Le champion européen de l’hébergement de sites internet rachète une partie de l’activité cloud de l’américain VMware. L’opération pourrait faire de lui le leader du cloud privé. Le montant de la transaction n’a pas été révélé.
OVH avance tranquillement ses pions. Pas de grande annonce en fanfare, pas de rachat où le nombre de zeros tient lieu de business plan. Le champion français de l’hébergement de données vient de racheter VMware vCloud Air business, la division « infrastructure en tant que service » de VMware, filiale de EMC, racheté par Dell en 2015. Aux termes du rachat, OVH récupère les centres de données que VMware possédait aux Etats-Unis et en Europe, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne. OVH, déjà présent au Canada, compte ouvrir prochainement deux nouvelles fermes de données aux Etats-Unis. Le rachat des infrastructures logicielles de VMware lui permettra de proposer immédiatement des services adaptés aux entreprises américaines. Le montant de l’opération n’a pas été révélé.
Pas de Patriot Act
Laurent Allard, vice-président d’OVH, rappelle que l’entreprise française ne sera pas soumise au « Patriot Act » qui oblige les entreprises américaines à fournir aux autorités fédérales les données informatiques qu’elles pourraient détenir. « Il y a une totale séparation entre les activités américaines et les autres activités, a-t-il déclaré lors d’une conférence en ligne, le Patriot Act ne s’applique pas à nos clients européens. Avec cette acquisition, OVH, qui s’est fait connaître en hébergeant les câbles diplomatiques de Wikileaks et compte aujourd’hui plus d’un million de clients, « prend la tête du marché européen du cloud privé » a assuré Octave Klaba, PDG d’OVH, dans le communiqué diffusé par OVH.
Changement de dimension
De fait, OVH souhaite changer de dimension et passer du statut d’hébergeur de sites internet à acteur du cloud. La distinction entre les deux métiers n’est pas toujours bien connue du grand public. Schématiquement l’informatique en nuage consiste pour une entreprise ou un consommateur à ne plus être propriétaire de la puissance informatique dont il a besoin, mais à la louer à un tiers. Mutatis mutandis, c’est un peu comme si on louait une voiture au lieu d’en acheter une. Les vendeurs de cloud, ne se contentent pas de vendre de la puissance informatique, ils louent aussi des logiciels et des services. Pour filer la métaphore du transport, c’est un peu comme si un unique abonnement permettrait à un consommateur d’avoir indifféremment un vélo, une moto, une voiture, une place dans un TGV, un bateau ou un avion, voire un jet privé avec pilote et plan de vol. Dans le cas du cloud, le consommateur peut louer la puissance dont il a besoin au moment où il en a besoin. Depuis sa création en 1999, VMware s’est spécialisé dans l’élaboration de machines virtuelles, autrement dit de serveur sur lesquels on peut reproduire le comportement de la machine détenue par le client. Ce dernier peut ensuite accéder à sa « machine virtuelle » depuis n’importe quel point du monde. VMware propose toute la panoplie des services possibles, depuis la simple fourniture d’infrastructure, jusqu’à la location de logiciels en passant par la mise à disposition d’une plate-forme, autrement dit une machine virtuelle équipée d’un système d’exploitation et des outils de base. OVH en tant qu’hébergeur se contentait jusqu’ici de fournir un hébergement à ses clients. En achetant la couche « infrastructure » de VMware, il augmente significativement son offre de services dans le cloud. Il fournira désormais des serveurs et des machines virtuelles. La nouvelle n’est pas surprenante. OVH et VMware sont partenaires depuis des années : le second mettait déjà à disposition des clients d’OVH ses outils de logiciels en tant que service.