Lors de la dernière session de l’ONU, où les médias ont été dominés par les manchettes sur les foyers de tension bien connus, un message fort mais peu remarqué est venu du chef d’une République d’Asie centrale, écrit Adrian Van der Meer.
Adriaan van der Meer est l’ancien chef de la délégation de la Commission européenne en Asie centrale.
Au cours de la semaine de l’ONU à New York en septembre, les médias ont été dominés par des articles sur la Corée du Nord, l’Iran, la Syrie, la migration et la lutte contre le terrorisme. Ce sont des problèmes fondamentaux qui méritent notre plus grande attention. Pourtant, un message fort mais peu signalé est venu du chef d’une République d’Asie centrale.
Soyons francs, ce n’est pas une région qui fait généralement la une des journaux. Parfois, un tremblement de terre est signalé ou une augmentation du trafic de drogue ou des nouvelles de combattants étrangers se joindre à des groupes terroristes. Beaucoup ont entendu parler de la mer d’Aral, une fois le quatrième plus grand lac du monde qui est probablement disparu pour toujours. Sa mort a provoqué des décennies de catastrophe environnementale. Et maintenant, une autre catastrophe environnementale se profile.
Dans un discours émouvant à New York, le leader d’un petit pays montagneux, la République kirghize a appelé à des mesures drastiques. Le président Almazbek Altambayev faisait référence aux nombreuses décharges de mines d’uranium en Asie centrale; un héritage de l’ex-Union soviétique qui menace la région entière. Il avait récemment visité le Mailuu-Suu classé 20ème parmi les 25 endroits les plus pollués sur terre.
Un certain nombre de grandes mines d’uranium sont situées à proximité de rivières et de sources d’eau. Il y a un risque croissant de glissements de terrain et de glissements de terrain qui, avec la détérioration de l’infrastructure, présentent des dangers importants. Un accident sur les sites miniers entraînerait la pollution des fleuves de la région par des déchets hautement toxiques et conduirait à une catastrophe écologique et humanitaire majeure, en particulier dans la vallée de Fergana, le grenier de la région. Une telle situation mettrait en danger la vie et la santé de millions de personnes, ainsi que le développement socio-économique de tous les États d’Asie centrale.
Dans le passé, l’Asie centrale, en particulier, la République kirghize, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan était une source importante d’uranium fournissant le matériel de base pour la première bombe nucléaire soviétique. Des matières radioactives contaminées ont été placées dans des décharges de déchets miniers et des sites de résidus. La plupart des mines ont été fermées en 1995, mais en raison de fonds insuffisants, très peu de mesures correctives ont été prises. (En revanche, le Kazakhstan est toujours le deuxième producteur d’uranium au monde, mais il a aussi les moyens de remédier aux mines obsolètes).
Depuis les années 1990, les pays ont soulevé cette question urgente à de nombreuses reprises dans le cadre de l’ONU ainsi que bilatéralement avec l’UE et d’autres. De nombreuses études ont été réalisées et des conférences coûteuses ont été organisées. Mais la communauté internationale a été réticente à intervenir. On craignait l’inconnu: l’ampleur du problème, les priorités et le coût final des travaux d’assainissement, ainsi que les discussions dogmatiques sur le principe des pollueurs.
Finalement, en 2013, une résolution de l’ONU a été adoptée demandant un soutien international pour surmonter les menaces. Cette résolution a conduit l’UE à prendre un certain nombre d’initiatives.
Aujourd’hui, près de cinq ans plus tard, sept points chauds prioritaires sont identifiés, les estimations des coûts des travaux d’assainissement sont en place et la BERD dirigera un fonds de donateurs. Le travail préparatoire est béni par l’AIEA et des experts indépendants.
Malgré ces efforts, des inquiétudes persistent parmi les dirigeants des pays pauvres d’Asie centrale. Qui les aidera financièrement à prévenir une autre catastrophe environnementale en Asie centrale? Et en passant, le financement les aidera à atteindre les objectifs de développement durable.
Au total, 85 millions d’euros sont nécessaires pour répondre aux besoins les plus urgents dans les sept points chauds. Cet objectif doit être atteint lors d’une conférence des donateurs à la fin de 2018. L’UE a déjà mis 16 millions d’euros à disposition mais d’autres devraient suivre pour combler le déficit de 70 millions d’euros.
A New York, Kairat Abdrakhmanov, ministre des Affaires étrangères du Kazakhstan, a attiré l’attention sur la proposition du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev de transférer chaque année un pour cent du budget de la défense au développement durable de chaque Etat. La suggestion, a-t-il dit, est pertinente à la lumière de la pénurie de ressources financières pour résoudre les problèmes environnementaux mondiaux comme en Asie centrale.
Cependant, il est peu probable que cette proposition soit suivie par d’autres pays. L’UE, le président Tusk, en tant que puissance douce devrait donc continuer à convaincre les autres donateurs de mettre les fonds à disposition. Le G7 est un bon forum à cette fin. Par le passé, il a également organisé le partage des charges financières pour surmonter l’héritage de Tchernobyl. L’Asie centrale ne peut pas se permettre une autre catastrophe environnementale comme la mer d’Aral.
La Source: http://bit.ly/2gg7KQw