Une quinzaine de zadistes campent depuis samedi en Gironde sur le domaine de Geneste, un site labellisé Natura 2000 de la commune de Villenave d’Ornon, pour bloquer un vaste projet immobilier du groupe Vizzion Europe.
Après l’intervention sans heurts de la police lundi matin, une dizaine de défenseurs de la zone ont dû renoncer à bloquer l’arrivée des tractopelles sur le chantier, mais entendaient poursuivre l’occupation.
Il s’agit de la première zone à défendre (ZAD) en Gironde, aux abords de Bordeaux, sur un site du réseau Natura 2000 qui couvre, sur toute l’Europe, des sanctuaires de biodiversité, terrestres et marins, identifiés pour la rareté ou la fragilité de leur flore et de leur faune.
Entre autres espèces rares et protégées répertoriées sur le domaine de Geneste, autrement appelé «Domaine de La Plantation », le vison d’Europe utilise ce lieu comme territoire de chasse, assurent les zadistes. « C’est Vizzion Europe qui tue le vison d’Europe, en spéculant sur le vivant », résume pour l’AFP Alexandre Mahfoudhi, membre du collectif girondin de zadistes.
Ils ont installé une yourte, des cabanes dans les arbres, et une tente avec coin cuisine et toilettes sèches « pour bloquer le chantier » du futur golf immobilier de Vizzion Europe, un promoteur basé à Bruxelles comptant parmi ses principaux actionnaires la famille Mulliez, propriétaire d’Auchan, précise Alexandre Mahfoudhi.
« Ce que nous voulons c’est nettoyer ce site devenu un dépôt d’ordures pour le revaloriser et en faire un lieu de promenade, de pêche, un parcours sportif etc.. en respectant la biodiversité », explique cet enseignant âgé de 40 ans. « Tous ces lieux, ajoute-t-il, sont des écosystèmes millénaires et il n’y a pas de compensation possible à leur destruction ».
Vizzion Europe évoque sur la plaquette en ligne de son projet girondin le futur « golf écologique » à 18 trous du Domaine de Geneste. « Sur un grand site naturel de 167 hectares (…) le Domaine de Geneste permet de développer plus de 260.000 m2 rassemblant une diversité de fonctions urbaines dans un nouveau quartier de ville soucieux de l’écologie et du développement durable », explique le promoteur.
Le projet, estimé à quelque 600 millions d’euros selon le site Rue89 Bordeaux, prévoit également l’aménagement de bureaux, commerces, hôtels et résidences-services d’ « inspiration typiquement régionale », mais aussi des centres de séminaires et de bien-être.
La mairie de Villenave d’Ornon qui avait délivré le permis d’aménagement a rappelé à l’AFP que tous les arguments développés par les opposants au projet avaient été repris dans un recours déposé en 2012 par l’association de protection de l’Environnement Sepanso, « et rejetés en bloc par le tribunal administratif de Bordeaux le 8 janvier 2015 ». La SEPANSO n’avait d’ailleurs pas jugé utile de faire appel, dit-on encore à la mairie.
Les travaux de terrassement ont donc été lancés le 16 mars dernier, et sont quasiment achevés, selon le collectif soutenu par la Confédération paysanne Gironde.
« En tant qu’éleveur sur une zone Natura 2000 (à Cadaujac en Gironde), je suis moi-même soumis à un cahier des charges draconien où on m’interdit de retourner la terre ou de resemencer. On me demande de respecter strictement la biodiversité, alors qu’on autorise les promoteurs à faire le contraire », proteste Christophe Guénon, au nom du syndicat agricole.
AFP