La société américaine SpaceX a lancé avec succès dans la nuit de dimanche à lundi, son vaisseau non habité Dragon vers la Station spatiale internationale (ISS) pour livrer près de 2,2 tonnes de fret et a réussi ensuite, pour la cinquième fois, à faire poser en douceur le premier étage du lanceur.
La fusée Falcon 9 s’est arrachée de son pas de tir comme prévu lundi à 00H45 (4h45 GMT) depuis la station de l’US Air Force de Cap Canaveral en Floride (sud-est des Etats-Unis), selon les images en direct de la télévision de la Nasa.
Dragon s’est séparée du deuxième étage dix minutes après le décollage avant de déployer peu après ses deux antennes solaires et d’entamer son périple pour rejoindre l’avant-poste orbital où le vaisseau sera amarré mercredi matin à l’aide du bras télémanipulateur de la Station.
Le premier étage de Falcon 9, haut de 70 mètres, s’était séparé du reste du véhicule 2,3 minutes après le lancement avant de revenir dans l’atmosphère à grande vitesse, freinant sa descente en allumant ses moteurs en rétro-fusée pendant plus de six minutes.
Il a pu atterrir sans encombre comme prévu à environ trois kilomètres du pas de tir de Cap Canaveral près de dix minutes après le lancement.
SpaceX avait précédemment réussi cette manoeuvre délicate une fois sur le sol et trois fois sur une plateforme flottante dans l’Atlantique.
Le responsable technique de SpaceX, Hans Koenigsmann, s’était déclaré «plutôt optimiste», samedi tout en disant «toucher du bois vu la grande difficulté de cette manoeuvre».
La précédente tentative sur une barge flottante le 16 juin, après le lancement réussi d’un satellite, avait échoué.
SpaceX espère pouvoir en récupérant régulièrement le premier étage de Falcon 9, le réutiliser, ce qui devrait réduire nettement les coûts de lancement et potentiellement bouleverser le secteur de la mise sur orbite de satellites et d’accès à l’espace en général.
Premier séquenceur d’ADN de l’espace
Le fondateur et patron de la société californienne, Elon Musk, avait indiqué en avril que le carburant de la fusée coûtait 300.000 dollars et le coût de production du lanceur 60 millions de dollars.
Hans Koenigsmann a dit samedi que SpaceX pourrait réutiliser cet automne, pour la première fois, l’un des premiers étages récupérés pour un lancement.
Outre des provisions pour l’équipage et des matériels d’expériences scientifiques, dont le premier séquenceur d’ADN de l’espace, Dragon apporte également le premier de deux adaptateurs prévus (une sorte d’anneau) devant permettre futurs vaisseaux commerciaux habités de SpaceX et de Boeing de s’amarrer à la Station. Ils doivent transporter des astronautes pour la Nasa à partir, en principe, de 2017.
Le premier adapteur avait été perdu dans l’explosion en juin 2015, deux minutes après le décollage, de la fusée Falcon 9 qui transportait une capsule Dragon.
Dragon achemine aussi 930 kilos d’échantillons pour des expériences scientifiques notamment des cellules cardiaques, osseuses et musculaires humaines pour mieux comprendre les effets de l’apesanteur sur le système cardio-vasculaires, les muscles et les os, avait précisé samedi Julie Robinson, responsables des programmes scientifiques de l’ISS.
Le séquenceur d’ADN qui est très compacte et que testeront les astronautes de l’ISS, a la capacité d’identifier des microbes, de diagnostiquer des maladies et d’évaluer l’état de santé des six membres d’équipage, et peut même aider à détecter de l’ADN extra-terrestre, ont indiqué les scientifiques.
Dragon, la seule capsule capable de revenir sur la Terre après un vol dans l’espace, quittera l’ISS le 29 août et ramènera 580 kilos d’échantillons d’expériences scientifiques effectuées en microgravité ainsi que des déchets et autres matériels usagés.
Il s’agit pour SpaceX de sa neuvième mission d’approvisionnement de l’ISS pour la Nasa, sur les 20 prévues dans le cadre d’un contrat de 1,6 milliard de dollars avec l’agence spatiale américaine.
C’est également le deuxième vol de Dragon vers la Station spatiale internationale depuis l’accident en juin 2015 peu après le lancement.
Un vaisseau de fret russe non habité Progress doit aussi arriver à la Station spatiale lundi dans la journée.
AFP