Pour la septième année consécutive, l’association Lebanon Mountain Trail organise ce mois une marche parcourant le Liban du nord au sud. Une façon de promouvoir un Liban qu’on connaît moins, et d’éveiller les consciences environnementales. Traverser à pied le Liban du nord au sud en un mois, c’est possible. Depuis 2009, l’association Lebanon Mountain Trail (LMTA) organise une marche, chaque année, pour les amateurs de randonnée. L’idée est de promouvoir le tourisme rural dans un pays qui peine à faire fructifier l’économie locale des villages, tout en se souciant de la préservation de l’environnement. Le coup d’envoi aura lieu demain à Andqit, au Akkar, en présence du ministre du Tourisme, Michel Pharaon. La marche se poursuivra jusqu’au 3 mai. Cette année, les randonneurs volontaires parcourront les 470 kilomètres qui séparent Andqit, au nord, de Marjeyoun, au sud, sur le thème du « patrimoine culturel » du Liban. Un projet ambitieux pour introduire aux plus courageux les richesses oubliées du pays. 75 villages, 170 marcheurs, 13 nationalités « Nous sommes une locomotive ; les passagers montent et descendent quand ils le souhaitent », explique Sami Mitri, l’un des membres de l’association LMT, pour expliquer le principe de la randonnée. Un noyau dur de dix personnes se prépare à effectuer le trajet entier du nord au sud. Pas moins de 170 amateurs de randonnée (de 13 nationalités différentes) vont les rejoindre tout au long du parcours, selon les disponibilités d’accueil dans les villages. « En moyenne, nous sommes une trentaine à marcher par jour. Certains resteront avec nous quelques jours, d’autres plusieurs semaines. Au total, 800 nuits – chez l’habitant – ont été réservées », indique Sami Mitri. Le circuit se divise en 27 sections. Il a été créé en 2007 par les premiers randonneurs de l’ONG. « Ils ont travaillé pendant deux ans avec des topographes pour dessiner chaque section et contourner les obstacles naturels », explique le marcheur. « Chacune des sections correspond à un trajet de 18 km en moyenne, ce qui représente environ 8 heures de marche », poursuit-il. Soutenue, entre autres, par USAid, l’association finance depuis quelques années plusieurs projets pour baliser ou redonner vie aux chemins de campagne reliant les 75 villages du parcours. Le tourisme rural, une pratique « peu répandue » « Nous avons mis en place quelque chose qui n’existait pas », affirme Sami Mitri, pour qui l’association fait figure de pont entre le randonneur et le villageois. La LMTA a financé ainsi la transformation de certains logements en maisons d’hôtes. « Moyennant des contrats de cinq ans signés avec des villageois volontaires, nous équipons les maisons avec ce qu’il manque, comme du chauffage ou des dortoirs. » L’association forme également des guides locaux, ce qui leur permet d’introduire leur propre environnement aux marcheurs. « Le concept de tourisme rural est encore très étranger aux Libanais. Notre but est de le développer car il permet de booster l’économie locale. » Effectivement, « 50 000 dollars » seront injectés dans les communautés locales tout au long du mois. « Le coût d’une journée de marche, qui inclut repas et hébergement, s’élève à 80 dollars par personne. Une partie de cet argent est directement distribuée aux villageois, ce qui représente une source de revenu supplémentaire. » Par ailleurs, l’ONG s’assure d’éveiller la conscience écologique chez les plus jeunes en intervenant dans les écoles qu’elle croise sur son chemin. Préservation du patrimoine culturel Cette année, quatre sites sont mis en valeur : « Il s’agit de l’église Mar Sarkis et Bakhos à Kobeyate, les inscriptions de l’empereur Hadrian à Tannourine, le temple romain de Afqa et le palais Chéhab à Hasbaya. Ils représentent des périodes différentes de l’histoire du Liban. » En choisissant le thème du patrimoine culturel, les membres de l’association comptent attirer l’attention du public et des politiques sur un secteur « en péril ». « Des générations entières sont passées par ce chemin avant nous. Elles ont laissé derrière elles un héritage culturel et archéologique dont nous devons être fiers. Notre devoir est de le préserver pour les générations à venir, car malheureusement, de nombreux sites se dégradent au point de disparaître peu à peu », indique la LMTA, qui précise : « En 2015-2016, une équipe d’experts en collaboration avec la Direction générale des antiquités va élaborer la liste complète de tous les sites en danger le long du sentier, dans le but d’attirer les mécènes pour nous aider à restaurer ces sites. » Laure VAN RUYMBEKE | L’Orient Le Jour