Avis aux nostalgiques, le dernier fabricant de magnétoscopes dans le monde, invention qui a révolutionné l’usage de la télévision dans les années 1970 avant de devenir culte puis de lentement tomber dans les oubliettes, tire sa révérence.

Le groupe japonais Funai Electric, seul sur ce créneau après le retrait de Panasonic en 2012, a annoncé cette semaine l’arrêt d’ici fin juillet de la production de ces appareils.

S’ils ont disparu de la plupart des foyers, Funai en a étonnamment vendu encore 750.000 l’an dernier, notamment aux Etats-Unis, rien cependant comparé aux 15 millions d’unités écoulées au début des années 2000.

« Un de nos fournisseurs jugeait difficile de continuer à fabriquer un composant pour un aussi faible volume, ce qui nous a conduit à prendre cette décision », a expliqué un porte-parole de Funai Electric, dont l’usine se trouve en Chine.

Bien qu’aucun communiqué officiel n’ait été publié, la compagnie a été assaillie d’appels depuis qu’a filtré l’information dans les médias locaux. Parmi eux, un bibliothécaire gardant dans ses rayons des cassettes vidéo ou des gens désireux de visionner de vieux souvenirs, même s’il est possible de les numériser pour pouvoir les lire sur ordinateur.

Sur Twitter, les internautes affichaient leur nostalgie avec le hashtag « RIP magnétoscope ». « C’est une tranche de vie qui disparaît, un marqueur du temps qui passe », estime Philippe Moati, co-fondateur de l’Observatoire société et consommation (Obsoco).

« Quand il est rentré dans les foyers, c’était un événement car, avec lui, on n’est plus obligé de regarder la télé en même temps que les autres. C’est un nouveau moyen de contrôle qui ouvre la voie à la désynchronisation des rythmes sociaux, c’est la fin de la grand messe du film du dimanche soir », explique-t-il.

Un phénomène qui n’a cessé de s’amplifier avec l’avènement de la vidéo à la demande: difficile aujourd’hui de réunir la famille autour d’un même écran, poursuit l’économiste.

Pour le magnétoscope, tout a commencé en 1956 quand Ampex, une jeune société californienne, présenta sous le nom VRX-1000 le premier appareil capable d’enregistrer des images sur une bande magnétique. « L’évènement fit sensation », peut-on lire sur le site de l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle), une agence de l’ONU basée à Genève.

Mais du fait de son coût exorbitant (50.000 dollars américains de l’époque), le magnétoscope était réservé aux professionnels de la télévision, contraints jusque-là de diffuser les émissions en direct.

Ce n’est que dans les années 1970 que les premiers produits accessibles au grand public – sortes de mallettes surmontées d’une fente de chargement pour insérer la cassette – firent leur apparition, permettant au téléspectateur de revisionner des programmes à sa guise.

Une bataille de formats s’engage alors entre le Betamax de Sony, soutenu par Toshiba et d’autres firmes électroniques, et le VHS (Video Home System), développé par un autre fabricant japonais, JVC. Si la qualité du Betamax était initialement jugée supérieure par les spécialistes, le VHS, qui avait l’avantage de proposer une durée d’enregistrement plus longue, à des tarifs plus abordables, remportera finalement la bataille.

Sony continuera toutefois à assembler des magnétoscopes jusqu’en 2002, ainsi que des cassettes vidéo jusqu’à ces derniers mois pour les inconditionnels.

Au tout début, l’arrivée du magnétoscope fut très mal perçue par l’industrie du cinéma qui y voyait « un instrument de piratage » et porta la question devant les tribunaux, relate l’OMPI. Mais « entretemps, les grands studios s’étaient aperçu que son succès, contrairement à ce qu’ils avaient craint, leur était très largement profitable », via les revenus générés par la vente et la location de cassettes.

Le magnétoscope dominera sans partage les années 1980-90, avant d’être éclipsé dans les années 2000 par le DVD, lui-même supplanté depuis par les vidéos sur internet.

Déjà enterré par beaucoup, il rejoint désormais le paradis des technologies obsolètes, où il retrouvera disquettes, pellicule photo et autres vieilleries. Connaîtra-t-il le sort du vinyle, redevenu à la mode depuis quelques années ? Peu probable, estime Philippe Moati, en raison de la piètre qualité de l’image des VHS et du manque de commodité de l’appareil.

 

AFP – Anne BEADE, avec Séverine ROUBY à Paris

 

 

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