L’agriculture aussi part dans le nuage ou « cloud »: au salon des start-up Vivatech qui se tient à Paris, les potentiels croissants de « l’agriculture de précision » via l’exploitation des données de terrain font saliver inventeurs et investisseurs.

Sur un stand hébergé par LVMH, Alban Frésil explique le fonctionnement de la start-up monpotager.com, qui permet aux clients urbains pressés de recevoir les fruits et légumes qu’ils ont planté virtuellement moyennant un abonnement mensuel.

« Nous avons une cinquantaine d’agriculteurs maraîchers fournisseurs et un peu plus de 1.500 abonnés, surtout autour de Lyon et de Paris. Notre métier c’est la logistique, nous livrons les fruits et légumes en relais », détaille Alban Frésil à l’AFP.

Le site a été fondé par un agriculteur, mais la société toute entière baigne dans la « tech » plus que dans la terre. Alban Frésil est « growth hacking manager », chargé d’augmenter le nombre d’abonnés.

Il cherche à faire de la video en direct « pour que les clients puissent voir leurs carottes pousser ».

Plus globalement, le potentiel de développement de l' »agritech » est énorme, explique Nathalie Doré, directrice générale de l’Atelier BNP Paribas basée à San Francisco.

Elle a présenté à Vivatech les résultats d’une étude « Agtech, et agriculture de précision, la troisième révolution »: après la mécanique dans les années 50-70, puis la chimie et les engrais dans les années 90.

Son équipe d’analystes, dont un ingénieur agronome et une fille d’agriculteurs de l’Est de la France, ont identifié aux Etats-Unis 92 start-up basées sur les données et uniquement dédiées à l’agriculture.

Les domaines vont de la robotique au contrôle des cultures par drone en passant par la gestion de l’irrigation par capteur et géolocalisation, le contrôle sanitaire du cheptel, la météo ultra-localisée, ou le partage de matériels agricoles.

Selon l’étude, aux Etats-Unis, le montant des investissements dans les AgTech, les sociétés exploitant des données dans le secteur agricole, doublent chaque année depuis trois ans (113 millions de dollars en 2013, 280 en 2014 et 413 en 2015).

« Le secteur intéresse beaucoup les investisseurs », assure Nathalie Doré « d’autant que la data générée intéressera d’autres secteurs, comme la distribution par exemple ».

« Certains agriculteurs américains ont jusqu’à six écrans chez eux, un pour la météo, un pour les semences, etc. et le secteur va sûrement devoir se lancer dans l’agrégation de données », ajoute-t-elle.

Mais qui sera le Apple de l’agriculture? Un constructeur de tracteurs, un semencier géant?

« Aujourd’hui, les géants de la tech commencent à se placer sur l’agriculture », répond Arnaud Auger, analyste de l’Atelier BNP Paribas. « Google a commencé à mettre les pieds dans l’agriculture il y a six mois, autour de Farmers Business Network », dit-il.

Selon lui, le secteur le plus novateur actuellement est celui de la robotique. « Dès qu’un simple bras robot sera commercialisé au-dessous de 5.000 dollars et pourra remplacer tout ce que fait un bras humain dans la terre sans se fatiguer ni s’ennuyer, via notamment la reconnaissance d’image, le secteur peut exploser », prédit-il: « l’agriculteur de demain sera un geek ».

Google a d’ailleurs encouragé un tout jeune Français de 15 ans, Elliott Sarrey, pour son projet de robot potager connecté qui bine, arrose et plante, commente Constantin Foniadukis, de Google.

Invité au siège du groupe en Californie, Elliott avait été sélectionné par le « Google Science Fair », un concours d’idées ouvert aux jeunes inventeurs de 14 à 18 ans dans le monde entier.

Le géant de Moutain view a aussi participé au lancement de certains projets comme Miimosa, une start-up francaise de levée de fonds uniquement consacrée aux projets agricoles de pointe, agriculture urbaine, hydroponie, etc.

 

Source : AFP – Isabel MALSANG

 

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