Misant sur ses volcans et ses rivières, le Costa Rica a produit son électricité sans brûler un seul litre de combustible pendant les 75 premiers jours de 2015. Son prochain combat : la pollution automobile. « Le Costa Rica a (…) le soleil qui brille, le vent, les ressources hydrauliques… C’est tout cela, combiné à la géothermie et la biomasse, qui nous permet d’avoir une capacité de production énergétique aussi renouvelable », explique à l’AFP Javier Orozco, chef de la planification au sein de l’Institut costaricien d’électricité (ICE). Le pays centraméricain, dont la production électrique entre janvier et mi-novembre a reposé à 98,2% sur des sources vertes, ne compte pas s’arrêter là. « L’objectif est de générer 100% d’énergie (électrique) renouvelable », assure Carlos Obregon, président exécutif de l’ICE. « Mais pour cela, nous avons besoin de niveler la production d’énergie renouvelable, parce qu’elle varie selon les périodes de l’année et selon les années », souligne-t-il, dans ce pays où le régime de pluies, par exemple, reste imprévisible. En décembre dernier, l’organisation de défense de l’environnement WWF avait salué les avancées du Costa Rica, désignant ce pays comme numéro un en Amérique latine en termes d’énergies propres et prédisant que son électricité pourrait être 100% verte en 2021. Mais dans les villes, ce modèle souffre du fait que les rues sont congestionnées, saturées de vieilles voitures et d’autobus recrachant de la fumée. De quoi anéantir les efforts dans les énergies vertes. Selon le ministère de l’Environnement et de l’Energie, le secteur des transports est responsable au Costa Rica de 66% de la consommation d’hydrocarbures et de 54% des émissions de CO2, l’un des principaux coupables du changement climatique. Entre 2011 et 2015, les émissions du Costa Rica ont atteint 1,7 tonne de CO2 par habitant, dans la moyenne des autres pays ayant un niveau comparable de développement, comme la Colombie (1,6) ou l’Uruguay (2,3), selon la Banque mondiale. Le Costa Rica compte près de 5 millions d’habitants et un parc d’1,4 million de véhicules. Une flotte vieillissante, selon l’entreprise Riteve, chargée du contrôle technique, avec des véhicules ayant en moyenne 16 ans, donc émettant plus de gaz à particules. Pour contrer ce fléau et rénover la flotte avec des voitures propres, la députée Marcela Guerrero, du parti Action citoyenne (au pouvoir), a présenté en octobre un projet de loi prévoyant d’exempter de taxes pendant cinq ans l’importation et la vente de véhicules électriques. « Nous voulons que l’usager change ses habitudes de consommation pour réduire les émissions » responsables du changement climatique, a-t-elle justifié. La mesure se veut transitoire en attendant l’entrée en fonctions du train électrique urbain, qui a pour objectif ambitieux de révolutionner le transport quotidien dans la capitale San José, généralement obstruée par les bouchons. Ce projet de train urbain propre, dont le financement fait encore l’objet de discordes au sein du Parlement, devrait être voté d’ici avril, selon Mme Guerrero. Le train pourrait rouler dans un délai de cinq ans. Reste à savoir si le Costa Rica parviendra à fournir toute l’énergie propre nécessaire pour alimenter voitures et train électrique. Pour Carlos Obregon, l’ICE pourra satisfaire cette demande croissante en investissant notamment dans l’éolien et le solaire, actuellement peu utilisés dans le modèle costaricien. L’institut « se prépare à un avenir où les consommateurs génèreront eux-mêmes de l’énergie », selon Javier Orozco, par exemple en installant des panneaux solaires sur leurs maisons ou leurs bureaux. Près de la plage de Caldera, sur la côte Pacifique, le glacier Mamiche l’a bien compris : ses congélateurs, ses ventilateurs et son éclairage fonctionnent grâce aux rayons du soleil. « Nous voulions en finir avec le bruit et la pollution, c’est pour ça que nous avons pensé à installer des panneaux solaires, car ici il y a suffisamment de soleil », confie son propriétaire, Luis Diego Vasquez. Ce système lui permet au passage de faire des économies, souligne-t-il, rappelant qu’auparavant, il utilisait un générateur consommant 30 à 40 dollars de combustible par jour. AFP