L’Orient Le Jour
Est-ce la bêtise, le manque de civisme ou la simple cruauté ? Le nouveau crime commis à l’encontre d’une tortue de mer d’une espèce en voie de disparition sur une plage libanaise doit, dans tous les cas, être mis sur le compte de l’ignorance pure et simple, et de l’irrespect de la loi.
Une tortue de l’espèce Caretta caretta a été trouvée à moitié morte mardi sur une plage de Rmeileh (littoral du Chouf). La raison : un homme l’a sortie de l’eau, frappée durement sur la tête afin de l’assommer et de permettre à des baigneurs de prendre des selfies avec l’animal blessé. L’association écologique Green Area a été notifiée de l’incident et a appelé la Défense civile qui a transporté la tortue vers son centre le plus proche, où elle se trouve toujours dans un état critique. L’association a également contacté les ministères de l’Environnement et de l’Agriculture, ainsi que l’ONG Animals Lebanon, pour un suivi de l’état de santé de l’animal.
C’est Green Area également qui a diffusé l’information et les photos du sauvetage de la tortue, comme celles prises par ses tortionnaires. Dans une des photos, on voit un enfant d’un an tout au plus, en pleurs, qu’on oblige à se tenir debout sur la carapace. D’autres exhibent les mines satisfaites des adultes se prenant en photo devant cette « curiosité ». La tête de la tortue penche sur le côté, inanimée.
Le plus inquiétant, c’est que de tels incidents se sont multipliés dernièrement, toujours selon Green Area, qui a recensé plusieurs cas de tortues trouvées mortes sur les plages à quelques heures d’intervalle, il y a un mois, de Saïda à Costa Brava et Jiyeh, sans compter un cas recensé à Adloun (Sud).
L’association rappelle une décision du ministère de l’Agriculture, datant du 23 septembre 1999, qui interdit de pêcher ou d’agresser les mammifères marins, les phoques et les tortues de mer. Elle revendique par conséquent des sanctions sévères contre les tortionnaires de ces animaux menacés. Elle rappelle également, dans son communiqué, l’importance des tortues dans la préservation de l’équilibre des espèces marines, puisqu’elles consomment les méduses qui, à leur tour, mangent les œufs de poisson. La disparition des tortues favorise donc la prolifération nuisible des méduses.