Oodrive, spécialisé dans les services cloud, réalise la plus grosse levée de fonds de ce début d’année. Le groupe français mise sur une croissance externe, notamment en Allemagne, et espère doubler son chiffre d’affaires d’ici 2020.
C’est la deuxième levée de fonds de l’année. En annonçant hier avoir levé 65 millions d’euros, Oodrive entre dans la cour des grands. Fondé en 2000, bien avant la mode des start-up, la petite entreprise est devenue une ETI (entreprise de taille intermédiaire) qui réalise 37 millions d’euros de chiffre d’affaires, forte de 320 salariés avec des bureaux à Paris, Madrid, Bruxelles, Munich, Genève, Hong Kong et São Paulo au Brésil. Mais que fait donc Oodrive ? Elle vend du service en nuage, du » cloud services « . Concrètement ? C’est un peu l’équivalent de Dropbox, la petite icône sur l’écran dans laquelle on peut glisser n’importe quel fichier ou dossier pour être sûr de pouvoir y accéder aussi bien à son bureau que chez soi ou depuis son téléphone portable.
Oodrive, toutefois, ne s’adresse pas, plus, aux particuliers. Il cible désormais les entreprises et propose un service beaucoup plus vaste que la simple » mise en cloud » d’un dossier numérique. En particulier, il affirme assurer la synchronisation et le partage des fichiers sur plusieurs périphériques. Il s’est également spécialisé dans la gestion des données sensibles en mettant l’accent sur la confidentialité. » Nous avons développé un outil pour les conseils d’administration, explique Stanislas de Rémur, PDG fondateur, il permet de tenir une réunion sans papier. Tout est numérisé, les documents sont lisibles sur des PC portables, des tablettes voire des smartphones et on peut les signer numériquement de façon infalsifiable. »
Vers des acquisitions en Allemagne
Avec cette levée de fonds de 65 millions d’euros, Oodrive réalise la plus importante levée de ce début d’année 2017, derrière les trois plus grosses de 2016 : OVH (250 millions d’euros), Sigfox (150 millions d’euros), Devialet (100 millions d’euros) et Deezer (100 millions d’euros). Le premier tiers de cette somme servira à racheter les participations de Time for Growth et Keensight Capital, deux fonds anglo-saxons ; le deuxième tiers nourrira la croissance organique et le développement de nouveaux services et le reste permettra de réaliser des acquisitions. » Probablement pas en France, reconnaît Stanislas de Rémur, plutôt en Allemagne. C’est un pays qui a les mêmes attentes et les mêmes problématiques que la France. Nous avons des pistes dans ce pays. » Le groupe envisage de recruter 80 personnes en 2017.
L’apport en argent frais vient de trois fonds français : MI3, Tikehau Capital et NextStage. » C’est la première fois que nous ne sommes pas obligés d’aller chercher des fonds anglo-saxons, note Stanislas de Rémur, c’est une bonne nouvelle pour l’écosystème des start-up françaises. » Les fonds sont persuadés qu’il y aura bientôt une la consolidation du cloud en Europe et que Oodrive pourrait être l’un des consolidateurs. Il n’est pas question pour l’ETI française de lutter contre Amazon ou d’autres mastodontes du cloud, même pas contre OVH, le champion européen de l’hébergement. Ce sont même plutôt des partenaires à qui Oodrive loue des serveurs dans des fermes de données. » Nous sommes des partenaires, tout comme nous avons été des partenaires de Numergy ou de Cloudwatt « , rappelle Stanislas de Rémur. Pas d’objectif chiffré en 2017 mais les fondateurs tablent sur un doublement du chiffre d’affaires d’ici 2020. La partie n’est pourtant pas gagnée. Oodrive est en concurrence directe avec Box Inc, Dropbox, OneDrive ou GoogleDrive sans oublier Wimi, une jeune pousse française créée en 2010.