Le réseau social, propriété de Facebook, ouvre aux professionnels sa plateforme de partage d’images. Avec un atout-clé : ses 10 millions d’inscrits en France.
Pour attirer les petits entrepreneurs, Instagram sort l’offensive de charme. Dans l’ancien marché couvert du Carreau du Temple à Paris, sa filiale française organise le premier salon des » Instapreneurs » ce samedi 17 juin. Cinquante TPE sont réunies pour apprendre à mieux utiliser la plateforme de partage d’images. Parmi elles, Shantybiscuits, une start-up qui prépare des biscuits à messages sur mesure, ou Papermint, qui propose des papiers peints aux motifs originaux et réalise 70 % de son activité avec Instagram.
Speaker vedette, le fondateur du Slip français Guillaume Gibault (72 000 abonnés) explique que » la plateforme nous a permis de poser une image globale, montrer nos produits et nos valeurs : le savoir faire, le savoir-vivre avec nos photos d’amusement ou d’art de la table, et le savoir-fédérer autour de la communauté entrepreneuriale du Made in France « . Son entreprise achète peu de publicités traditionnelles, mais 4 salariés sur les 50 sont chargés des réseaux sociaux et plus de 2 000 euros sont consacrés chaque semaine à la pub sur Instagram.
« Paradis pour les marques »
Le réseau social chasse ouvertement cette cible d’entrepreneurs, aisément monétisable. L’initiative rappelle celle de Google qui tente de convertir les TPE-PME en usagers de ses services comme » adwords « . Déjà 8 millions d’entreprises disposent d’un compte Instagram, dont Disney ou Canon. » Elles peuvent avoir accès à des données sur le comportement de leur audience et promouvoir leurs publicités auprès d’un groupe d’internautes ciblé « , explique Jim Squires, directeur en charge du marketing produit chez Instagram. » Ce n’est pas simplement un Facebook de l’image. Ce réseau a su trouver son originalité, celui de réseau social des influenceurs. Sa publicité est réellement « native », discrète dans le fil d’un abonné, analyse Maria Mercanti-Guérin, spécialiste du marketing digital. Les influenceurs racontent une histoire, fédèrent une communauté. Ce réseau vous donne envie de voir de la pub, le paradis pour les marques. «
Avec 700 millions d’utilisateurs actifs, Instagram est devenu incontournable. Il touche une population dont 80 % vit hors des Etats-Unis et la majorité a moins de 35 ans. » Nous proposons la meilleure expérience visuelle et mobile. Nous sommes devenus la référence pour les passions, les voyages et le sport « , résume Jim Squires. Il bénéficie de la force de frappe immense de Facebook, sa maison mère capitalisée à plus de 445 milliards de dollars. Racheté en 2012 pour un milliard, Instagram contribue de plus en plus au chiffre d’affaires du groupe de 27,2 milliards de dollars l’an dernier. Selon les estimations d’eMarketer, les revenus issus d’Instagram représentaient 1 milliard en 2016, mais l’entreprise refuse de commenter.
Snap, un rival qui inspire
L’Hexagone est un pays stratégique pour elle, sa porte d’entrée sur le marché européen. Le réseau y compte environ 10,4 millions d’inscrits, selon eMarketer. » Les taux d’engagement sont importants et de nombreuses marques françaises fortes sont présentes « , avance Julie Pellet, responsable du développement d’Instagram, qui cite pêle-mêle Renault, L’Oréal et AXA. Avantage pour les marques, attirer des clients par l’image et faire donc fi de la barrière de la langue. Bien utile pour essaimer à l’international avec un minimum de contraintes.
Reste qu’Instagram doit prendre garde à Snapchat, qui a séduit plus efficacement une cible très jeune d’accros au smartphone mais stagne à 166 millions d’utilisateurs. Instagram s’inspire donc de son rival. Comme lui, il a lancé des » stories « , un format de collections de photos et vidéos agrémentées de textes et de liens qui s’effacent au bout de 24 heures. Le pari était qu’avec un format moins exigeant, les utilisateurs publieront plus souvent. Objectif atteint si l’on en croit les photos floues ou ratées apparues dans les fils. L’imitation agace Evan Spiegel, le patron de Snap dont la croissance a ralenti au premier trimestre 2017. Discrètement, sans faire la une des magazines ni enflammer les investisseurs, Instagram semble gagner la bataille.