A Lagos, véritable chaos urbain où grouillent quelque 20 millions d’âmes, les autorités ont décidé d’exploiter tous les petits espaces disponibles, des ronds-points embouteillés aux langues de terre sous les ponts, pour en faire des poumons de verdure. Le parc Ndubuisi Kanu, coincé entre d’imposants bâtiments administratifs et une grande artère du centre-ville, est l’un de ces micro-jardins. On y trouve une pelouse bien entretenue, une aire de jeu pour enfants, un terrain de basket, quelques sièges installés sous des parasols et deux buvettes. Monica Zunnyi-Abu fait partie des rares mamans à fréquenter ce parc avec ses enfants de huit et dix ans. Elle a même décidé d’y fêter l’anniversaire de son fils aîné, récemment. «On ne fait jamais de fêtes en plein air», et la plupart des anniversaires auxquels ses enfants sont conviés ont lieu dans de vastes salles de réception ou derrière les hauts murs de résidences privées, explique-t-elle. «Je voulais organiser quelque chose de différent pour les enfants», d’où l’idée -saugrenue pour la plupart des Nigérians de la bourgeoisie- d’investir cet espace public.

– Plus de 80 micro-parcs installés en 15 ans – Avec la croissance de la population de Lagos, ces dernières années, les projets immobiliers ont avalé petit à petit tous les parcs que comptait la capitale des affaires de la première puissance économique d’Afrique. Et durant la longue période de dictatures militaires qu’a connue le pays, la planification urbaine n’était pas une priorité, et donc la protection des espaces verts non plus. Depuis le retour à la démocratie en 1999, plus de 80 micro-parcs ont été installés, affirme fièrement Tunji Bello, le commissaire à l’Environnement de l’Etat de Lagos. Il se souvient encore avec nostalgie des week-ends passés, dans sa jeunesse, à l’Ikoyi Park, une oasis de verdure au cœur du quartier résidentiel bourgeois d’Ikoyi. Pour Michael Dosu Oyelude, un fonctionnaire à la retraite, l’Ikoyi Park était un véritable cadeau laissé par les colons britanniques aux Lagosiens après l’indépendance, en 1960. C’était «vraiment un très grand espace, (…) une sorte de havre de paix» où l’on se retrouvait pour pique-niquer ou pour célébrer des mariages, raconte-t-il. Ce parc était très fréquenté le week-end, dans les années 1960 et 1970, poursuit M. Oyelude. Et puis «le régime militaire s’est mis à le transformer en cité résidentielle».
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Aujourd’hui, l’Ikoyi Park est devenu Park View Estate, un grand complexe immobilier gardé par d’imposantes grilles et des agents de sécurité, où les maisons, alignées dans des rues au tracé géométrique, se louent plusieurs milliers de dollars par mois. Bello, dont le second mandat prend fin ces jours-ci, reconnaît qu’il est presque impossible de recréer un parc similaire à celui d’Ikoyi de nos jours, vu le prix de l’immobilier, en constante hausse, et la course à laquelle se livrent les promoteurs pour construire des tours résidentielles dans ce quartier prisé. Alors il a dû revoir ses ambitions et «penser petit», explique-t-il, en débusquant des petits espaces dans tous les quartiers de la ville. – Changer les habitudes de vie – Le rond-point de Falomo fait partie des 80 «parcs» créés ces dernières années. Ce cercle de verdure situé sous un pont au milieu d’un des carrefours les plus fréquentés n’inspire pas vraiment la détente ou l’évasion. Indirectement, l’apparition de ces micro-espaces verts pourrait peut-être aider à lutter contre un problème nouveau et croissant au Nigeria: l’obésité. Elle touche de plus en plus d’enfants et adolescents nigérians, selon une étude publiée en 2012 et co-réalisée par le département de pédiatrie de l’Université de Lagos et l’hôpital universitaire de la ville. Pour M. Bello, une des façons de lutter contre ce phénomène est d’aider les Lagosiens à changer leurs habitudes de vie. Dans cette mégalopole congestionnée du matin au soir, les habitants ont tendance à passer un temps interminable dans les transports et à ne plus avoir l’énergie nécessaire pour se dépenser une fois arrivés à destination… Grâce au petit parc Ndubuisi Kanu, Mme Zunnyi-Abu passe désormais plus de temps dehors et ses enfants aussi. Et par le biais du goûter d’anniversaire qu’elle a organisé, elle a peut-être contribué à changer le regard de quelques Lagosiens sur leur ville. «C’était vraiment très chouette», raconte-t-elle. «Les enfants ne voulaient plus partir, ils n’arrêtaient pas de jouer. Et les familles étaient ravies».   AFP

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


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