Longtemps parents pauvres du bio, les céréales et fourrages sont en train de combler leur retard: au vu du nombre croissant d’agriculteurs qui se convertissent, la France n’aura bientôt plus besoin d’importer pour satisfaire ses besoins croissants en la matière.

Le secteur des grandes cultures est, avec l’élevage, celui où le plus d’agriculteurs ont décidé de s’engager dans la production biologique en 2015: 800 fermes ont démarré leur conversion l’an dernier, soit une hausse de 9%, pour une superficie de 60.000 hectares, selon l’Agence bio.

La chute des cours mondiaux du blé et du maïs, traditionnellement grands consommateurs de pesticides, a probablement suscité des vocations vers le bio, mieux rémunéré. « L’an passé, nous avions appelé à un nouvel élan: on a été entendu, il y a une grande vague de conversion », s’est réjouie vendredi devant la presse Carine Maret, directrice de l’Union française d’agriculture biologique (UFAB).

Avec une hausse de 15% de la consommation l’an dernier, « le bio est un marché très dynamique qui motive les producteurs », a aussi estimé Christophe Lecuyer, président de la commission filières biologiques de Coop de France, la confédération des coopératives.

Pourtant, les agriculteurs produisant céréales (blé, maïs, orge) ou protéagineux (pois et féverole utilisés comme fourrage pour nourrir le bétail) ont mis plus longtemps à prendre le virage du bio que leurs collègues produisant fruits et légumes.

L’agriculture biologique représente 5% de la surface agricole utile française (SAU). Mais les surfaces de grandes cultures bio ne comptent que pour 2% du total, alors qu’elles représentent la grande majorité des surfaces en agriculture conventionnelle.

Les risques de pertes de rendements liées à l’arrêt de l’utilisation de pesticides et d’engrais sont un frein important pour les céréaliers, soumis à la volatilité des marchés internationaux.

Mais grâce aux nouvelles vocations, la production de céréales et fourrages bio devrait nettement augmenter d’ici trois ans, le temps nécessaire pour convertir une ferme au bio.

L’autosuffisance devrait être atteinte en 2016/2017 pour les fourrages destinés aux animaux, en majorité des volailles (poulets de chair et oeufs en bio), et en 2018 pour les céréales destinées à l’alimentation humaine (pain bio), selon Coop de France.

Jusqu’ici, la France souffre d’un déficit chronique dans ce domaine, qui l’oblige à importer 20 à 30% de ces denrées de base, alors que l’Hexagone est le 1er exportateur européen de blé conventionnel.

L’engouement pour les grandes cultures bio est particulièrement marqué dans le Sud-Ouest, avec plus de 300 nouveaux producteurs en 2015 en Midi-Pyrénées.

Fabien Fouragnan, responsable de la fabrication d’aliments bio pour animaux chez Sud-Ouest Aliment, a vu « la production augmenter de 120% entre 2010 et 2015 ». L’entreprise vise une hausse de 35% sur les trois prochaines années et compte même se diversifier dans la production de nourriture pour poissons d’élevage bio.

Même si l’avenir s’annonce prometteur, « il faut rester vigilant sur le risque de chute des prix », si la production venait à dépasser les besoins du marché, met en garde M. Lecuyer, qui prône la mise en place de filières organisées pour répondre aux demandes des consommateurs.

Au sein de la coopérative Axéréal, 1ère coopérative céréalière française, l’agriculteur prend soin d’expliquer à ses collègues que « certaines productions seront mieux valorisées que d’autres ».

Il leur conseille par exemple de planter du blé fourrager plutôt que de l’orge, car il est davantage prisé pour les rations des volailles, les principales consommatrices d’alimentation animale bio en France.

Et rappelle que le passage au bio lui a permis d’embaucher une personne supplémentaire sur sa ferme, grâce aux économies réalisées par l’arrêt d’utilisation de pesticides et d’engrais.

 

AFP

 

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
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