Les fonds verts veulent conjuguer rentabilité et impact positif sur l’environnement. La tendance, porteuse, est devenue structurelle, et devrait continuer à susciter l’engouement.
Combiner la rentabilité financière avec la réduction des gaz à effet de serre permet de donner du sens à votre épargne.
La gestion collective offre des solutions au sein d’un portefeuille diversifié. Cette approche thématique a suscité un fort engouement lors de la crise sanitaire et une hausse sensible des encours, les valeurs vertes ayant bien résisté au cours des deux dernières années.
Tendance irréversible
L’origine de cette évolution en France est d’abord législative. L’article 173 de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 a soumis les investisseurs institutionnels à la transparence sur leurs placements en matière environnementale, sociale et de gouvernance (ESG). Les gérants ont donc accompagné les demandes de leurs clients institutionnels.
Puis la loi Pacte de mai 2019 a exigé la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux dans la stratégie des entreprises. Elle oblige les assureurs vie à proposer, dans les contrats multisupports et les plans d’épargne retraite (PER), une unité de compte ayant pour objet le financement de la transition énergétique, ou socialement responsable, ou consacrée à la finance solidaire. En 2023, ils devront proposer les trois.
La prise de conscience des menaces sur le climat et la biodiversité s’est accrue, complétant l’effet de la réglementation. Les critères extra-financiers, indiquant l’impact des investissements sur l’environnement, sont devenus pratiques courants, à côté de l’analyse purement financière des sociétés. La hausse du nombre de fonds obtenant un label vert (lire l’encadré) alimente cette dynamique, soutenue par la surperformance de ces supports.
La tendance de fond reste favorable à une gestion qui a du sens pour la planète, tout en offrant les plus-values de la Bourse à long terme. La Commission européenne a défini des indices bas carbone, créé un standard européen pour les actifs verts, incluant les obligations vertes, et engagé un plan vert (Green Deal).
430 fonds
Les 430 fonds verts recensés par l’observatoire Novethic représentent 253 milliards d’euros d’encours en Europe, en hausse de 94% en 2021. Dans cet univers, nous vous proposons une sélection de dix fonds «verts» pour un compte-titres, une assurance vie multisupport ou un PER. Certains sont aussi éligibles au PEA. Leurs performances positives sur le long terme sont un atout.
Une part significative des portefeuilles est investie en actions de sociétés cotées qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cette contribution peut prendre diverses formes : à travers une évolution de leur activité, de leur modèle économique ou de leur organisation logistique, qui permet de limiter leur dépense d’énergie et leur empreinte carbone.
Il existe aussi des fonds indiciels cotés, comme ceux de BNP Paribas, qui répliquent des indices boursiers «verts» alignés avec les objectifs de l’accord de Paris. Plus récents, certains supports misent sur l’économie des océans. L’investissement peut se faire aussi via des obligations «vertes» – fonds spécialisés ou trackers, comme Lyxor Green Bond.
Ces emprunts sont émis pour financer des projets qui permettront à un organisme d’État ou à une entreprise de réduire son volume de pollution ou sa facture énergétique. Mais leurs perspectives de rentabilité sont limitées.
Risque d’écoblanchiment
Le lancement de la taxonomie verte fera sans doute évoluer le marché, qui reste d’une taille modeste. La catégorie des fonds verts européens évolue en dessous de 2% des encours globaux et représente moins de la moitié des volumes d’encours des fonds durables distribués en France. Et elle couvre encore une multitude de stratégies environnementales .
La vigilance s’impose aussi avec le risque d’«écoblanchiment» (greenwashing). Il consiste à se dédouaner par rapport aux objectifs de l’accord de Paris de 2015, sans vraiment tenir la promesse dans l’exécution réelle du processus de gestion.
Des labels sont censés guider l’épargnant (lire l’encadré). Les fonds qui ont le label Greenfin ne peuvent pas investir par exemple dans les énergies fossiles. Ces labels sont un encouragement pour donner confiance aux épargnants qui veulent contribuer à la protection de la planète, sans renoncer à la performance financière de leur placement.
Les labels vont durcir leurs critères
Le label officiel du ministère de l’Économie pour l’investissement socialement responsable (ISR) est complété par un autre label pour la finance verte, dénommé Greenfin, du ministère de l’Écologie, en faveur de la transition énergétique.
Un fonds qui l’obtient investit dans des activités qui ont un impact environnemental mesurable dans la protection des ressources naturelles et la lutte contre le dérèglement climatique. Les labels luxembourgeois Luxflag Environnement et Luxflag Climate Finance répondent aussi à cet objectif.
Réexamen. Depuis un an, la réglementation européenne SFDR (sustainable finance disclosure regulation) a durci les contraintes pour favoriser la comparaison des supports ISR, qui incluent les fonds verts.
Depuis octobre, de nouvelles normes techniques remettent en cause la première auto-classification effectuée par les sociétés de gestion, entre l’article 8 (fonds durables les moins exigeants) et l’article 9 (fonds durables avec objectifs et impact). Les pratiques, notamment de reporting, ne sont pas encore conformes aux attentes des autorités européennes.
Le label d’État ISR réexamine aussi ses procédures de sélection et de contrôle afin d’éviter tout écoblanchiment («greenwashing») dans les portefeuilles. Les fonds devront donner plus de preuves de leurs performances environnementales, notamment sur les émissions de gaz à effet de serre des sociétés.