Le ministère de l’Énergie et de l’Eau a attribué un contrat de 1,4 million de dollars à une société libanaise pour l’installation d’un parc solaire à Zahrani. Après le fleuve de Beyrouth, l’État confirme sa volonté de développer l’électricité photovoltaïque au Liban. Sahar AL-ATTAR, « Le Commerce du Levant » Les installations pétrolières de Zahrani, propriété de l’État, vont se doter d’un parc solaire d’une capacité de production d’un mégawatt. L’appel d’offre, auquel ont participé neuf compagnies, a été remporté par la société Ecosys (membre du groupe ITG) spécialisée dans les solutions d’énergie renouvelable. Le projet comprend l’installation de panneaux photovoltaïques sur une surface totale de 10 000 mètres carrés pour un montant d’environ 1,4 million de dollars, financé par le budget du ministère de l’Énergie et de l’Eau. L’objectif, dans un premier temps, est d’alimenter les stations de pompage qui consomment beaucoup d’énergie, fournie en grande partie par des générateurs. À terme, la capacité de production devrait être portée à 3 MW. Cette capacité excédentaire pourra alors alimenter le réseau d’Électricité du Liban (EDL), comme le fera dès cet été le « Beirut River Solar Snake » (BRSS), actuellement en phase de test. Les 3 600 panneaux photovoltaïques installés sur le fleuve de Beyrouth ont également une capacité de production d’un mégawatt. Mais le BRSS appartient à EDL, contrairement aux installations de Zahrani qui auront besoin d’un cadre réglementaire pour pouvoir vendre de l’électricité à la compagnie nationale. Une filière compétitive En attendant, le projet de Zahrani permettra au ministère de l’Énergie et de l’eau, propriétaire des installations, de faire d’importantes économies. D’abord, sur la facture payée à EDL : « Si l’on considère le montant de l’investissement sur une période de 20 ans, qui est la durée de vie moyenne des panneaux, et en excluant le coût de financement, le prix de l’énergie solaire produite à Zahrani sera inférieur à 6 cents le kilowattheure », explique le président de Ecosys, Georges Geha. Par comparaison, le kilowattheure produit par EDL coûte environ 22 cents, mais il est vendu aux entités publiques à 9,3 cents. Toutefois, la principale source d’économie viendra de la substitution de cette électricité à celle des générateurs détenus par Zahrani, dont le coût de production est estimé à au moins 25 cents le kilowattheure. Ce coût très élevé de l’électricité produite par les générateurs en raison de la pénurie nationale de courant est l’un des trois facteurs de compétitivité de l’énergie photovoltaïque au Liban. S’y ajoutent des conditions climatiques idéales (avec 300 jours d’ensoleillement par an) et le coût de production élevé des centrales du pays. Ensuite et surtout, le modèle est devenu particulièrement rentable grâce à la baisse des prix des panneaux photovoltaïques à l’échelle mondiale, qui a permis de réduire le montant de l’investissement initial. « Ils sont passés de 5 à 6 dollars le kilowatt en 2011 à moins de 2 dollars aujourd’hui », explique le directeur du Centre de conservation de l’énergie, Pierre Khoury. Il relève aussi « l’expérience acquise par les entreprises libanaises ces dernières années qui leur permet de proposer des prix plus étudiés ». À capacité identique, le projet de Zahrani va ainsi coûter près de 500 000 dollars de moins que le BRSS, dont le contrat avait été attribué en 2013 pour un montant total de 3,1 millions de dollars, dont 1,2 million pour la structure en béton et le châssis d’acier. La baisse des prix devrait se répercuter sur la seconde phase du projet BRSS, dont l’appel d’offres est prévu dans trois mois. Le contrat portera sur l’installation d’une capacité additionnelle d’un mégawatt sur le fleuve, l’idée étant à terme de porter la capacité à 10 MW.

  Explosion du marché Au total, le Liban s’est fixé comme objectif d’avoir une capacité de production solaire d’au moins 200 MW en 2020. Et pour cela, il compte aussi sur le secteur privé. Pour encourager ce dernier à se convertir aux énergies renouvelables, la Banque centrale a mis en place un mécanisme de financement unique dans la région. Le programme Neerea (National Energy Efficiency and Renewable Energy Action) permet aux entreprises et aux particuliers de bénéficier de prêts subventionnés, à un taux d’environ 0,6 %, pour financer des projets verts (photovoltaïque, chauffe-eau solaire, efficience énergétique, ampoule basse consommation, biomasse, etc.). Entre juin 2011 et mai 2015, 7,7 millions de dollars de prêts ont été alloués à des projets photovoltaïques. Et depuis l’an dernier, la demande explose. « Le BRSS a donné un vrai coup d’accélérateur, se félicite Pierre Khoury. Aujourd’hui, on traite entre deux et trois demandes de prêts par semaine. Au total, on s’attend à accorder entre 15 millions et 60 millions de dollars de prêts cette année pour le photovoltaïque, ce qui représentera une capacité additionnelle de 10 à 30 MW. » Quelque trois à quatre millions de dollars de projets auraient également été menés en 2014 sans l’aide du programme Neerea. À en croire Pierre Khoury, le solaire a de beaux jours devant lui. « La taille du marché devrait atteindre 80 à 100 millions de dollars par an d’ici à cinq ans. » Une bonne nouvelle pour l’économie, mais aussi pour l’environnement. « Chaque kilowattheure produit à partir de l’énergie solaire permet d’économiser 0,833 kilogramme de CO2 par rapport à l’électricité produite à partir du fioul », rappelle-t-il. Autant de facteurs qui plaident pour le développement de l’énergie solaire, mais celui-ci se heurte tout de même à une limite de taille au Liban : le besoin d’espace dans un petit pays où le prix du foncier peut vite s’avérer dissuasif.

Publisher: Lebanese Company for Information & Studies
Editeur : Société Libanaise d'Information et d’Etudes
Rédacteur en chef : Hassan Moukalled


Consultants :
LIBAN : Dr. Zaynab Moukalled Noureddine, Dr Naji Kodeih
SYRIE : Joseph el Helou, Asaad el kheir, Mazen el Makdesi
EGYPTE : Ahmad Al Droubi
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