Les scientifiques à la recherche de traitements pour ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer chez les malades ont accueilli avec beaucoup d’espoir les résultats d’un petit essai clinique qui a donné des résultats encourageants.
Ce médicament expérimental, le LMTM de la firme TauRx Therapeutics, Ltd. basée à Singapour, est destiné à réduire l’accumulation de protéines tau dans le cerveau.
Quand celle-ci ne fonctionne pas correctement, elle s’accumule de manière anormale dans certaines parties du cerveau, ce qui conduit à des dégénérescences neuronales comme la maladie d’Alzheimer, la forme la plus connue de démence.
L’essai clinique en question a été mené sur 891 personnes soupçonnées d’avoir la maladie d’Alzheimer. Il n’a eu aucun effet dans les trois groupes qui prenaient soit une dose de LMTM, soit deux doses, soit un placebo. La plupart des patients prenaient également d’autres traitements déjà existants contre la maladie d’Alzheimer.
Toutefois, un petit groupe d’une centaine de patients qui n’ont pris que ce médicament expérimental, sans aucun autre traitement additionnel, ont montré un rythme d’atrophie du cerveau très ralenti, selon les résultats de cette étude présentée à l’Alzheimer’s Association International Conference (AAIC), réunie à Toronto.
« Les résultats de l’étude n’ont pas montré de bénéfices du traitement pour aucun des groupes, peu importe la dose de médicament, dans les analyses préliminaires », a noté Serge Gauthier, auteur de l’étude, professeur de neurologie à l’Université McGill.
« Cependant, des analyses complémentaires ont donné des résultats très encourageants et ont montré que les patients ne prenant que du LMTM connaissaient un déclin significativement plus lent que les patients prenant du LMTM associé avec d’autres traitements existants », a-t-il ajouté.
« Dans un domaine miné par les échecs constants des nouveaux médicaments testés dans les derniers stades des essais cliniques et où il n’y a eu aucune avancée thérapeutique ces dix dernières années, je suis enthousiasmé par les promesses montrées par le LMTM comme potentielle nouvelle option de traitement pour ces patients », a encore souligné M. Gauthier.
Des experts n’ayant pas participé à cette étude se sont malgré tout montrés prudents: cette découverte « est intéressante mais également complexe et cela prendra du temps pour voir ce qu’elle signifie réellement », a mis en garde Maria Carillo, directrice scientifique de l’Alzheimer Association.
« Le petit nombre de participants recevant ce médicament en monothérapie soulève d’importantes questions. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour nous aider à comprendre cette découverte », a-t-elle encore remarqué.
En outre, 80% des participants à l’étude ont rapporté au moins un effet secondaire, notamment des dérangements gastriques ou du système nerveux, des infections, des problèmes rénaux ou urinaires.
Près de 47 millions de personnes dans le monde sont atteints d’une forme de démence, un chiffre qui devrait exploser à 131,5 millions d’ici 2050, selon Alzheimer’s Disease International.
Il n’y a pas de traitement à l’heure actuelle, mais ces 20 dernières années les autorités sanitaires américaines ont approuvé cinq médicaments pour traiter les symptômes de la maladie d’Alzheimer.
AFP