Cette fois, c’est un « au revoir » officiel : la sonde européenne Rosetta a coupé mercredi ses communications avec le petit robot Philae posé sur la comète Tchouri, pour économiser de la puissance et se concentrer sur ses tâches scientifiques pendant les deux mois qui lui restent à vivre.
« Aujourd’hui, les communications avec Philae ont été coupées», a déclaré Andreas Schuetz, porte-parole de l’agence spatiale allemande DLR. « C’est la fin d’une mission fascinante et couronnée de succès », a-t-il ajouté.
« Il est temps pour moi de dire au revoir », a confié Philae mardi soir sur son compte Twitter animé par l’Agence spatiale européenne (ESA).
« Nous avons éteint mercredi l’antenne à bord de Rosetta qui était susceptible de recevoir des messages de Philae », explique Philippe Gaudon, chef de projet de la mission Rosetta pour l’agence spatiale française CNES. « Nous gardions cette écoute de façon un peu symbolique ».
Mais Rosetta, qui escorte la comète Tchouri depuis août 2014, s’éloigne de plus en plus du Soleil. Elle est actuellement à 520 millions de kilomètres de notre étoile et à 590 millions de kilomètres de la Terre.
Ses grands panneaux solaires, qui lui fournissent son énergie, reçoivent de moins en moins de lumière.
La sonde perd 4 watts par jour, précise l’ESA sur son blogue.
Il est donc nécessaire d’économiser de la puissance pour que Rosetta puisse continuer à faire fonctionner ses instruments scientifiques jusqu’à la fin de son aventure prévue le 30 septembre, souligne M. Gaudon.
L’objectif de la mission Rosetta, lancée il y a plus de vingt ans, est de mieux comprendre l’évolution du système solaire depuis sa naissance, les comètes étant considérées comme des vestiges de la matière primitive.
Après dix ans de voyage comme passager de Rosetta, Philae a réalisé le 12 novembre 2014 une première historique en atterrissant sur le noyau de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko. Au bout de plusieurs rebonds, il s’est stabilisé à l’ombre, en position couchée.
Equipé de dix instruments, il a travaillé pendant 60 heures avant de s’endormir faute d’énergie. Il s’est réveillé en juin 2015, mais n’a plus donné de ses nouvelles depuis le 9 juillet.
En février, les équipes responsables du robot s’étaient déjà résolues à ne plus lui envoyer de commandes, mais elles restaient à l’écoute par précaution.
La décision de cesser cette veille a été prise par Patrick Martin, le responsable de la mission Rosetta à l’ESA, précise l’agence européenne sur son blogue.
« C’est l’abandon de tout espoir de recevoir quelque chose de Philae », note M. Gaudon.
« Nous n’avions pas d’autre choix », explique Mark McCaughrean, responsable scientifique à l’ESA.
Le populaire robot-laboratoire, qui est suivi par plus de 447 000 comptes Twitter, a du mal à couper le cordon avec la Terre. Il a lancé cet appel : « Je suis loin de la Terre et du Soleil ! J’aimerais garder des souvenirs de VOUS avec moi. S’il vous plaît, envoyez-moi des cartes postales ! GoodbyePhilae ».
Les admirateurs de Philae ont jusqu’au 8 août pour envoyer une photo d’eux en train de dire au revoir au robot, via les différents réseaux sociaux ou par courriel ([email protected]), précise le DLR qui va centraliser ces adieux.
Les jours de Rosetta sont également comptés.
Le 30 septembre, la sonde, qui se trouvera à une vingtaine de kilomètres de la surface, effectuera une lente descente d’environ 12 heures, à la vitesse de 50 centimètres par seconde, jusqu’à un « impact contrôlé » à la surface de Tchouri. Dès le contact, les communications cesseront, ainsi que les opérations menées par Rosetta. Ce sera la fin.
Pour ses derniers moments de vie, Rosetta ne chômera pas. Elle prendra en temps réel des clichés à très haute résolution et fera des mesures scientifiques inédites.
« Chaque personne impliquée dans la mission va être très triste, bien sûr, mais également extrêmement fière de ce qui a été accompli », souligne M. McCaughrean.
AFP- PASCALE MOLLARD-CHENEBENOIT