La start-up, déjà soutenue par Airbus, Qualcomm ou Coca-Cola, vient de lever 1,2 milliard de dollars, dont 1 milliard auprès du japonais Softbank. De quoi crédibiliser son projet de constellation de satellites destinées à offrir le haut débit au monde entier.
Greg Wyler peut avoir le sourire. Dix-huit mois après avoir levé 500 millions de dollars auprès d’Airbus Group, Qualcomm, Intelsat, Coca-Cola ou Virgin pour son projet de constellation de satellites destinés à connecter le monde entier au haut débit, le fondateur de OneWeb frappe à nouveau un grand coup. Wyler vient d’annoncer une levée de fonds d’1,2 milliard de dollars, dont un milliard apporté par le japonais Softbank, et 200 millions par les investisseurs actuels. La start-up spatiale, créée en 2012 par cet ancien de Google et de l’opérateur satellite O3B, est ainsi valorisée à 2,5 milliards de dollars, soit un quart de la valorisation de SpaceX (10 milliards).
Cette levée de fonds s’annonce comme un coup d’accélérateur majeur pour OneWeb. Le groupe travaille depuis 2012 sur un projet fou: une constellation de 720 satellites de 150kg en orbite basse (1.200km environ) destinée à offrir une connexion internet au haut débit à toutes les zones qui en sont dépourvues. OneWeb et Airbus ont déjà annoncé la construction d’une usine de satellites près de la base spatiale de Cap Canaveral, en Floride, avec 250 emplois directs à la clé et 85 millions de dollars d’investissement. L’idée est d’apprendre à construire des satellites à 500.000 dollars pièce sur une chaîne très automatisée, dans une industrie où les gros satellites de télécommunications se facturent plutôt 150 millions de dollars.
Lancement par Soyouz
Décidément habitué aux records, OneWeb avait signé en 2015 le plus gros contrat de l’histoire de l’européen Arianespace, en commandant 21 lancements de Soyouz en juin 2015, avec des options pour 5 lancements de Soyouz supplémentaires et trois tirs d’Ariane 6. Le premier tir était prévu début 2017. Depuis, le calendrier a glissé d’un an. « Début 2018, nous lancerons les 10 satellites initiaux qui, sous réserve d’une batterie de tests, seront les premiers de notre flotte, indique Greg Wyler sur le site du groupe. Six mois plus tard, nous commencerons notre campagne de lancements, et nous proposerons les premiers services de haut débit à faible latence dès 2019. »
Wyler sait qu’il n’a pas de temps à perdre. SpaceX, soutenu par Google qui y avait investi en janvier 2015 un milliard de dollars aux côtés du fonds Liberty, travaille sur un projet encore plus ambitieux: le groupe d’Elon Musk a déposé en novembre une demande d’autorisation auprès de la Commission fédérale des communications (FCC) américaine pour la mise en orbite d’une flotte de… 4.425 satellites. Un autre acteur du segment, LeoSat, vise quant à lui le marché des entreprises, avec un projet de constellation de 78 à 108 satellites développés par Thales Alenia Space.
Difficultés techniques
Avec 1,7 milliard d’euros levés, OneWeb apparaît bien placé dans cette course à l’internet spatial. Mais le chemin est encore long pour aboutir à une constellation opérationnelle. Les difficultés techniques sont nombreuses: les satellites survolent les zones couvertes à très haute vitesse, ce qui rend la continuité du service complexe à mettre en œuvre, avec des basculements incessants d’un satellite à l’autre. L’équation financière est tout aussi complexe. « Contrairement aux satellites en orbite géostationnaire (36.000 km), qui durent 15 ans, les satellites en orbite basse ont une espérance de vie de 5 ans, rappelait début 2016 un cadre dirigeant d’un opérateur satellite européen. Cela veut dire que pour garder 700 satellites opérationnels de façon permanente, il va falloir lancer des dizaines de satellites tous les ans, pour remplacer ceux qui deviennent inopérants. Qui va payer tout cela? D’où OneWeb va-t-il sortir cet argent? »
Peut-être des poches de son nouvel investisseur, le japonais Softbank. Le groupe fondé par Masayoshi Son a annoncé au président américain élu, Donald Trump, qu’il allait investir 50 milliards aux Etats-Unis. Le milliard investi dans OneWeb est le premier investissement du groupe nippon dans le cadre de ce grand plan. Peut-être pas le dernier.