Une équipe internationale de chercheurs français, gabonais et américains (*) a mené une étude au Gabon sur la répartition géographique du paludisme et de la drépanocytose.
Les recherches qui ont commencé en juin 2005, avaient pour but de comprendre la persistance de la cohabitation dans la répartition géographique du paludisme et de la drépanocytose ; alors que le Gabon enregistre une baisse de la mortalité générale et une meilleure prise en charge du paludisme.
Le résultat de ce travail a révélé une similitude dans la répartition géographique de ces deux maladies.
L’étude publiée dans le journal de l’Académie nationale des sciences des États-Unis d’Amérique [1] tend à démontrer que « le paludisme entretient l’existence de la drépanocytose et non le contraire », d’après le chercheur français Eric Elguero, interrogé par SciDev.Net.
Pour aboutir à ces conclusions, « les chercheurs ont procédé à des analyses sanguines sur 4 359 personnes saines issues de 220 villages choisis au hasard dans les 9 régions du Gabon ».
L’étude a non seulement déterminé le génotype de chaque participant, mais aussi mesuré l’infection de chacun au paludisme.
L’analyse statistique des données a abouti à la conclusion selon laquelle, la répartition géographique du paludisme et celle de la drépanocytose sont étroitement liées au Gabon.
Autrement dit, les deux maladies vont de pair dans les différentes régions de ce pays d’Afrique centrale.
Il convient de préciser que la drépanocytose est une maladie héréditaire qui sévit particulièrement au sein des populations d’origine africaine.
Elle est caractérisée par la mutation d’un gène (S) qui provoque une déformation de l’hémoglobine (contenue dans les globules rouges), au point ou cette protéine devient incapable de transporter normalement l’oxygène des poumons vers tous les organes du corps.
Les globules rouges, originellement en forme circulaire, adoptent alors une forme de croissant lunaire.
Ce qui les empêche de circuler normalement dans les vaisseaux sanguins ; cela peut provoquer des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et des accidents pulmonaires.
Pour Eric Elguero, « les mécanismes de protection du drépanocytaire contre le paludisme sont plus ou moins bien connus. D’abord, les individus porteurs de la mutation du gène (qui passe de A à S, NDLR) seraient plus tolérants aux substances toxiques émises par le plasmodium (germe responsable du paludisme). Ensuite, l’hémoglobine anormale produite par le gène muté (S) a tendance à se polymériser, c’est-à-dire à former des agrégats de molécules. C’est d’ailleurs ce qui provoque la déformation des globules rouges et par conséquent l’avènement de la drépanocytose (…) ».
D’après ce chercheur, le principal enseignement de cette étude, ce sont « les ravages provoqués par le paludisme à une échelle locale, malgré l’amélioration de la prise en charge. »
En termes de santé publique, relève-t-il, « ce sont les mêmes populations (les mêmes villages par exemple) où il faudra concentrer les efforts d’information et de lutte et de prévention contre le paludisme et la drépanocytose qui est moins connue des populations rurales que le paludisme ».
La drépanocytose, d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), prévaut à hauteur de 2 % « dans bon nombre de pays africains ou 10 à 40 % de la population est porteuse d’un gêne de drépanocytose ».
L’Afrique héberge d’ailleurs ainsi 85 % des 5 millions de malades dans le monde.
La communauté internationale fonde un grand espoir sur les recherches entreprises depuis l’an dernier, par l’Université de Californie à Los Angeles [2] ; il s’agit d’un programme de thérapie génique.
Son objectif, d’après le « Journal of clinical investigation », est de créer des cellules souches, capables de produire une hémoglobine normale, afin de combattre efficacement la drépanocytose.
source: http://www.scidev.net/afrique-sub-saharienne/maladie/actualites/quand-paludisme-nourrit-drepanocytose.html