Des progrès, des ambitions, mais encore des efforts pour réduire les pressions subies par l’environnement: l’OCDE a rendu son examen sur la politique environnementale de la France et plaide pour des mesures fortes dans l’énergie, l’agriculture et les transports.
« Ces dix dernières années la France a progressé sur la voie du découplage entre pression environnementale et croissance économique », a déclaré Simon Upton, directeur environnement de l’OCDE, lors de la présentation à Paris du volet français de ses « examens environnementaux ».
L’Organisation de coopération et de développement économiques salue notamment la politique «ambitieuse » de la France à travers les lois Grenelle (2009 et 2010) et la récente loi sur la transition énergétique adoptée en 2015.
Elle valide aussi, dans ce rapport réalisé tous les dix ans, « le rôle moteur » de la France pour faire adopter l’accord international sur le climat en décembre dernier à Paris.
« La France a progressé (…) en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et des principaux polluants atmosphériques, les prélèvements d’eau douce et en stabilisant la production de déchets municipaux », constate encore l’Organisation.
Mais au-delà des objectifs, les bons points sont moins nombreux sur la manière de les atteindre.
Trois secteurs ont particulièrement alerté l’OCDE: les transports, l’agriculture et l’énergie.
Les pratiques agricoles et de transports continuent de causer de « nombreuses pressions » et « des effets néfastes sur la pollution de l’eau, de l’air et sur les écosystèmes », juge ainsi l’OCDE.
La France est l’un des plus gros consommateurs de produits phytosanitaires et « l’usage des pesticides a encore augmenté de 30% entre 2008 et 2014 », a souligné M. Upton.
Le rapport plaide pour la promotion de l’agro-écologie, c’est-à-dire de modes de production plus durables.
Les agriculteurs devraient aussi être plus mis à contribution dans le financement du traitement de l’eau qui repose aujourd’hui essentiellement sur les ménages.
Fiscalité trop faible
Dans les transports, l’OCDE fustige le choix historique de la France de soutenir le diesel, notant que les concentrations d’ozone, de dioxyde d’azote et de particules fines dans l’air « dépassent régulièrement » les normes de protection pour la santé humaine.
« On ne peut plus justifier de continuer à favoriser ce carburant », a déclaré M. Upton, approuvant la décision du gouvernement actuel de réduire l’avantage, notamment fiscal, attribué au diesel.
Et parmi ses 33 recommandations, l’OCDE prône l’instauration de péages urbains, l’expérimentation d’une taxe poids lourds régionale ou l’élimination des exonérations de taxes sur les carburants.
Plus globalement, M. Upton regrette le poids « faible » de la fiscalité environnementale. Elle représente 2% du PIB du pays, contre 2,4% en moyenne dans l’ensemble des pays de l’OCDE.
« Il reste une marge de progression pour verdir plus largement la fiscalité française », juge l’OCDE dans son rapport, et cela sans alourdir les charges sur les entreprises.
Le rapport « pointe (…) là où le bat blesse: sur la transcription des objectifs en politique réelle », a commenté à l’AFP Denis Voisin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot (FNH).
Enfin, en matière énergétique, si l’OCDE salue l’ambition des objectifs de la loi sur la transition énergétique en matière de développement des énergies renouvelables et de réduction de la consommation énergétique, elle estime que la France « n’est pas sur la bonne voie ».
En cause, notamment, selon M. Upton: le « manque de continuité » dans les politiques publiques, qui pénalise les investissements.
L’Organisation recommande également « des orientations claires sur la durée d’exploitation des réacteurs » nucléaires français afin de permettre le développement des énergies vertes.
« Le rapport recoupe ce que l’on dit d’habitude: la transition énergétique n’avance pas assez vite », a affirmé à l’AFP Pascal Canfin, directeur général du WWF France.
Les textes d’application de la loi sur la transition énergétique, qui sont publiés progressivement, et la loi sur la biodiversité, qui doit être promulguée dans le courant de l’été, « apportent déjà et apporteront des réponses aux recommandations de l’OCDE », a répondu lors de la présentation Laurence Monnoyer-Smith, commissaire générale au développement durable.
AFP