Cette explication permet de comprendre pourquoi les saisons sur Terre sont si douces et si favorables à l’émergence de la vie.
ESPACE – La Lune est unique dans notre système solaire. A l’inverse des autres satellites connus, elle est plutôt grosse par rapport à sa planète mère et est faite des mêmes matériaux que la Terre, à peu de chose près.
C’est donc logiquement un des terrains de jeu préféré des astrophysiciens, afin de mieux comprendre son origine et son influence sur la Terre. Et justement, un nouveau modèle théorique a été mis au point par des chercheurs de l’université américaine de Davis et de l’institut Seti, spécialisé sur la recherche de vie extraterrestre.
Celui-ci permet de mieux comprendre pourquoi la Lune se situe où elle est aujourd’hui. Mieux: elle expliquerait pourquoi la Terre dispose de saisons douces, favorables à l’émergence de la vie. Pour commencer, il faut rappeler que le consensus scientifique actuel estime que la Lune a été créée il y a plus de 4 milliards d’années, suite à une effroyable collision entre la jeune Terre et une planète nouvellement née de la taille de Mars. A l’époque, c’est clairement la bérézina dans le système solaire.
Ce gigantesque carambolage a soulevé un énorme nuage de poussières et de débris, qui se sont mis en orbite de la Terre. Petit à petit, la gravité faisant son oeuvre, ces grains de matière se sont condensés, en cercle, puis se sont rassemblés pour donner naissance à la Lune.
Mais la Lune est ici très, très proche de la Terre, ce qui fait que notre planète bleue (plutôt rouge, pleine de cendre et d’éruptions volcaniques à l’époque) tourne très vite sur elle-même: un jour ne dure que cinq heures.
C’est au fil du temps que la Lune s’est éloigné de la Terre et que le jour a duré de plus en plus longtemps. Et ça, c’est grâce aux marées, provoquées par la Lune. Cela dissipe de l’énergie, qui est en réalité puisée dans la rotation de la Terre. Un phénomène qui continue encore aujourd’hui, mais très lentement.
Des incohérences et une solution
Sauf que cela ne colle pas vraiment. D’abord, la Lune ne tourne pas autour de la Terre sur le plan prévu par la théorie, mais est décalée de quelques degrés. Ensuite, à l’issue d’une telle collision, la Lune devrait être constituée à la fois de débris de la Terre et de la petite planète qui est venue s’y fracasser.
Dans leur étude publiée dans Nature, les chercheurs ont testé une nouvelle théorie. L’impact géant serait en fait encore plus puissant que prévu. Cela a trois conséquences. Premièrement, le choc fut tel que les compositions de la proto-planète et de la Terre ont été « mélangées », ce qui explique que les matériaux lunaires soient les mêmes que ceux que l’on trouve sur Terre. Deuxièmement, le choc a totalement décalé la Terre, qui tourne en étant très « penchée » autour du soleil.
Enfin, troisième différence: la Lune s’est créée encore plus proche de nous, forçant la Terre à tourner sur elle-même encore plus vite: un jour ne durait alors que deux heures. Et donc? Selon les calculs des chercheurs, voilà, en gros, ce qui est ensuite arrivé.
La Lune s’est éloigné petit à petit de la Terre comme prévu. Mais arrivée à une certaine distance, il y eut une sorte d’équilibre. La Lune ne s’éloignait plus, mais changeait doucement d’orbite et se désaxait de quelques degrés. Pendant ce temps, la Terre continue de tourner de moins en moins vite.
Un modèle pour prédire les planètes habitables ?
Mais il y a un moment où l’équilibre est rompu, un point de rupture où la Lune s’éloigne à nouveau. Et dans son sillage, le satellite géant va modifier en profondeur l’inclinaison de la Terre. Celle-ci redevient plus droite, mais pas complètement.
Cela va permettre à notre planète de connaître des saisons: la Terre étant penchée, une zone spécifique n’est pas éclairée par le Soleil de la même manière en fonction du déplacement de la planète autour de son astre. Ce changement d’angle implique à la fois un jour plus long et une lumière plus « frontale » pour certaines régions. Et donc, plus de chaleur. Mais des saisons pas trop rigoureuses, car l’angle d’inclinaison a été « corrigé » par la Lune.
Comme le note le site spécialisé Centauri Dreams, ce nouveau modèle ne sert pas uniquement à comprendre l’origine de la Lune. Il donne une origine supplémentaire à nos douces saisons. Et donc un indice de plus sur les conditions nécessaires à l’apparition de la vie sur les exoplanètes qui peuplent le reste de la galaxie.