Le constructeur allemand Volkswagen a accepté de verser près de 15 milliards de dollars aux Etats-Unis dans l’espoir de régler le litige lié au scandale de ses moteurs truqués, qui a fait chuter ses ventes et écorné sa réputation.
Rendu public mardi, le compromis négocié depuis des mois dans la douleur avec les autorités américaines doit encore être approuvé par la justice mais donne une première idée du montant de la facture dont devra s’acquitter le mastodonte allemand.
« Ce compromis partiel marque une importante première étape conduisant Volkswagen à rendre des comptes pour ce qui a été une violation de ses obligations légales et de la confiance du public », a déclaré une des responsables du département de la Justice américain (DoJ), Sally Yates, évoquant une des violations « les plus flagrantes » des normes environnementales américaines.
Aux termes de ce plan qui ne met pas entièrement fin aux tracas judiciaires du groupe aux Etats-Unis, les propriétaires de quelque 480.000 voitures truquées aux Etats-Unis auront la possibilité de se faire racheter leurs véhicules ou de le faire réparer aux frais du constructeur allemand.
Dans les deux hypothèses, chacun d’entre eux pourra par ailleurs recevoir des indemnités en cash pouvant aller jusqu’à 10.000 dollars.
La valeur des voitures retenue dans le cadre de l’opération de rachat sera celle remontant au mois de septembre dernier, avant que ce retentissant scandale n’éclate aux Etats-Unis grâce à une ONG avant de se propager dans le reste du monde.
La facture du volet indemnisation s’élèvera au total à 10,033 milliards de dollars, selon le compromis.
A cela s’ajouteront 2,7 milliards de dollars que Volkswagen devra débourser pour « remédier intégralement » aux conséquences des émissions de gaz polluants de ses voitures aux Etats-Unis.
Selon les autorités américaines, les moteurs truqués de Volkswagen émettent jusqu’à 40 fois plus de gaz polluants que les normes autorisées.
« Le compromis annoncé aujourd’hui rétablit les protections pour un air propre que Volkswagen a violées de manière si flagrante », a commenté la patronne de l’agence fédérale de protection de l’environnement Gina McCarthy, lors d’une conférence de presse.
Le géant aux 12 marques (Audi, Volkswagen, Porsche…) s’est également engagé à contribuer à hauteur de 2 milliards de dollars à un fonds de promotion des voitures « vertes » à zéro émission.
Ce compromis doit être soumis à l’approbation de la justice américaine le 26 juillet, a indiqué une porte-parole de VW aux Etats-Unis.
Dans un communiqué, le groupe allemand s’est engagé à respecter ses engagements et a estimé que cet accord marquait un « premier pas important ».
« Nous savons que nous avons encore beaucoup de travail à accomplir pour regagner la confiance du public américain », a toutefois reconnu le patron du groupe, Matthias Müller, cité dans le communiqué.
Les ennuis judiciaires de Volkswagen ne sont quoi qu’il arrive pas finis aux Etats-Unis où le groupe est sous le coup d’une enquête pénale et doit encore répondre du trucage de moteurs sur environ 100.000 véhicules de 3 litres de cylindrées qui ne sont pas inclus dans le compromis actuel.
Le groupe, qui a reconnu avoir truqué 11 millions de ses voitures diesel dans le monde, fait par ailleurs face à une cascade de poursuites et d’enquêtes sur le globe, notamment en Europe.
Le scandale a coûté à Volkswagen en 2015 sa première perte nette depuis plus de vingt ans et s’est traduite par la chute de 20% de son chiffre d’affaires au premier trimestre.
En 2015, le constructeur automobile a dégagé un chiffre d’affaires de plus de 210 milliards d’euros et passé des provisions colossales (16,2 mds euros) pour faire face aux conséquences financières du scandale du diesel.
Le mastodonte allemand reste toutefois au coude à coude avec Toyota pour la place de numéro un mondial en termes de ventes. Ce duo est suivi de près par General Motors.
AFP