Cette dernière session de négociation avant la COP21 vise à produire un projet d’accord suscitant la plus large adhésion possible, tout en soulignant clairement les options restant à arbitrer pendant la conférence de Paris, où un accord mondial pour lutter contre le réchauffement inédit de la planète est espéré. En effet, les délégués des 196 parties se réunissent jusqu’au 23 Octobre à Bonn, en Allemagne, siège de la convention de l’ONU sur les changements climatiques, pour produire un projet d’accord à partir d’un texte d’une vingtaine de pages. La réunion en plénière lundi a révélé les nombreuses critiques émises par les pays en voie de développement à l’encontre du texte préparé par les co-présidents de l’ADP (plate-forme de Durban pour une action renforcée), Ahmed Djoghlaf (Algérie) et Daniel Reifsnyder (États-Unis). Ainsi, cette journée a été consacrée à l’amendement du texte, passé dans la nuit de 20 à 34 pages. Les revendications des pays en développement concernent notamment les financements promis par les pays développés en leur faveur pour les aider à faire face aux changements climatiques et la question de l’indemnisation des dommages générés par le réchauffement planétaire. Ces pays ont dénoncé les insuffisances du nouveau texte devant servir de base aux discussions tout en réaffirmant leur confiance dans le processus. Le porte-parole d’un des sous-groupes du G77, qui comprend 134 pays, Gurdial Singh Nijar, a indiqué que le texte est déséquilibré et « ignore complètement les propositions du groupe G77 sur les financements ». D’autres ont déploré que le texte « soit allé trop loin dans l’élimination des options », et qu’il n’ait pas réussi à saisir les contributions apportées par les parties lors des sessions précédentes. Certains ont même souligné que le raccourcissement important du texte a été un « pari » risquant de ramener les parties à leur point de départ, avec la compilation du texte de négociation présenté à Genève en février 2015. Points clés de la négociation -Limiter la hausse du réchauffement de la planète à 2°C au niveau mondial est un objectif partagé par tous, mais des pays comme les États insulaires défendent l’objectif de 1,5°C – ces deux chiffres sont mentionnés dans les documents de travail. La formulation de cet objectif peut être précise (une date butoir pour le pic des émissions de gaz à effet de serre) ou plus floue (« transformation globale bas carbone » ou « neutralité carbone »). Le principe d’un bilan global des actions mises en place est discuté, mais la date fait débat. Certains veulent un état des lieux avant 2020, date d’entrée en vigueur du futur accord. -La révision à la hausse des engagements Pour combler l’écart entre 2 et 3°C, de nombreux pays voudraient que de nouveaux engagements, plus ambitieux, soient publiés tous les 5 ans. -Les pays en voie de développement demandent que les financements de projets climat viennent s’ajouter et non se substituer au budget de l’aide au développement. Ils veulent aussi un rééquilibrage entre l’adaptation aux changements climatiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui capte pour le moment l’essentiel des financements. Enfin, ces pays souhaitent qu’une hausse des financements soit garantie après 2020. Programme d’Actions Lima-Paris D’autre part, les quatre partenaires du Programme d’Actions Lima-Paris, le Pérou, la France, l’équipe de soutien du Secrétaire général pour le changement climatique et le secrétariat de la CCNUCC, ont présenté leurs plans pour amplifier l’action climatique déjà en cours aux délégués à la conférence de Bonn. Laurence Tubiana, Envoyée Spéciale pour la conférence climat de Paris 2015, a expliqué que l’objectif du Programme d’Actions Lima-Paris est de montrer que la transformation mondiale vers une économie sobre en carbone s’opère, et qu’elle peut être accélérée après Paris. Elle a également confirmé que les acteurs étatiques et non-étatiques répondent à l’appel pour une COP orientée vers l’action. Enfin, les initiatives coopératives d’action pour le climat rassemblent de nouveaux membres et fixent des objectifs élevés. Les partenaires du Plan d’actions ont étudié et évalué plus de 100 initiatives.