Alors que Rosetta se prépare pour son plongeon final vers la comète Tchouri, programmé le 30 septembre, une sonde américaine baptisée Osiris-Rex – pour Origins-Spectral Interpretation-Resource Identification-Security-Regolith Explorer – est partie explorer un autre petit corps du système solaire, un astéroïde nommé Bennu. Son lancement s’est passé sans accroc dans la nuit de jeudi à vendredi depuis la station de l’US Air Force de Cap Canaveral, près du Centre spatial Kennedy en Floride, à bord d’une fusée Atlas V de la société américaine United Launch Alliance.
Regardez la vidéo de lancement de la sonde:
WATCH: OSIRIS-REx probe blasts off for space rock rendezvous in search of keys to life https://t.co/I36S52uHaj https://t.co/kjaDzIECnH
— ABC News (@ABC) September 8, 2016
Éclairer nos origines
Comme la sonde européenne Rosetta, sa mission est destinée à nous éclairer sur les origines du système solaire mais aussi sur celles de la vie sur Terre. Sa destination, en revanche, est beaucoup moins lointaine puisque Bennu, initialement connu sous le nom de code 1999 RQ36, est un objet relativement proche de la Terre, un « Near Earth Object », comme disent les Anglo-Saxons. Osiris-Rex devrait ainsi mettre seulement trois ans pour atteindre son objectif fin 2019, contre dix ans de voyage spatial pour Rosetta.
Même s’il a, bien entendu, été choisi en partie pour cette raison, ce géocroiseur d’environ 500 mètres de diamètre a surtout été retenu parce que les scientifiques estiment qu’il s’agit d’un corps très primitif, qui pourrait renfermer de nombreux indices sur l’origine du système solaire et de la vie. Son âge est en effet estimé à 4,5 milliards d’années. De plus, sa couleur extrêmement sombre suggère la présence de matière carbonée, la fameuse matière organique si chère aux exobiologistes.
Regardez la vidéo de présentation de la mission diffusée par la Nasa:
Risque d’impact
Par ailleurs, la trajectoire de Bennu est susceptible de rencontrer un jour celle de la Terre, ce qui pourrait aboutir à un impact, peut-être au cours du siècle prochain (consultez le tableau d’évaluation des risques régulièrement mis à jour par la Nasa). C’est pourquoi la mission Osiris-Rex prévoit également d’étudier comment la réémission de la chaleur du Soleil, emmagasinée de manière inégale par ce petit corps céleste, peut affecter les mouvements de celui-ci et donc sa trajectoire. Un phénomène qui découle de ce qu’on appelle l’effet Yarkovsky. De quoi nous aider à mieux prévoir les risques de collision avec ce type d’objet céleste.
Pour réaliser sa mission, la sonde cubique de 2 mètres de côté, alimentée par des panneaux solaires, sera bardée d’instruments scientifiques :
– trois caméras destinées à photographier mais aussi à cartographier Bennu, puis à étudier en détail le site qui sera choisi pour effectuer le prélèvement d’échantillon,
– un altimètre laser destiné à fournir des données très précises sur la topographie de l’astéroïde,
– trois spectromètres opérant dans des gammes de longueurs d’onde différentes et complémentaires : lumière visible, infrarouge et rayons X. Le tout afin d’analyser à distance la composition du sol de Bennu, l’objectif étant d’étudier globalement l’astéroïde mais surtout de sélectionner le site le plus intéressant en vue du prélèvement d’échantillons. L’équipe de la mission disposera d’environ six mois pour se déterminer.
Un échantillon de 60 grammes
Quant à l’opération, elle se fera grâce à un bras articulé d’un peu plus de 3 mètres de long, baptisé Tagsam – pour Touch-And-Go Sample Acquisition Mechanism –, doté à son extrémité d’un dispositif de prélèvement cylindrique perforé. La sonde devra alors s’approcher de la surface de Bennu, à la verticale. Une fois le contact avec le sol établi, quelques secondes suffiront. Via les perforations de son dispositif de prélèvement, Tagsam enverra une bouffée d’azote pour soulever les matériaux présents au sol, de manière à ce que de petits fragments viennent se déposer à l’intérieur de ses réceptacles.
Un échantillon de 60 grammes qui sera encapsulé dans la foulée afin d’être parfaitement préservé jusqu’à son arrivée sur Terre où les scientifiques tremblent déjà à l’idée de l’analyser. La provision d’azote permettra au maximum trois tentatives. Son prélèvement effectué, Osiris-Rex reprendra immédiatement le chemin de la Terre pour un voyage retour de trois ans au terme duquel, arrivé à proximité de la Terre, il éjectera la capsule contenant le précieux échantillon vers la Terre. Si elle y parvient, Osiris-Rex aura réussi une grande première. Réponse en 2023.
Source: Le Point