Le conseil d’administration de l’espagnol Gamesa a donné son feu vert à la création d’un géant mondial de l’éolien avec l’allemand Siemens, alors que le secteur des énergies renouvelables explose.

« Gamesa fait savoir qu’il dispose des accords d’entreprise nécessaires pour la fusion potentielle des activités de Siemens et de la société dans l’éolien », a fait savoir le groupe, qui pourra ainsi se renforcer dans l’éolien maritime, son point faible.

Il s’attend à ce que la capacité des champs d’éoliennes « offshore » soit multipliée par six en Europe entre 2014 et 2018.

Pour autant, les deux parties doivent encore s’entendre sur les modalités de l’accord final, ajoute Gamesa.

Selon l’agence Bloomberg, le conglomérat industriel allemand paierait près d’un milliard de dollars (889 millions d’euros) à Gamesa et détiendrait 59% de la nouvelle entité. Le groupe énergétique espagnol Iberdrola, aujourd’hui premier actionnaire de Gamesa, en aurait 20%, selon la presse espagnole.

Concrètement, Gamesa absorberait les activités éoliennes de Siemens, précise le quotidien El Mundo.

Le groupe espagnol conserverait son siège à Zamudio, au Pays basque (nord) et son patron actuel, Ignacio Martin.

Le titre de Gamesa était suspendu à la Bourse de Madrid. Siemens prenait 1,62% à 92,36 euros à 0Su9H20 GMT, dans un marché en hausse de 1,36%.

L’éolien est la plus petite et la moins rentable des huit divisions du conglomérat industriel allemand, qui fabrique des systèmes industriels, des scanners médicaux ou encore des trains.

Mais Siemens, candidat malheureux au rachat du français Alstom en 2014, s’offrirait avec Gamesa de quoi changer la donne: l’espagnol se classe parmi les cinq premiers fabricants mondiaux, tandis que Siemens est leader dans des parcs d’éoliennes en mer (offshore).

Gamesa a un autre atout: il dispose d’une forte présence dans les pays émergents, où la demande pour les énergies renouvelables est en plein boom. Il est numéro un en Inde, premier fabriquant non-chinois en Chine et bien implanté au Brésil, avec de nombreux champs d’éoliennes terrestres.

Après avoir connu des années difficiles liées à la crise économique en Espagne, des réductions drastiques des subventions pour la production d’énergies renouvelables et une perte nette en 2012, le groupe s’est restructuré, doté d’une nouvelle direction et redressé. Il a dégagé en 2015 un bénéfice net de 170 millions d’euros.

« Gamesa a besoin d’un soutien financier pour se développer dans l’offshore », que pourra lui apporter son nouveau partenaire, souligne Angel Perez, analyste chez Renta 4, qui juge une fusion pertinente.

Ce rapprochement était attendu depuis des mois. Gamesa avait confirmé fin janvier l’existence de discussions.

Mais les négociations n’avaient pas beaucoup avancé jusqu’alors. Elles achoppaient notamment sur le sort à réserver à Adwen, la coentreprise créée en 2015 par Gamesa et le français Areva et regroupant leurs actifs dans l’éolien offshore.

L’État français et des élus locaux de Normandie craignent que le rapprochement de Gamesa et de Siemens ne remette en cause les projets d’Adwen d’implanter de nouvelles usines dans cette région. Les capacités industrielles du conglomérat allemand pourraient suffire à équiper des champs d’éoliennes en France sans se doter de sites de production supplémentaires.

Le secteur des énergies renouvelables est en pleine ébullition depuis quelques années et bénéficie d’un intérêt renouvelé depuis la conclusion de l’accord mondial sur le climat en décembre à Paris lors de la COP21.

Les fabricants de turbines éoliennes connaissent un mouvement de concentration important.

Longtemps dominée par les européens, dont le danois Vestas, cette branche a vu ces dernières années la montée en puissance des constructeurs chinois, comme Goldwind, United Power et Ming Yang, qui profitent à plein du développement massif de l’éolien en Chine, ce pays ayant accueilli près de la moitié des capacités installées dans le monde en 2015.

En 2015, le turbinier allemand Nordex, et le conglomérat espagnol Acciona ont aussi mis en commun leurs activités dans l’éolien.

L’américain General Electric a, lui, élargi son portefeuille aux turbines offshore en rachetant les activités énergie du groupe français Alstom l’an dernier. Il s’est aussi dit intéressé par un rachat d’Adwen.

 

AFP

 

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
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