de musique, des meubles et des armes contenant moins de 200 grammes d’ivoire. Des pièces anciennes, datant d’au moins un siècle, sont également exemptées.
Cette règlementation limite aussi l’importation de trophées de chasse à seulement deux par an et par chasseur. Il n’y avait pas de limite en la matière jusqu’alors.
Il reste environ 450.000 éléphants aujourd’hui sur le continent africain et on estime à plus de 35.000 le nombre de ces animaux tués chaque année.
Les associations de défense de la nature se sont félicitées de cette interdiction de commerce aux Etats-Unis qu’ils réclamaient.
« Avec cette mesure, nous (les Etats-Unis, ndlr) déclarons haut et fort que l’ivoire doit rester sur les éléphants et que nous voulons assurer que ce marché est fermé », a dit à l’AFP John Calvelli, un des responsables de Wildlife Conservation Society, une ONG très engagée dans la défense des éléphants.
En fait, a-t-il ajouté, « les Etats-Unis répondent à une requête de chefs d’Etat africains en 2013 pour que le monde arrête d’acheter de l’ivoire ».
Pour Patrick Bergin, président de l’ONG américaine African Wildlife Foundation (AWF) « des lois sévères contre la criminalité liée à la faune sauvage et leur application rigoureuse sont absolument essentielles pour dissuader les trafiquants et les braconniers ».
Mais « tous les pays et surtout ceux qui sont à la source, le transit ou la destination des produits illégaux de la faune sauvage ont un rôle à jouer en mettant de l’ordre dans leur propre maison », a-t-il ajouté dans un courriel à l’AFP.
Le commerce illégal de l’ivoire est largement alimenté par la demande en Asie et au Moyen-Orient, où les défenses d’éléphants et les cornes de rhinocéros sont utilisées dans la médecine traditionnelle et en ornementation.
Ce marché des produits illégaux de la faune sauvage pèse 20 milliards de dollars par an, dont trois milliards pour l’ivoire, selon Samuel Wasser, professeur de biologie à l’Université de Washington.
Le braconnage et le commerce d’espèces sauvages protégées est la quatrième plus grande activité criminelle internationale, juste après le trafic d’armes, de drogue et d’êtres humains.
Selon des experts la seule mesure efficace de conservation qui a mis fin pendant huit ans à ce trafic a été l’interdiction internationale du commerce de l’ivoire en 1989 quand 70.000 éléphants étaient tués chaque année et que la moitié de la population avait été décimée pendant la décennie précédente pour passer de 1,3 million à 624.000.
AFP