Victoria KOUSSA| L’Orient Le Jour | Jusqu’au 19 juillet, des fleuristes proposent aux passants des souks beyrouthins, en l’honneur du ramadan qui touche à sa fin, de découvrir leurs produits artisanaux. Ils reconstituent, l’espace d’une semaine, l’ancien marché fleuri d’avant-guerre. Dans les allées des souks de Beyrouth, l’atmosphère est lourde à cause de la chaleur d’un après-midi estival plutôt banal. C’est près de la fontaine Antabli, au souk Ayass, dans le centre-ville de Beyrouth, qu’un marché aux fleurs s’installe pendant une semaine pour rafraîchir les lieux, du 14 au 19 juillet. Une occasion supplémentaire pour ne pas arriver les mains vides chez ses hôtes pour le dernier iftar, ou simplement pour faire plaisir à l’être aimé. Les fleuristes y exposent, de midi à 22 heures, leurs plus beaux bouquets. Ils veulent donner une image globale de ce qu’ils proposent à leur clientèle dans leur boutique. « Nous voulons susciter la curiosité des passants qui découvrent nos fleurs sur ce marché. En leur présentant nos pots artisanaux, nos plantes, nos fleurs, nos bonzaïs, nous les invitons à venir dans notre boutique permanente pour se faire plaisir et, pourquoi pas, passer quelques commandes pour leurs proches », explique Lucie, une fleuriste, les mains prises par une confection de bouquet. En effet, les artisans préparent leurs stands et tentent de mettre en avant leurs plus belles confections, pour le plaisir des clients du souk. Quelques passants ouvrent le bal et se prêtent au jeu des senteurs. « On ne voit pas ce genre de chose dans les malls. Les fleurs et la vue de toutes ces couleurs nous rafraîchissent ! Cela me donne envie de me mettre au vert », explique Tony, 22 ans, venu commander à un exposant un gros bouquet pour sa petite copine. L’allée n’est pas encore bondée, même si les commerçants sont sur le pied de guerre, prêts à recevoir les commandes – et les compliments – des clients. « Il n’y a pas foule ! Mais le marché est ouvert depuis seulement deux heures et il fait encore très chaud », explique Nathalie el-Mir, l’organisatrice de l’événement, qui attend plus de monde en fin de journée. « Les passants peuvent composer leur propre bouquet et déguster, le soir, des rafraîchissements proposés par Antabli, la célèbre enseigne de jus de fruits et de pâtisseries », ajoute-t-elle. Le nom de l’événement, « Celebrating Eid el-Fitr in Blooming Colors » (Célébrer la fête du Fitr en couleurs florissantes), montre la volonté de placer les fleurs au centre de l’engouement procuré par cette fête musulmane. Après l’édition de la fête des Mères, en mars dernier, particulièrement réussie selon Nathalie, celle qui met à l’honneur les derniers jours du ramadan s’annonce sous les meilleurs auspices. « Tous les soirs, des accordéonistes et un groupe de jazz vont venir jouer près des stands et les passants pourront les écouter en profitant du lieu particulièrement agréable, près de la fontaine », assure l’organisatrice. Et le lieu de cette « fête aux Fleurs » n’a pas été choisi par hasard. « Avant la guerre civile et la construction des infrastructures modernes du souk, il y avait un marché aux fleurs permanent et très populaire, ici, au cœur de Beyrouth, au souk al-Yasmeen (jasmins). Nous avons voulu le reconstituer, tel un clin d’œil à l’histoire, et les retours des badauds sont plus que positifs », ajoute-t-elle. Un endroit symbolique où le marché aux fleurs vient écrire une nouvelle histoire.