À la Conférence de Bonn sur les changements climatiques (31 août au 4 septembre), quatre pays ont présenté leurs plans nationaux d’action climatique. Chacun des quatre plans exposés à Bonn était passablement différent, reflétant les circonstances nationales qui varient. Les Parties de la CCNUCC soumettent cette année des plans connus à titre de «contributions prévues déterminées au niveau national» (INDC) en vue de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Paris en décembre. Les contributions reçues d’ici octobre seront inclues dans un rapport de synthèse par le secrétariat de la CCNUCC avec leur effet combiné, pour publication le 1er novembre. Voici un court aperçu des quatre plans d’action différents présentés à Bonn: République démocratique du Congo – combattre le déboisement La République démocratique du Congo (RDC) a présenté son INDC, qui est une réduction de 17% des gaz à effet de serre en-deça du statu quo d’ici 2030. Environ 70% de la population du pays vit sous le seuil de la pauvreté. Pour cette raison, son INDC est «fermement enraciné dans le contexte du développement durable et de la réduction de la pauvreté», a dit Tosi Mpanu Mpanu, représentant de la RDC. 90% des émissions de la RDC proviennent de l’agriculture et de la foresterie. La principale source des émissions est la culture sur brûlis. Le gouvernement travaille à persuader la population d’utiliser des techniques d’agriculture plus respectueuses du climat et il combat l’exploitation illégale du bois. Alors que le déboisement est central au sein de l’INDC du pays, la RDC «pourrait être une puissance de l’énergie renouvelable», a dit Tosi Mpanu Mpanu, étant donné le potentiel énorme de l’hydroélectricité, et même contribuer à la décarbonisation des réseaux électriques de pays voisins tels que l’Afrique du Sud. Toutefois, seulement 5% de la population de la RDC a accès à l’électricité, et la plupart dépend du feu de bois pour cuisiner. Au sein de son INDC, la RDC cherche un soutien pour obtenir des cuisinières plus efficaces et un soutien pour une série de mesures de réduction des émissions provenant de l’aménagement du territoire, en plus d’un soutien pour une série de mesures d’adaptation aux impacts du changement climatique. Îles Marshall – un chef de file des renouvelables Les îles Marshall ont l’intention de réduire leurs émissions de GES jusqu’à 45% sous le niveau de 2010 d’ici 2030. Dans sa présentation, l’État insulaire en développement a dit avoir appris du choc pétrolier de 2008, lors duquel les îles Marshall ont été forcées de déclarer l’état d’urgence économique parce qu’environ 90% de leur besoins énergétiques étaient couverts par les produits pétroliers importés. Le choc des prix du carburant a été un incitatif majeur pour que le pays insulaire réduise sa dépendance envers le diesel et les autres combustibles fossiles, et accroîsse son utilisation d’énergie renouvelable. Comme le représentant du pays Lowell Alik a dit, «notre INDC est la prochaine étape sur la route de notre affranchissement des combustibles fossiles». Depuis 2009, les îles Marshall ont mis en place des politiques d’augmentation de l’efficacité énergétique, d’amélioration du réseau électrique national et de croissance des formes renouvelables d’énergie. Presque tout l’éclairage des îles fonctionne à l’énergie solaire, et d’autres mesures planifiées incluent l’énergie éolienne à petite échelle, un accroissement de la production d’huile de coco à titre de carburant pour l’électricité et le transport, ainsi que le lancement de véhicules et bateaux électriques. L’INDC des îles Marshall comprend aussi des renseignements approfondis à propos de la réduction des risques de désastre. M.Alik a averti que si les îles Marshall «ont le potentiel de surperformer» dans la réduction des émissions, leur plan pourrait être perturbé par les impacts du changement climatique. Nouvelle-Zélande – réduire les émissions de l’industrie agricole À Bonn, Jo Tyndall, ambassadrice de la Nouvelle-Zélande, a dit que son pays s’était engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30% sous le niveau de 2005 d’ici 2030. Pour ce faire, le pays aurait principalement à faire des changements dans l’industrie agricole, qui compte pour 48% des émissions, ainsi que profiter d’opportunités en aménagement du territoire et en foresterie. Environ 80% de l’électricité du pays provient de sources renouvelables, et la Nouvelle-Zélande a l’intention d’accroître cet objectif à 90%. Pour atteindre l’objectif d’ensemble de réduction des émissions, la Nouvelle-Zélande cherchera à utiliser les marchés internationaux du carbone, «pour nous permettre d’accroître notre ambition au-delà de ce que nous pourrions faire sans les marchés», a dit Jo Tyndall. La Nouvelle-Zélande est dotée d’un système national d’échange des émissions (ETS) couvrant tous les secteurs, et partiellement l’agriculture. Le pays commence à examiner son ETS plus tard cette année. L’ambassadrice Tyndall a aussi fait état de la recherche afin de réduire les émissions de méthane par les bovins et des incitatifs afin de promouvoir une meilleure gestion du territoire. Australie – la poursuite d’une politique d’«action directe» L’Australie a mis de l’avant un objectif de réduction des émissions de 26 à 28% sous le niveau de 2005 d’ici 2030. Il s’agit d’un «objectif ambitieux», surtout étant donné les «coûts de lutte comparativement élevés», a dit Peter Woolcott, l’ambassadeur australien au changement climatique. Parmi les caractéristiques qui distinguent l’Australie des autres pays développés, il y a le niveau de dépendance envers les combustibles fossiles pour la génération d’électricité. Le pays brûle du charbon, du gaz et du pétrole pour générer 87% de son électricité, comparativement à environ 60% dans les autres pays développés. L’Australie vise à multiplier par quatre la génération d’électricité à partir des renouvelables, soit à 23%, d’ici 2020. L’Australie poursuit une politique d’«action directe» en soutenant les entreprises en contribuant à un fonds de réduction des émissions. Toutefois, le pays a «laissé les marchés sur la table à titre d’option», principalement à la demande des entreprises australiennes. C’est une forme de «police d’assurance», a dit l’ambassadeur Woolcott.