Les tortues de mer peuplent les océans depuis près de 60 millions d’années. À l’occasion de la journée mondiale qui leur est consacrée, les spécialistes reviennent sur la nécessité de les protéger. Au Liban, il est encore trop tôt pour admirer le ballet des tortues sur les plages de sable fin. C’est à partir de la fin du mois de mai que des milliers de tortues gagneront les côtes sablonneuses du pays pour venir pondre leurs œufs, sur la même plage où, 25 années plus tôt, elles ont vu le jour. Cachés dans le sable, les œufs resteront au chaud pendant une quarantaine de jours avant que les petites tortues s’en extirpent et regagnent la mer. Le chemin sera périlleux et beaucoup d’entre elles seront mangées par des prédateurs avant même de se laisser emporter par les flots. Des efforts insuffisants Pour Mohammad Machnouk, ministre de l’Environnement, la Journée mondiale de la tortue est « une occasion de comprendre leur vie, leur cycle et ce qui les amène chez nous ». Il reconnaît cependant la nécessité de protéger les plages où elles viennent pondre en réglementant les campings et les constructions. Le ministre insiste sur le besoin d’une plus grande surveillance des plages lors des périodes de ponte et d’éclosion. « Nous avons commencé à mettre en place des dispositifs de surveillance en collaboration avec les associations et la société civile », assure le ministre. Pour Manal Nader, directeur de l’Institut de l’environnement de l’université de Balamand, le Liban ne déploie pas assez de moyens pour l’étude du milieu marin. « Les questions environnementales ne sont pas une priorité pour le gouvernement, et encore moins quand cela concerne le milieu marin », assène le scientifique. « Nous ne connaissons même pas le nombre de tortues qui viennent chaque année pondre sur nos côtes. Il n’y a pas de stratégie nationale, alors que la problématique nécessite un travail sur le long terme avec des campagnes de sensibilisation et de surveillance des plages », poursuit-il. Un manque de données que souligne aussi Effat Idriss Chatila, présidente de l’association Operation Big Blue, active sur la plage de Ramlet el-Baïda à Beyrouth. « Je ne peux pas dire qu’il y a moins de tortues qu’avant, dit-elle. Mais je peux dire que nous observons beaucoup de tortues qui viennent pondre sur la plage de Ramlet el-Baïda. De moins en moins de tortues sont retrouvées mortes après avoir ingurgité des sacs en plastique. » Effat et son équipe disposent d’une infirmerie où sont soignées les tortues blessées. « Notre seule action pour les protéger au moment de l’éclosion est de les tourner vers la mer, ajoute-t-elle. Les tortues se dirigent vers la lumière que reflète la lune sur l’eau. Or avec les lumières artificielles des villes, elles sont déboussolées. » Une amélioration en demi-teinte La situation semble donc s’être améliorée pour les tortues au Liban. « Il y a eu une importante vague de sensibilisation dans les années 2000, souligne Manal Nader. Le public et les pêcheurs ont pris conscience qu’il fallait les protéger. » La loi libanaise interdit la pêche et la vente de tortues sur les marchés. En revanche, si la situation s’est améliorée pour les tortues elles-mêmes, « la protection de leurs habitats, elle, s’est détériorée », souligne Manal Nader. « Seules 20 % des plages sont sablonneuses au Liban, poursuit-il. L’état de ces plages s’est déjà beaucoup dégradé pendant la guerre. Le sable était volé. Cela a réduit considérablement la largeur des plages où les tortues viennent pondre. » De plus, la privatisation constante des plages contribue à priver les tortues des côtes où elles sont nées. « Elles ne peuvent plus revenir là où elles ont vu le jour pour pondre, s’alarme le scientifique. Il faut arrêter de construire sur les côtes sablonneuses sinon, à terme, les tortues ne pourront plus revenir au Liban. » « L’homme doit se souvenir d’une chose, conclut Effat Idriss Chatila. Les tortues étaient là bien avant nous. Ce sont leurs plages, pas les nôtres. » Sidonie HADOUX, L’Orient Le Jour  

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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LIBAN : Dr. Zaynab Moukalled Noureddine, Dr Naji Kodeih
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