Scientifique de formation, artiste photographe et réalisateur, spécialiste en communication scientifique, le militant français Thierry Magniez est touché par la situation déplorable de la côte libanaise menaçant sa biodiversité remarquable.
Cet état l’a poussé à braquer les projecteurs à travers ses photographies sur les circonstances des tortues marines au Liban dans le but de sensibiliser autrui aux problèmes qui menacent ces espèces comme la pollution, la propagation des dépotoirs, ainsi que l’occupation de l’espace maritime. Il considère également que «le littoral est utilisé actuellement pour accueillir les poubelles dans des conditions très polluantes avec la décharge de Bourj Hammoud et celle de la Costa Brava ».
Ayant travaillé pour « le Muséum National d’histoire Naturelle » de Paris, il a acquis une grande compétence, notamment en ce qui concerne la biodiversité et le développement durable. En outre, M. Magniez a réalisé plusieurs expositions et autres activités éducatives afin de « rendre la future génération plus sensible aux problèmes environnementaux ».
Voici la teneur de l’interview du militant Thierry Magniez qui a récemment découvert onze tortues mortes, le long de la plage de Anfeh au Nord et jusqu’à Tyr et Naqoura au Sud.
Green Area: Comment vous vous présentez ? Et quelle est votre spécialité?
Thierry Magniez: Je suis Thierry Magniez, français, j’habite au Liban depuis septembre 2015. Scientifique de formation, je suis artiste photographe et réalisateur, spécialiste en communication scientifique. J’ai entre autres travaillé pour le Muséum National d’histoires naturelles de Paris sur les grandes expéditions autour de la Biodiversité et du développement durable. Je réalise des expositions, j’assure le suivi de travaux de recherche, je construis des animations ou des ressources pour que les enseignants puisent les utiliser avec leurs classes.
Green Area: Où et combien avez-vous trouvé de tortues mortes?
Thierry Magniez: Fin juin, lors de deux journées de tournage sur la côte libanaise, j’ai découvert rien que 11 tortues mortes. Une à Naqoura, deux à Tyr, une sur la plage de Ouzaii dans Beyrouth sud, une à l’estuaire du fleuve Beyrouth, deux à Zalqa, une à Antelias, deux à Selaata, une à Anfeh.
J’ai également découvert que la plage qui est utilisée pour la nouvelle décharge de Bourj Hammoud est un lieu fréquenté par les tortues. J’ai pu y compter 10 nids ou tentatives de nids. Cette plage est utilisée à 50% comme dépotoir, ce dépotoir doit s’agrandir et ce lieu de ponte va disparaître. Il y a de forte chance que les pontes des tortues de cet été ne puissent pas aboutir.
Green Area: Est-ce que vous avez pu déterminer le temps de leur mort?
Thierry Magniez: Certaines étaient fraichement mortes et d’autres plus avancées. La tortue d’Ouzaii venait par exemple d’arriver sur la plage, elle avait déjà gonflée. Celle de Naqoura était une tortue morte depuis plus longtemps, il n’y avait plus beaucoup de chaire. Sinon, les autres étaient en cours de décomposition.
Green Area: Que pouvez-vous dire à propos de la cause de leur mort?
Thierry Magniez: deux étaient emmêlées dans du bout ou du sac de plastique tissé. Les autres ne présentaient pas de signe extérieur visible et je n’ai pas pratiqué d’autopsie.
Green Area: Quel est leur genre?
Thierry Magniez: Sur les onze, six sont des Caretta caretta.
Green Area: Pouvez-vous nous donner une idée sur le projet que vous êtes en train de préparer et pourquoi avez-vous choisi le Liban?
Thierry Magniez: La découverte de tant de tortues mortes sur le littoral, la découverte de nids de tortue sur des plages qui sont destinées à disparaitre sous des dépotoirs me poussent à essayer de faire des actions pour sensibiliser à ce problème. L’état du littoral libanais est déplorable, les différentes pollutions, l’occupation de l’espace maritime ont vraiment des conséquences déplorables sur cette côte qui se trouve être un hot spot de biodiversité mondiale.
La tortue étant un animal bien aimé par les enfants, j’ai décidé de faire une enquête de fond sur les tortues marines du Liban, de belles photographies, des vidéos afin de construire une histoire qui pourra être racontée dans les classes et un ensemble de ressources pour les enseignants et leurs classes.
Green Area: Pensez-vous qu’une telle activité pourra renforcer et éveiller la conscience de l’Etat libanais pour mieux s’occuper des tortues marines?
Thierry Magniez: Je pense que toutes actions de sensibilisation sur ce thème est un pas en avant et qu’elles peuvent aider à rendre la future génération plus sensible aux problèmes environnementaux. J’ai également envie de réaliser un travail artistique avec des artisans travaillant au Liban pour toucher un plus large public.
Green Area: Ne pensez-vous pas que ce qui s’est passé pourra donner une idée fausse sur le Liban?
Thierry Magniez: Non, actuellement, le littoral est utilisé pour accueillir les poubelles dans des conditions très polluantes avec la décharge de Bourj Hammoud et celle de la Costa Brava.